Avec l'arrivée de Free Mobile, les opérateurs ont vu de nombreux abonnés migrer vers le quatrième opérateur et leur image égratignée par les clients reprenant les termes mêmes de Xavier Niel lors de sa conférence de presse de présentation lorsqu'il évoquait les consommateurs pris pour des " pigeons ".

Pendant plusieurs semaines, la bataille de la communication a été rude et ensuite, c'est celle des petites phrases des dirigeants qui ont pris la relève pour critiquer et railler. Mais ce n'est qu'en fin d'année 2012 que Bouygues Telecom a décidé de répliquer en portant plainte contre Free Mobile pour dénigrement et en demandant pas moins de 100 millions d'euros pour les dégâts causés sur son image de marque et la perte du capital sympathie que confirmaient les sondages avant l'arrivée du nouvel entrant.

De fait, Bouygues Telecom a patiemment relevé tous les dérapages constatés et il en dresse, dans la plainte dont le site Challenges.fr en publie un extrait, la longue liste portant sur de multiples aspects. On y trouve la dégradation de l'image de marque, les insultes et quolibets des clients vis à vis du personnel de l'opérateur, les termes injurieux (pigeon, vache à lait, escroc...) et une franche hostilité sur les sites et les blogs, reprise et amplifiée. Les propos de Xavier Niel et des représentants de Free sont également directement repris et présentés comme incitant à ce déferlement agressif.

Bouygues-Telecom-logo  Bouygues Telecom indique avoir dû mettre en place un coûteux dispositif de communication en urgence, avec du personnel supplémentaire et des gestes commerciaux représentant à eux seuls près de 10 millions d'euros.

Au total, l'opérateur estime que la campagne de riposte au dénigrement de Free Mobile est évaluée à 12,2 millions d'euros, auquel il applique un coefficient 4 issu de la jurisprudence en pareil cas, auquel s'ajoutera une campagne estimée à 50 millions d'euros pour redorer son blason, ce qui aboutit à une demande de 98,8 millions d'euros pour réparer le dommage subi. Et de souligner le caractère procédurier de Free en rappelant les diverses plaintes déposées pour appuyer la légitimité de sa requête.

C'est le 25 janvier prochain que les deux protagonistes se retrouveront devant le tribunal de commerce de Paris. Après la plainte qui a tourné à l'avantage de SFR sur le thème de la subvention des mobiles, un nouvel échec pour Free commencerait à peser lourd.

Source : Challenges.fr