Introduction

Crysis a marqué une génération de joueurs PC. Crysis 2 a repris le flambeau en élargissant la franchise aux consoles (PS3 et Xbox 360). Mais, il a perdu de sa superbe en escamotant tout simplement l’environnement ouvert du premier opus et a alors également perdu un peu de son ADN, celui-là même qui le rapprochait d’un Far Cry.

Crysis 3 est disponible sur PC (Windows), PS3 et Xbox 360 depuis le 21 février 2013. Développé par Crytek et édité par Electronic Arts, il a alimenté les discussions depuis qu’il a été présenté en grande pompe à l’E3 2012. Quel accueil doit-on réellement faire à Crysis 3 ?

Crysis 3 - Liberty Dome NYC concept art   01_jailbreak_1_intro  

Le scénario au coeur de Crysis 3

C'est toujours à New York que se déroule le troisième opus de Crysis. Mais 24 années se sont écoulées depuis Crysis 2. Une rupture dans la narration puisque Crysis 2 se déroulait trois ans après les événements survenus sur une des 'îles de l'archipel Lingshan Islands située au large de la Chine et de la Corée du Nord.

Pour comprendre (ou plus exactement tenter de comprendre) l'histoire de Crysis 3, il faut avoir en tête les événements des deux premiers volets. A cet, effet, l'éditeur a eu la bonne idée d'adjoindre un "précédemment dans Crysis" au début du jeu.

Dans Crysis, vous faites partie de l'escouade Raptor et vous incarnez Nomad. Plus proche de Far Cry que de Crysis 2, le premier volet vous opposait à l'APC avec pour mission de sauver des ressortissants américains pris au piège sur l'île. Mais rapidement, l'ennemi se révèle être les extra-terrestres Ceph réactivés par les fouilles archéologiques. De l'environnement hyper ouvert de la jungle, des mines, on passe à l'environnement urbain de Crysis 2. New York est en proie à une épidémie mortelle qui anéantit toute forme de vie. Les Ceph ont en effet répandu le virus "Manhattan" au coeur de la Big Apple. Vous êtes désormais Alcatraz et héritez rapidement de la nanocombinaison de Prophet. Ce dernier, tout en vous sauvant la vie, vous charge d'enrayer l'épidémie.

Notons également l'existence de Crysis Warhead qui vous plonge dans l'histoire de Crysis en incarnant Michael "Psycho" Sykes et non Nomad (comme dans Crysis). On retrouve d'ailleurs, ce personnage diminué physiquement et psychologiquement dans Crysis 3.

Difficile de parler du scénario de Crysis 3 sans risquer le spoil. EA a d'ailleurs bien pris soin de diffuser une liste de points du scénario à ne pas révéler. C'est très bien ainsi et cela souligne que les développeurs du jeu ont beaucoup misé sur l'histoire.

23 ans après, cryogénisé, Prophet est retenu par le CELL. En effet, après avoir repoussé la menace Ceph dans Crysis 2 en utilisant les propres armes extra-terrestres, l'organisation a préféré neutraliser Prophet le voyant comme une menace. La résistance va toutefois le libérer et c'est le point de départ de Crysis 3. Vous retrouvez Psycho, le personnage principal de Crysis Warhead, qui libère Prophet avec son escouade de rebelles.

Crysis 3 screen 1 - Prophet the Hunter   Crysis 3 - Grass Fields concept art  

La CELL est une organisation paramilitaire qui a exploité la technologie extra-terrestre afin de produire de l'énergie. Ses méthodes peu orthodoxes lui ont permis de s'accaparer le monopole du marché de l'électricité et d'aliéner la population mondiale. Corrompue à souhait, CELL a placé la ville de New York dans un dôme, le Dôme de la Liberté. La végétation luxuriante y a repris ses droits et vous immerge dans 7 environnement distincts, les 7 Merveilles offrant chacune un terrain de jeu unique. Composées de jungle, de rivières et de marais, l'environnement nous rappelle quelque peu le premier volet. On reste toutefois sur un FPS linéaire à l'instar de Crysis 2. Il y a en tout 7 décours pour 7 chapitres qui viennent composer le jeu. L'environnement urbain en ruines fait penser au film "I am a legend" et c'est le CryEngine 3 qui est une nouvelle fois chargé de mettre tout cela en scène (nous en reparlerons plus tard).

Votre mission va consister à désactiver le générateur d'énergie jalousement gardé par les troupes du CELL au coeur du dôme. Mais bien entendu, les Aliens sont de la partie et il faudra également les affronter.

