Le métro des horreurs

Le studio ukrainien 4A Games a accouché d'un premier jeu de qualité : Metro 2033. Sorti en 2010 sur PC et Xbox 360, ce FPS a marqué certains joueurs friands d'ambiances post-apocalyptiques et de scénario original qui tranche radicalement avec les productions hollywoodiennes désormais sur-représentées. De plus, le titre jouissait d'un scénario basé sur le roman de Dmitri Gloukhovski, apprécié pour son immersion et son background travaillé. Et pourtant, ce titre disposait de quelques défauts tels qu'une certaine linéarité et une durée de vie assez faiblarde.

L'équipe de développement a développé une suite qui n'est pas réellement basé sur le roman Metro 2034 – quand bien même les faits se déroulent au cours de cette année-là – mais sur une histoire imaginée par l'auteur des ouvrages. Aussi, il est question d'une expérience complémentaire, prenant suite juste après la fin du précédent volet, lorsque notre héros, Artyom, est parvenu à détruire le nid des Sombres. Ces derniers, nés des dérives des missiles qui ont détruit Moscou, sont représentés comme des humanoïdes difformes qui disposent de fortes capacités psychiques. Dans cet épisode, il est question de retrouver le dernier enfant Sombre, heureux rescapé de la destruction de son peuple. Selon les informations regroupées, ce dernier pourrait sauver l'humanité de la gangrène qui le ronge.

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C'est de retour dans le métro moscovite que Metro : Last Light débute sa nouvelle histoire. Les derniers humains survivants se terrent toujours dans les recoins sombres et humides, à défaut de pouvoir retourner à la surface en raison de l'air devenu irrespirable et des créatures féroces qui y vivent, créées à la suite de la catastrophe qui a sévit quelques années plus tôt. Dès les premières heures de jeu, il est question de devoir retrouver le dernier Sombre encore en vie, quand bien même les supérieurs hiérarchiques ont bien l'intention de vouloir l'exterminer. Au cours de votre progression, vous comprendrez que le principal problème n'est pas tant les monstres qui vivent en surface et qui cherchent à s'engager dans les souterrains, mais bel et bien les autres humains. Une véritable guerre se prépare encore les communistes et le Reich, dans de sombres optiques qui seront révélées qu'avec parcimonie plus tard dans le jeu.

Bien différent des scénarios classiques qui cherchent à multiplier les twists au travers d'explications réellement trop assistées, Metro : Last Light nous propose quelque chose de plus subtile, de différent qui nous prend réellement pour des joueurs et non des spectateurs passifs. Aussi, l'immersion n'est que plus grande si toutefois vous accrochez au pitch, menant à des événements majeurs et riches en surprises. La fin du jeu, par ailleurs, se révèle abrupte, à l'image de la dimension incisive de toute votre aventure dans les environnements crasseux bourrés de désespoirs du jeu. Tout comme le premier volet, il est question de deux fins, selon les choix moraux que vous effectuerez au fil du jeu : si vous décidez de tuer ou d'assommer, si vous décidez d'écouter, d'explorer, ou de vous précipiter vers le prochain objectif. Aussi – et sans nous tenir la main – le jeu nous confronte à des choix soudains, parfois viscéraux, qui n'auront qu'un impact que sur la scène finale de l'aventure. Et cela se révèle hautement appréciable.

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Ranger un jour...

Pour les amateurs de Metro 2033, sachez que ce nouvel épisode n'apporte pas de grands bouleversements en termes de gameplay. En effet, nous nous retrouvons à nouveau avec un FPS qui se révèle teinté de survival. En effet, la progression dans le jeu ne nous incite pas à foncer tête baissée dans des gunfights à outrance, quand bien même certains passages plus musclés se font sentir de temps à autre dans l'aventure. Suite aux premières heures de jeu avec des coéquipiers, il est question d'une progression en solitaire dans les zones plus ou moins sombres du jeu. Les ennemis ne sont pas présents en masse, mais souvent disposés de sorte à nous assurer une certaine surprise.

C'est notamment le cas dans les – rares – phases en extérieur, dans lesquelles les monstres n'hésiteront pas à violemment vous provoquer, quitte à se prendre pour un paquet de victuailles dans la cage aux lions. Cette impression accroît le stress, d'autant plus que les environnements de surface sont eux-même dangereux : marécages dissimulés derrière de la végétation et dissimulant des créatures qui tuent d'un coup, lianes mutantes féroces, etc. Les brusques changements climatiques joueront également sur la difficulté, ajoutant de la crasse sur votre masque à gaz, nécessitant de le nettoyer d'un coup de main pour y voir plus clair. En somme, les phases à la surface sont simplement excellente en matière d'immersion et de survie ( les munitions peuvent se faire rares si on ne prend pas la peine de fouiller chaque recoin des ruines ), d'autant plus que notre temps est compté via les recharges d'oxygène à utiliser pour survivre. Il est fort dommage qu'il ne soit pas possible de se déplacer dans des zones plus vastes, surtout que les environnements se révèlent très riches en détails et réussis sur le plan artistique. Cette frustration rappelle que dans d'autres jeux du genre ( STALKER, Fallout 3... ) la liberté de déplacement dans un cadre post-apocalyptique est grisant.

