L'un des temps forts de la COP 21 organisée à Paris fin 2015 a été de se mettre d'accord sur un effort général des gouvernements pour limiter le réchauffement climatique à 2 degrés, seuil en-dessous duquel les scientifiques estiment que les conséquences du réchauffement resteront relativement maîtrisables.

NASA photo Terre Au-delà, la situation deviendrait beaucoup plus compliquée, avec des événements climatiques majeurs et dévastateurs, selon nos modèles climatiques actuels.

Toutefois, selon une étude parue dans Nature Géoscience, fruit du travail de 59 chercheurs (dont certains du CNRS) dans 17 pays, qui a passé en revue différentes périodes passées de réchauffement climatique durant les 3,5 millions d'années, nos modèles climatiques actuels "sous-estiment probablement le changement  climatique à venir, particulièrement pour les projections de réponse à long terme pour les scénarios de poursuite des rejets de gaz à effet de serre".

Si les tendances de nos modèles sur les prochaines décennies semblent relativement concorder avec les données passées pour des évolutions modérées du réchauffement climatique, les conséquences de l'amplification du réchauffement par les régions polaires ne seraient pas suffisamment pris en compte, avec des effets plus massifs que ceux décrits dans les modélisations.

L'étude relève qu'un réchauffement de 2 degrés par rapport aux niveaux pré-industriels suffira pour déplacer les zones climatiques avec des zones polaires réduites sur plusieurs milliers d'années et un relâchement massif de gaz à effet de serre associé à une montée des eaux de plusieurs mètres.

Les zones tempérées vont donc remonter vers les pôles et les zones de plus haute altitude, dégelant le permafrost des régions sub-polaires et aggravant les dégagements de gaz carbonique.

L'étude relève que la limitation du réchauffement à 2 degrés telle que prévue par l'accord de Paris devrait permettre d'éviter un "emballement catastrophique" mais qu'il convient de mieux prendre en compte le "CO2 additionnel issu du permafrost" dans les modèles.

Toutefois, cela n'empêchera pas la montée des eaux à des niveaux de plus de 6 mètres et sur une période de plusieurs milliers d'années, avec un rythme de montée des eaux accéléré par rapport aux précédentes décennies. Les problématiques de migrations climatiques risquent bientôt de se poser de façon aigue...

Source : CNRS