L'Anssi (Agence nationale de la sécurité des systèmes d'information) est désormais chargée de délivrer les autorisations concernant l'utilisation d'équipements télécom pour la 5G.

Cette nouvelle surveillance est inscrite dans la loi "Huawei" et doit garantir une certaine sécurité des équipements, dans la foulée des doutes sur la capacité des équipements chinois à transmettre des informations sensibles aux services de renseignement chinois.

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C'est une nouvelle difficulté dans le déploiement des réseaux 5G auxquels les opérateurs français doivent faire face, alors que la position gouvernementale sur la possibilité de choisir des équipements Huawei n'est pas claire.

Les opérateurs ont donc déposé tôt des demandes d'autorisation mais une certaine grogne est montée, laissant entendre que l'Anssi laissait traîner ses décisions pour ne pas perturber l'enchère sur les fréquences 5G du printemps prochain.

Le président de l'Anssi, Guillaume Poupard, a indiqué aux Echos que les premières autorisations (ou refus) seraient délivrées à partir du mois de février. Justifiant le rôle de l'Anssi par le fait que les opérateurs délaisseraient la sécurité si on les laissait se débrouiller seuls, il souligne également l'importance de s'assurer que des intérêts étrangers ne risquent pas un jour d'interrompre les réseaux de communication français simplement parce qu'on les aura laissés s'installer au coeur des réseaux sans contrôle.

Sans admettre directement le danger des équipements chinois et céder à la pression manichéenne des Etats-Unis, Guillaume Poupard évoque des "risques plus forts avec des équipements qui viennent de Chine" parce que les entreprises peuvent subir la pression de leur gouvernement, au contraire des équipementiers européens.

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Pour ce qui est de l'accusation de retards dans les dossiers, il botte en touche : "parfois certains [opérateurs] oublient de remplir des cases, on n'est pas méchant, on les aide à remplir leur dossier". Pas sûr que les opérateurs apprécient d'être infantilisés...

En revanche, il ne cache pas que ce jeu des autorisations de l'Anssi pourrait conduire à l'exclusion progressive d'un équipementier si celui-ci est considéré comme régulièrement défaillant en matière de sécurité. Cela permettrait de forcer à un opérateur à s'en séparer mais sur du moyen terme plutôt que du fait d'une décision immédiate de toute façon difficile à concrétiser.

D'où une certaine mise en garde sur le choix de leurs équipementiers : "[aux opérateurs] de faire leur choix et de gérer leurs risques en connaissance de cause" pour ne risquer de se voir interdire leur usage sur le long terme. Et gare à ceux qui défieraient un refus en installant des équipements interdits :"il y aurait des sanctions immédiates. On ne peut pas mentir à l'Etat sur des questions de sécurité nationale".

Source : Les Echos