Vous avez pu le voir sur d'autres sites d'actualités et dans vos journaux favoris : Wikipédia serait en train de protéger plusieurs centaines de pages, dans le but de lutter contre le vandalisme. Ce n'est pas tout à fait vrai. En voici la démonstration.


Wikipédia et le vandalisme : une longue histoire Wikipedia logo multi langue
Depuis ses débuts, on sait qu'un des problèmes auxquels Wikipédia aura toujours à se confronter, c'est le vandalisme.

En effet, Wikipédia est basé comme son nom l'indique sur un système de wiki : les utilisateurs ayant des droits suffisants peuvent modifier à la volée le contenu de la page. Un historique des différentes versions est souvent conservé pour voir qui a fait quoi. Mais sur Wikipédia, il n'est pas nécéssaire d'obtenir des droits en écriture ! Chaque utilisateur, même non enregistré, peut modifier l'ensemble des pages. C'est ainsi qu'en avait décidé son créateur, Jimmy Wales, au début du projet.

Alors, forcément, le site devenant de plus en plus populaire, les vandalismes se font de plus en plus nombreux : blanchiment de la page, suppression ou modification d'un ou plusieurs paragraphes, ajout de quelques mots le plus souvent obscènes, modification qui n'ont rien à voir avec l'article, ajout de fausses informations, et j'en passe.

N'importe quel utilisateur, là encore, enregistré ou non, peut très facilement revenir à l'ancienne version de la page, et ainsi effacer toute trace de vandalisme (excepté dans l'historique de la page). Un groupe d'utilisateurs dédiés à cette tâche s'est également constitué, c'est ce que l'on appelle la "patrouille RC" (pour Recent Changes, modifications récentes). A l'aide du Crypto Derk Vandal Fighter, un programme écrit par un contributeur de la Wikipédia anglophone, la patrouille RC dispose en temps réel des derniers changements effectués sur Wikipédia. N'importe quel utilisateur peut s'inscrire à la patrouille RC et télécharger ce logiciel, cela n'engage absolument à rien ! Il n'est pas non plus nécéssaire de faire partie de la patrouille RC pour effacer les traces d'un vandalisme.
Musique pirate
La patrouille RC dispose ainsi d'informations sur les changements, comme le nombre de caractères ajoutés ou enlevés, le nom de l'article en question, le nom du contributeur ou son adresse IP s'il n'était pas enregistré (la plupart des vandales ne s'enregistrent pas sur Wikipédia !), et enfin le résumé que le contributeur donne de sa modification.

Après avoir filtré les contributeurs "sûrs" (ce qui vient avec l'habitude, Wikipédia ne comptant qu'une centaine de contributeurs actifs ( 173 ce mois-ci ), c'est à dire faisant plus de 100 modifications par mois), on peut ensuite facilement vérifier si la modification est un vandalisme ou non, en comparant la page avant et après, ce qui se fait de manière automatique. La plupart des vandalismes sont détectés et effacés en quelques dizaines de secondes grand maximum, et l'utilisateur vandale en question reçoit un petit message lui rappelant que ce n'est pas parce qu'il peut modifier ce qu'il veut que personne ne voit ce qu'il fait !

Mais il arrive parfois qu'une page subisse de trop nombreux vandalismes : une personnalité de l'actualité du moment, un conflit d'édition entre deux contributeurs, l'un n'étant pas d'accord avec l'autre, des tas de raisons existent. Si un seul contributeur fait du vandalisme sur une page précise, il est très facilement possible pour un administrateur de bloquer cet utilisateur indélicat, il existe actuellement 102 administrateurs pour la Wikipédia francophone. Mais lorsque cela devient trop compliqué, les administrateurs peuvent alors décider de semi-protéger ou de protéger une page. Les deux mesures sont simples, la première empêche l'édition de la page en question par un utilisateur non-enregistré ou enregistré depuis moins de 4 jours, tandis que la seconde empêche l'édition de la page à tout contributeur, sauf aux administrateurs. La possibiliter de protéger une page a été instaurée en 2002, tandis que la semi-protection date elle du début de cette année.

Il faut bien noter que toutes ces mesures de limitation d'édition sont toujours une conséquence du vandalisme, jamais une page ne sera protégée parce qu'elle pourrait être vandalisée, ou un utilisateur bloqué parce qu'il pourrait vandaliser une page. De même, ces mesures sont temporaires : un utilisateur est le plus souvent bloqué pour quelques heures, à moins d'être un récidiviste, les pages quant à elles sont protégées ou semi-protégées pour quelques jours seulement.


Mais alors pourquoi toute cette agitation '
Tout est parti d'un article du fameux journal The New-York Times. L'article en question traitait simplement du vandalisme sur Wikipédia et expliquait que les pages trop souvent vandalisées pouvait être protégées ou semi-protégées, pour quelques jours précisait-il bien.

L'information fût ensuite relayée par le principe du téléphone arabe, pour enfin arriver à en être quelque peu dénaturée. Ceci étant, l'erreur est humaine donc ne jetons pas la pierre sur nos confrères et considérons l'affaire comme close.

Les pages protégées ou semi-protégées mentionnées pour exemple sont celles de la version anglophone de Wikipédia. La plupart des pages ont aujourd'hui été déprotégées ; c'est par exemple le cas des articles "Albert Einstein", "Christina Aguilera", "Adolf Hitler", "George W. Bush", etc. Vous pouvez consulter par vous-même l'évolution des pages semi-protégées et protégées des versions francophone et anglophone. De même, voici la liste pour la wikipédia francophone des pages protégées et semi-protégées.

Au moins, cette histoire aura eu le mérite de faire parler de Wikipédia, pas forcément en de bons termes pour certains articles de presse, mais les erreurs font partie du métier ! Et puis un peu de publicité ne fera jamais de mal à un site internet, même à un site déjà bien connu tel que Wikipédia.