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Poursuivant sur la linéarité, Metro : Last Light retombe dans les travers de son aîné : les niveaux sont souvent assez étriqués, les murs invisibles sont subtilement dissimulés par le level-design fort maîtrisé. C'est vraiment dommage de devoir se contenter d'un itinéraire type pour progresser, mais ce défaut se révèle partiellement gommé par un rythme finement travaillé, de sorte à ne jamais rester sur une même tonalité. L'approche, elle aussi, varie énormément selon les ennemis croisés. S'il est question d'user frénétiquement ses munitions contre les mutants de la surface ( conseillé, au vu de leur forte résistance aux balles ), les adversaires humains permettront de jouer la carte de la discrétion. Au moyen de votre montre, vous pourrez savoir si vous êtes dans des zones sombres ou à forte luminosité. Les artères sombres du métro aidant, vous pourrez assassiner / assommer vos ennemis à loisir, à l'instar d'un jeu d'infiltration. Le gameplay est d'ailleurs prévu pour jouer ainsi, puisqu'il est possible de briser les sources de lumière, voire de les éteindre, dans l'optique d'accroître les ténèbres ambiants. Il suffira alors de passer dans le dos des ennemis, ou d'utiliser vos armes silencieuses et autres couteaux de lancer ou éliminer les soldats un à un. Bien évidemment, il sera possible de jouer les gros bras, mais la difficulté sera alors accrue.

Dans un cas comme dans l'autre, un défaut se fait rapidement sentir : l'intelligence artificielle des ennemis se révèle très médiocre. Aussi, il est très aisé de passer dans le dos des ennemis sans que ces derniers ne sachent comment se comporter pour se mettre à couvert. Dans le cas de la progression discrète, vous pouvez passer au nez et à la barbe des soldats sans que ces derniers ne vous voient. C'est vraiment dommage, cette lacune tend à limiter le degré d'immersion dans le jeu, facilitant grandement la progression et ce, même dans les modes de difficulté accrus. Aussi, il est clairement conseillé de commencer votre partie en difficile, pour peu que vous soyez habitués aux FPS. D'autres éléments intéressant servent le sentiment de survie, comme par exemple la lampe à recharger à la main, l'usage du briquet pour illuminer certaines zone ou pour mettre le feu aux toiles d'araignée, ou encore la personnalisation des armes ( trois peuvent être équipées à la fois ) au travers des boutiques de fortunes tenues par des survivants. Il est possible de changer le canon de vos armes, ainsi que le viseur par exemple. Par ailleurs, il n'est pas question de payer avec de l'argent, mais par le biais de balles de « l'ancien monde », rares et précieuses. Ces dernières peuvent également être utilisées avec vos armes pour des dégâts accrus. Il faudra alors faire un choix entre de meilleurs dégâts ou customiser vos pétoires pour gagner en efficacité / précision.

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Exploration viscérale

Tout comme son prédécesseur, Metro : Last Light est réussi sur le plan graphique. Le moteur développé par le studio 4A Games marque une nouvelle fois des points, tant et si bien qu'il impressionne par des effets visuels travaillés, riches en détails et autres effets de particules. Les textures sont majoritairement réussies, au même titre que les effets de lumière tout simplement bluffants. Les passages en extérieur nous laissent notamment pantois, notamment par le travail de qualité fourni au niveau de la direction artistique. Aussi, le level-design n'est pas qu'une suite de duplication d'éléments et cela se constate notamment dans le Théâtre et Venise, les deux principales zones peuplées que vous serez amené à visiter. Ces endroits sont d'ailleurs riches en conversation et en animations, flattant irrémédiablement la rétine.

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On regrettera toutefois que le mode Ranger, déjà présent dans le précédent volet, soit proposé en DLC payant ( 5 euros ). Ce mode de jeu, retirant toute indications à l'écran et plus punitif quant aux dégâts reçus, joue évidemment davantage dans l'axe de la survie. Ce mode est évidemment conseillé pour les puristes, mais il comporte de larges défauts qui entravent le gameplay : aucune indication à l'écran lorsque l'on souhaite échanger son arme avec une autre trouvée dans un niveau, et aucune information en cas de personnalisation d'arme. Oubli ou non de la part des développeurs, ces soucis nuisent énormément au plaisir de jeu, ce qui se révèle vraiment dommage pour du contenu payant.

Concrètement, Metro : Last Light se présente comme un bon FPS, plus précisément pour ceux et celles qui apprécient les ambiances post-apocalyptiques immersives, viscérales, avec une dimension survival certaine et un gameplay changeant entre l'action et l'infiltration. En dépit de quelques défauts tels que l'IA ou encore la linéarité parfois frustrante, le jeu compte environ une dizaine d'heures de jeu, mais une replay value finalement assez limitée. Très beau et bénéficiant d'un choix de doublage russe ( offrant une immersion exacerbée, mais aucun sous-titre pour les dialogues secondaires ), le titre de 4A Games demeure une valeur sûre pour les fans de jeu de tir misant avant tout sur son atmosphère et son scénario, se démarquant ainsi largement des FPS actuels qui assurent surtout le show avec des effets hollywoodiens.

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+ Les plus

  • Graphismes de grande qualité
  • Scénario subtil et riche en background
  • Immersion réussie
  • Gameplay efficace dans sa globalité

- Les moins

  • Intelligence artificielle très décevante
  • Level-design trop étriqué et linéaire
  • Mode Ranger inutilement pénalisant et payant