Nous vous en parlions hier, alors qu’elle devait placer 3 satellites russes Glonass en orbite, la fusée de type Proton-M qui s’était élancée depuis le cosmodrome de Baikonour lundi matin s’est écrasée après quelques secondes seulement.

fusée proton-M s'ecrase  Une panne de moteur 17 secondes après le décollage.

Aujourd’hui l’agence spatiale donne quelques précisions sur les motifs du crash. Ce serait ainsi un moteur de secours qui se serait éteint seulement 17 secondes après la lancement qui aurait amené à la catastrophe.

Un moteur qui avait fonction double puisqu’il servait de propulseur de secours, mais également de stabilisateur de poussée lors de la phase de décollage. En s’éteignant prématurément, la fusée a automatiquement dévié de sa trajectoire pour devenir incontrôlable avant de se désagréger partiellement en l’air et de s’écraser à 1 km à peine du pas de tir.

L’Agence étudie également l’éventualité d’une panne au niveau du système de guidage de la fusée.

nuage toxique crash fusée russe  Un nuage toxique et une population menacée

Pour l’heure, et malgré les 200 millions de dollars de perdus dans l’affaire ( la fusée était assurée à hauteur de 182 millions de dollars selon Ria Novosti), c’est le nuage toxique qui s’est dégagé suite au crash qui inquiète les autorités.

En s’écrasant après seulement quelques secondes de vol, la fusée était à sa capacité de carburant maximale. Ainsi, c’est un mélange de 600 tonnes d’heptyles, d’amyles et de kérosène qui s’est embrasé et dégagé des fumées extrêmement toxiques.

Si dans un premier temps, les autorités ont annoncé que la propagation du nuage avait été contenue par la pluie qui s’est rapidement abattue sur la zone, il a été demandé aux habitants situés dans un périmètre de 60 km autour du pas de tir de Baïkonour de rester chez eux les portes et fenêtres calfeutrées. Les spécialistes du monde entier restent cependant sceptiques sur le confinement du nuage, et annoncent déjà un désastre écologique et une contamination majeure.

Dans le périmètre, les écoles, restaurants, cafés et tous les commerces ont été bouclés sur ordre du ministère de l’Intérieur Kazakh.

Aucune victime n’a été recensée pour l’instant, la majeure partie des employés du cosmodrome se situant dans des bunkers sécurisés lors du lancement.

Une fusée dangereuse, relique de la guerre froide

La fusée de type Proton-M ne se base pas sur la combustion de carburant "propre" comme l’hydrogène liquide pour sa propulsion, contrairement aux fusées développées par l’Europe et les USA.

La raison de cela est que la famille des fusées Proton-M a initialement été développée comme un missile balistique intercontinental. Dans ce but, il fallait être capable de produire ces missiles et de les stocker pendant de longues périodes tout en les rendant utilisables immédiatement en cas de besoin. À la fin de la guerre froide, la Russie a dû trouver un nouveau moyen de rentabiliser son projet, et adapté ses missiles pour en faire des fusées.

Un moindre investissement comparé au développement d’une fusée plus moderne et plus propre consommant de l’hydrogène.

Un débat écologique et politique

La Russie a longtemps été critiquée pour le lancement de ces fusées depuis le Kazakhstan et divers rapports ont été publiés depuis 2008 sur l’impact régional de la combustion d’heptyl décrite comme un "cancérigène, mutagène, convulsivant, tératogénique et embryotoxique." La présence de ces résidus de combustion ayant été relevée dans des échantillons de sol de Baïkonour à des taux très élevés.

La fusée Angara 5 devrait mettre un terme à l’usage des fusées reposant sur la combustion d’éléments toxiques pour y préférer l’hydrogène à l’avenir. Mais sont installation ne devrait se faire qu’une fois le nouveau cosmodrome de Vostochny terminé, soit à l’horizon 2020.

Pendant ce temps, la Russie devrait continuer à polluer la région de Baikonour avec ses fusées Proton-M.