Avec l'arrivée de YouTube sur Internet, l'Industrie du disque a dû s'adapter à un nouveau marché : celui de la diffusion en ligne et des licences négociées au cas par cas. Si le système de rémunération des artistes, dont les contenus diffusés sur YouTube, fait encore et toujours débat, c'est un autre phénomène qui inquiète désormais l'IFPI, la fédération internationale de l'industrie phonographique.

Après avoir livré bataille contre le piratage P2P, l'organisme s'inquiète de voir se développer le streaming illégal, mais également de voir dériver le streaming légal. Est ainsi pointé du doigt le stream ripping, soit la possibilité pour les internautes de récupérer les contenus de YouTube et autres plateformes et les enregistrer sur leur PC.

Le streaming est globalement devenu la façon de consommer du contenu la plus populaire à travers le monde. Et s'il est possible de récupérer les contenus et de les stocker sur son PC, à quoi bon les acheter ? Nombreux sont les utilisateurs à mélanger contenus légaux et pirates dans leur consommation.

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Selon une enquête menée par l'IFPI, 49% des sondés âgés de 16 à 24 ans ont déjà utilisé un site de stream ripping pour récupérer un clip ou de la musique sur Internet depuis des plateformes légales.

Il faut dire qu'avec le temps, les outils pour récupérer ces contenus se sont étoffés... De simples plug-ins pas toujours faciles à prendre en mains, nous sommes passés aux logiciels de plus en plus poussés ou même directement aux sites qui proposent de récupérer une vidéo simplement à partir du lien YouTube.

Certains logiciels comme KeepVid Pro permettent par exemple de récupérer toutes les vidéos d'une chaine YouTube en quelques clics, et la compatibilité s'étend vers l'ensemble des plateformes proposant du contenu multimédia : Vevo, Facebook, Vimeo, Dailymotion, LiveLeak, Yahoo, Ustream pour près d'une trentaine de sites compatibles. Un simple réglage permet de ne récupérer que l'audio au besoin, de récupérer les sous-titres... Bref, un outil complet et simple à utiliser pour qui souhaite se constituer une collection de vidéos.

Même Google prend conscience de la problématique, puisque ce type de service (ceux inscrits dans le Web) va à l'encontre de ses règles, d'où les poursuites engagées contre certaines plateformes. Malgré tout, il est impossible ou presque pour YouTube de bloquer les logiciels spécialisés dans la récupération des données.

En ce sens et selon l'IFPI, YouTube ne respecte pas son engagement à protéger les oeuvres qu'il diffuse. D'un autre côté, la situation est un véritable casse-tête juridique qui doit se négocier au cas par cas. En France par exemple, la loi de la fameuse copie privée (celle pour laquelle nous sommes contraints à une taxe sur les achats de solutions de stockage) permet aux particuliers de réaliser une copie d'oeuvre protégée du moment que son utilisation reste dans un cadre privé.

Dans ce sens, en France, YouTube ne pourrait de toute évidence aller contre la loi et bloquer toute copie des contenus diffusés et en accès libre sur sa plateforme.

Le débat lancé par l'industrie du disque pourrait ne pas avoir de fin. Le stream ripping se rapproche finalement des enregistrements de films sur magnétoscope ou même de l'enregistrement sur cassette audio d'émissions de radio... Des pratiques qui ne soulevaient aucune polémique à l'époque, du moment qu'elles n'entrainaient pas l'organisation d'une revente ou d'une diffusion à large échelle.