C'est à Pittsburgh que sera prochainement lancé le premier test clinique d'une procédure médicale qui pourrait révolutionner la chirurgie et la médecine en général : le placement d'un patient en Biostase.

chirurgie  Le processus implique de retirer tout le sang du patient très rapidement et de le remplacer par une solution saline capable de stopper presque toute activité cellulaire. La réaction est proche de celle de l'état d'hypothermie lorsque les cellules refroidies nécessitent moins d'oxygène pour réaliser des réactions chimiques. Le corps peut alors être refroidi et gardé en vie pour des périodes plus longues qu'à une température corporelle normale de 37 °C.

Ce test d'animation suspendue ne sera réalisé que sur un patient spécifique : un homme souffrant d'un arrêt cardiaque après une blessure par balle qui ne répondrait pas aux tentatives de réanimation. La solution saline sera pompée dans son coeur et son cerveau, ainsi que l'ensemble du corps. Pendant l'opération, le patient sera cliniquement mort puisqu'il n'aura plus une goutte de sang dans le corps , que son activité cérébrale sera nulle et qu'il ne respirera plus.

Dans cet état les cellules produisent de l'énergie à une vitesse très lente par un processus baptisé glycolyse anaérobie, ce qui permet aux cellules de survivre pendant plusieurs heures. Les chirurgiens disposent ainsi d'une fenêtre d'environ deux heures pour opérer le patient et contenir les blessures et traumas les plus importants avant de remplacer à nouveau la solution saline par le sang du patient. Si tout se passe correctement, le coeur reprend son activité progressivement sans aucune aide, des impulsions pouvant l'aider à repartir le cas échéant.

L'animation suspendue est testée sur des sujets porcins depuis 2002, et certains porcs ont survécu au traitement sans aucune séquelle. Mais tenter de reproduire la procédure sur des hommes soulève la polémique : puisque les patients arriveront directement des urgences, ni ce dernier ni la famille ne pourront donner son consentement. La FDA a autorisé les tests cliniques uniquement pour les patients qui ne peuvent pas survivre à des blessures trop importantes via des procédures d'intervention traditionnelles.

Samuel Tisherman, un des chirurgiens qui procèdera à la phase de test de cette procédure a indiqué qu'elle serait réalisée sur 10 patients, dont les résultats seront comparés avec 10 autres patients opérés par les voies traditionnelles. Il faudra plusieurs années pour obtenir suffisamment de données et juger de l'efficacité et de l'animation suspendue, et quelques années de plus pour la voir devenir une procédure standardisée si les résultats se veulent pertinents.

Source : New Scientist