Crysis 3 - Islands concept art  

God game et nanocombinaison

Un god game ?
Les personnages sont assez nombreux dans la franchise Crysis, même si c'est Prophet et Psycho qui sont au coeur de l'histoire. Vous en incarnez différents au gré des différents volets. Ce n'est pas un hasard car le "personnage" principal, celui qui assure la cohérence de la série et qui l'incarne véritablement, n'est autre que la nanocombinaison. Peu importe qui vous incarnez la nanocombinaison vous confère un pouvoir supérieur. C'est peut-être d'ailleurs là où le bât blesse finalement.

Crysis 3 screen 4 - Flooded  

La nanocombinaison
L'idée d'incarner un personnage tout-puissant n'est bien entendu pas nouvelle dans le domaine du jeu vidéo. C'est son essence même que de vous sortir le grand jeu en vous conférant des pouvoirs extraordinaires. Mais, tout est histoire d'équilibre. Incarnez un demi-Dieu tout en affrontant des Dieux ne pose pas de problèmes puisqu'il faudra cravacher dur pour les vaincre.

Dans Crysis 3, la nanocombinaison vous donne un pouvoir incommensurable. Mais vos adversaires sont loin d'être logés à la même enseigne. Leur IA n'est pas à la hauteur face à vos capacités d'invisibilité, de protection et de visée améliorée. Rarement un jeu vidéo aura procuré autant d'empathie pour les ennemis qu'on doit abattre les uns après les autres. C'est pourtant presque le cas ici. C'est d'autant plus regrettable que déjà dans Crysis, un des reproches avait été l'IA qui n'était parfois pas à la hauteur.

  Crysis 3 screen 6 - Prophet on the hunt with his bow   nanosuit_walking   

L'IA, un des gros reproches également fait à Crysis 2, a toutefois été retravaillée. Mais, malheureusement, en voulant rendre la tâche du joueur plus difficile, elle a l'effet inverse de ce qui était recherchée. En effet, les soldats du CELL vous repèrent très facilement même lorsque vous êtes cachés et à couvert. Autant dire qu'il vaut mieux se positionner derrière une surface solide lorsqu'on tente l'infiltration. On a donc rapidement fait de passer en mode camouflage plutôt que de tenter l'infiltration et la tâche devient alors beaucoup plus simple.

nanosuit_vs_pinger  

Nouvelles capacités et mauvaise combinaison

Les nouvelles capacités
Le gameplay a légèrement évolué par rapport à Crysis 2.

Grâce à la nanocombinaison qu'il porte, le joueur dispose toujours d'un mode armure qui le rend quasiment invincible et d'un mode camouflage, qui à la manière d'un Predator, le rend presque invisible.

Mais, dans ce nouvel opus, le personnage hérite aussi d'un puissant arc appelé justement "Predator". Il permet de tuer à distance sans alerter les autres ennemis. On peut également utiliser d'autres armes issues de la technologie alien. Mais l'arc reste l'arme de choix qui, utilisée en mode camouflage, est imparable, les ennemis n'ayant pas le temps de comprendre ce qu'il leur arrive. L'arc est malheureusement si puissant qu'il est difficile de passer à une autre arme. Vous disposez de neuf flèches mais pourrez notamment récupérer celles que vous avez décochées. C'est d'autant plus dommage qu'il est possible de les personnaliser en changeant le canon ou autre.

Crysis 3 - Bow - 1080 res   Crysis 3 screen 2 - Prophet and the bow  

L'arc permet de tirer différents types de flèches (4 en tout). Tandis que les flèches explosives seront d'un grand secours face aux ennemis massifs, les flèches électriques neutralisent notamment ceux qui ont le malheur de se trouver dans l'eau ou désactivent les appareils électroniques et d'autres feront leur effet (délai avant explosion) sans même avoir à viser précisément. Il y a également des flèches classiques, une seule suffisant à tuer un soldat. Une polyvalence qu'on retrouve dans les nouvelles attributions dont la nanocombinaison se voit dotées.

On peut également scanner l'environnement pour localiser les ennemis qu'ils soient dans le champ de vision ou même situés derrière des murs !

Une mauvaise combinaison
La profusion de possibilités offertes est louable mais le déséquilibre est tel entre, par exemple les fusils Aliens et l'arc en composite, qu'elle perd une grande partie de son intérêt.

Toutefois, certains joueurs pourront décider de corser la difficulté en n'abusant pas de la furtivité octroyée par la combinaison. On pourra alors prendre plaisir à fragger l'ennemi arrivant par vagues d'assaut. Toutefois, la furtivité permet systématiquement de se tirer d'un mauvais pas et, d'une certaine manière, sa simple existence enlève un peu de ce qui fait le sel d'un FPS.

Il devient également possible de pirater, via un petit jeu à effectuer en un temps donné, les tourelles ennemies ainsi que les champs de mines. C'est plutôt bien vu et cela ajoute au gameplay sans être fondamental toutefois.

