Les pays membres de l'ESA (20 nations), l'agence spatiale européenne réunie au Luxembourg, viennent de lancer officiellement le développement du futur lanceur spatial destiné à remplacer Ariane 5.

Ariane_6_concepts_under_investigation_1   C'est Geneviève Fioraso, Secrétaire d'État en charge de l'espace qui a annoncé la nouvelle. Une fois encore, c'est la position de l'Allemagne qui aura été décisive dans le projet.

L'Allemagne était jusqu'ici opposée à une rallonge de budget de 60 millions d'euros par an, lui permettant d'atteindre les 22 % de financement total requis pour le programme. La France participe au projet à hauteur de 50 % du financement, avec 800 millions d'euros par an dont la moitié sera désormais dédié à Ariane 6 .

C'est le succès de Philae et Rosetta qui aura pesé dans la balance, la mission ayant particulièrement trouvé écho auprès du grand public. Mais l'arrivée sur le marché de sociétés spatiales privées oblige l'Europe à rester concurrentielle dans l'accès à l'espace.

Ariane 5 ne peut ainsi pas rivaliser avec les solutions optées par la NASA, puisque SpaceX propose des placements en orbite de satellites de 5 tonnes pour 60 millions d'euros, quand la solution européenne est facturée 160 millions d'euros le lancement double de deux satellites de 5 tonnes. Jusqu'ici, c'est la fiabilité d'Ariane 5 qui joue en sa faveur, mais les choses devraient rapidement changer à mesure des succès des sociétés spatiales privées, d'autant que SpaceX prépare un lanceur lourd capable de propulser des charges de 20 tonnes en orbite géostationnaire pour un prix annoncé de moins de 100 millions d'euros d'ici 2015.

Fini l'idée d'une simple version améliorée d'Ariane 5, l'ESA souhaite désormais un lanceur plus modulable et moins cher.

Ariane 6 sera équipée d'un moteur principal connu, le Vulcain II d'Ariane 5 mais aussi du moteur réallumable Vinci pour le second étage, à l'origine conçu pour Ariane 5 ME. Une variante d'Ariane 6 ( Ariane 62) sera équipée de deux boosters et se spécialisera dans les lancements institutionnels, scientifiques, civils et militaires.

Ariane 6 nécessitera toutefois la construction d'un nouveau pas de tir sur le site de Kourou en Guyane française, pour un cout de 400 millions d'euros inclus dans le budget prévisionnel qui est désormais établi à 3,8 milliards d'euros sur 10 ans.