La situation est paradoxale : alors que les plateformes de piratage mettent parfois des mois avant d'être épinglés, rien ou presque jusqu'ici n'empêche ces sites de profiter de revenus considérables apportés par la diffusion de publicité.

piratage  Avec des fréquentations souvent record, les plateformes dédiées au piratage engrangent souvent suffisamment d'argent au travers des encarts publicitaires pour leur permettre de disposer d'un fonds de roulement permettant une bascule presque immédiate vers de nouveaux serveurs lors de la mise à terre de leur service initial.

La ministre de la Culture souhaite en finir, et vient de missionner Julien Neutres d'élaborer une charte avec les publicitaires " dans une démarche volontaire d'éviction des sites ne respectant pas le droit d'auteur et les droits voisins."

Cette mesure est calquée sur celle déjà en application au Royaume-Uni depuis avril dernier. Le gouvernement a ainsi dressé une liste des sites qui partagent illégalement des contenus sous droit d'auteur, rassemblé dans l'Infringing Website List, communiquée aux principaux annonceurs qui sont alors libres d'y diffuser leurs contenus ou pas.

Une liste similaire pourrait ainsi prochainement voir le jour en France : " L'établissement de cette liste s'inscrirait dans le cadre d'une procédure contradictoire, permettant au site en cause de faire valoir ses arguments avant toute publication et prendrait en compte la nécessaire protection des données personnelles."

Mais plus qu'une simple lutte contre le piratage, Fleur Pellerin modère son discours et met en avant " l'axe prioritaire est désormais celui du développement de l'offre légale en ligne" car " trop souvent, les internautes peinent encore à trouver des offres ergonomiques, riches et accessibles financièrement."

C'était d'ailleurs déjà la remarque de Didier Mathus en 2009 : " Il y a moins de 4000 titres sur les huit offres légales de téléchargement de films en France. Dans ces conditions, comment pourrait-on accepter de poursuivre quelqu'un qui , ayant constaté qu'il n'y a pas d'offre légale pour le titre ou le film qu'il cherche, se réfugie sur une plateforme de peer to peer qui lui offre un semblant de médiathèque universelle ? " Certes, plus de cinq ans plus tard, le catalogue disponible s'est élargi, mais il reste largement en deçà de la demande des utilisateurs. Pas question pour autant de remettre en cause l'exception culturelle française et la chronologie des médias... pourtant de plus en plus présenté comme un frein au développement d'une offre légale pertinente et enfin capable de se présenter comme une véritable alternative au piratage.