Crysis 3 screen 3 - Prophet under fire  

On le voit, Crysis 3, est à la croisée des genres. Le jeu oscille entre l'infiltration et le mode plus bourrin d'autres FPS ; on pense bien entendu à Call of Duty pour ce dernier genre. Pour cela, on peut saluer la tentative même si le dosage de la difficulté est le gros défaut du jeu. Il tue dans l'oeuf certaines bonnes intentions de l'éditeur.

Il faudra de 6 à 8 heures pour boucler le jeu en solo, voire moins si vous abusez du mode furtivité offert par la combinaison. Précisons toutefois que le timer intégré au jeu ne comptabilise pas les différentes tentatives lorsqu'on meurt et doit recommencer un passage. La durée de vie réelle est donc légèrement plus importante que ces 6 à 8 heures. C'est donc finalement guère moins que dans la grande majorité des FPS actuelles pour lesquels 8 heures est maintenant la norme.

Graphismes superbes et multijoueurs salvateur

Le CryEngine 3 donne la mesure
Qu'on se le dise, Crysis 3 est beau, même sublime. Attention, le jeu a été testé sur console (sur PS3) mais c'est bien entendu sur PC qu'il aguichera le plus les rétines avec des graphismes époustouflants.

Crytek a mis en oeuvre le moteur de rendu 3D CryEngine 3 qui est ici plus optimisé que dans Crysis 2. Pourtant, il faudra un PC très puissant pour en jouir totalement. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle la PS3 éprouve parfois quelques difficultés dans sa tâche. En effet, on notera çà et là quelques baisses de framerates. La PS4 arrivera donc à point nommé pour les jeux de prochaine génération. Ceci étant dit, il faut avouer que sur une console de salon pourtant sortie en 2007 (PS3), on est probablement face au plus beau jeu jamais réalisé. Les effets de lumière sont bluffants ainsi que la modélisation du vent dans les végétaux, de la fumée, des explosions, des jeux d'ombre…

Crysis 3 - Swamp concept art  

Crysis 3 donne réellement la pleine mesure du CryEngine 3 et à ce titre le jeu restera dans les annales.

Le jeu repousse encore un peu plus les frontières du photoréalisme avec des textures détaillées, même si, rappelons-le encore, c'est sur PC qu'il constitue réellement le nouvel étalon en la matière. Sur PS3, les quelques baisses de framerate qui se font ressentir parfois empêchent la consécration absolue. Difficile de savoir, si le jeu a ou non été parfaitement optimisé sur consoles ou bien s'il s'agit des limites intrinsèques des consoles de salon actuelles. Cela n'est toutefois pas rédhibitoire et ne gâche pas le plaisir du jeu.

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Si le moteur 3D de Crytek impressionne techniquement, il est ici au service d'une direction artistique de haute volée. Un travail impressionnant a été réalisé afin d'immerger le joueur dans cette savane singulière et ceci doit être souligné.

Au plaisir des yeux vient s'ajouter celui des oreilles puisque le sound design et la bande son originale signée Borislav Slavov enrichissent réellement l'expérience de jeu.

Un multi salvateur
Là où Crysis 3 pêche peut-être le plus, c'est dans les différences entre niveaux. Certains sont longuets et n'apportent pas l'excitation propre au FPS.

Toutefois, le mode multi-joueurs vient à la rescousse de ceux qui n'auraient pas été pleinement satisfaits par la campagne solo. Dans ce mode en effet, les joueurs (jusqu'à 16) sont logés à la même enseigne et bénéficient de la nanocombinaison. L'équilibre des forces en présence se fait alors tout naturellement et les parties peuvent être réellement excitantes. Notez qu'il s'agit là d'une petite entorse à l'histoire puisque dans le mode solo, on nous précise qu'il ne reste plus qu'une seule nano-combinaison, celle de Prophet.

Le multi offre les modes classiques de captures de drapeaux et de deathmatch. En tout, il y a 12 cartes et 8 modes de jeu. Parmi ceux-ci, il y a le nouveau mode Chasseur qui oppose en coop deux joueurs à 10 (à 14 sur PC) soldats du Cell durant un temps limité. Les deux chasseurs habillés de leur nanocombinaison les chasseront à l’aide de leur seul arc tandis que les agents du cell devront coopérer pour survivre. Ils se réincarnent en chasseur dès qu’ils sont éliminés, la tâche devenant alors plus difficile pour les soldats restant.

Le mode multi est ancré dans le social avec le New York Feed qui permet de partager ses réalisations tout en offrant des défis.

+ Les plus

  • Les graphismes (merci au CryEngine 3)
  • L'arc "Predator"
  • Vision dune jungle new yorkaise
  • Multijoueurs
  • Bande son

- Les moins

  • Invisibilité trop avantageuse
  • L'IA toujours pas à la hauteur
  • Scénario bancal