Le post-apocalyptique se met au vert

Après nous avoir servi la licence Killzone, le studio hollandais Guerrilla s’est penché sur l’élaboration d’une nouvelle franchise à nouveau exclusive à Sony Computer Entertainment, à savoir Horizon : Zero Dawn. Pour le coup, le développeur a vu les choses en grand, afin de proposer un jeu d’action-aventure mêlé de RPG, le tout dans un monde ouvert. Vous l’aurez compris, nous sommes clairement dans la même branche qu’un The Witcher, licence que Guerrilla a bien étudié pour concevoir son titre. Toutefois, il n’est absolument pas question de médiéval ou d’heroic fantasy dans cette production, puisqu’il s’agit d’un environnement post-apocalyptique « green ».

En effet, le titre prend place dans le futur, suite à la quasi-extinction de l’humanité. Le monde tel que nous le connaissons s’est éteint pour des raisons qui seront traitées au fil de l’aventure. La nature a repris le contrôle du monde. Ainsi, l’ambiance générale du soft peut s’apparenter à celle d’un Far Cry Primal, optant pour une nature verdoyante, des habits en peaux de bêtes et l’usage d’armes tels que des arcs ou des lances. Pourtant, le monde cache toujours des reliques de l’ancien monde, incluant des technologies de pointe telles que des créatures mécaniques qui se révèlent agressives et qui n’hésiteront pas à exterminer le moindre humain présent à proximité.

Horizon Zero Dawn - 1. Horizon Zero Dawn - 2.

C’est dans ce contexte particulier que nous débutons l’aventure dans la peau d’Aloy, une fille rejetée par les autres humains du clan, car elle n’a pas de mère. En effet, elle a été trouvée et confiée à Rost, un paria qui l’élèvera du mieux qu’il peut dans sa vie d’ermite. Nous débutons aux côtés de notre héroïne rousse à l’âge de six ans, dans le cadre d’un événement qui la mènera à découvrir une technologie du passé, un « focus » qui s’attache au-dessus de l’oreille et qui permet de percevoir des hologrammes de technologies passées. De nature curieuse, Aloy ne peut plus vivre cette vie de recluse et décide de se rapprocher de la tribu voisine en se préparant à « l’éclosion », un rite qui permet d’être acceptée par ses semblables via les Matriarches, de vieilles femmes qui dictent les bonnes paroles aux membres du clan. C’est ainsi que Rost enseignera à sa petite protégée tous les rudiments de la chasse en tant que tutoriel, nous permettant de nous frotter à nos premiers ennemis mécaniques.

Ce n’est qu’après cet événement que les choses vont s’accélérer pour Aloy et qu’elle sera amenée à découvrir le monde qui l’entoure, au-delà de sa région reculée. Toujours volontaire et disposant d’une forte empathie, notre héroïne se révèle attachante et c’est un plaisir de suivre son évolution et ses découvertes en sa compagnie. Ce personnage est en effet bien travaillé et le fait de la suivre depuis son enfance nous confère un attachement certain au fil des heures de jeu, d’autant plus que son parcours ne sera nullement une partie de plaisir. L’ambiance post-apocalyptique est également de qualité, laissant de nombreuses questions en suspens tout au long de la progression. Ainsi, il ne sera pas rare de nous laisser envahir par une soif de découverte et prendre le temps de scruter certains « restes » de l’ancien monde tels que des bâtiments en ruine, des véhicules ou un semblant de route. La réussite graphique et artistique aidant, le monde ouvert est proposé sans réels défauts visuels, le travail à ce niveau étant clairement exemplaire. Dans l’absolu, la trame scénaristique laisse à réfléchir quant à nos évolutions technologiques actuelles, ses limites et ses dangers possibles, ainsi qu’un retour à la nature, l’essentiel, qui confère une autre façon de penser.

Horizon Zero Dawn - 3. Horizon Zero Dawn - 4.

Jamais sans mon arc

En parallèle de l’environnement de jeu et le travail de qualité au niveau du personnage d’Aloy, il est important de souligner que beaucoup ( trop ? ) de personnages qui gravitent autour de l’histoire principale manquent de présence, de charisme, d’immersion. Cela est du en partie aux animations faciales pas toujours très heureuses, manquant d’émotion, de naturel. Malgré de nombreux petits détails en termes de mouvements, les mécaniques des visages comportent hélas des anomalies qui peuvent nous sortir de la narration, aussi réussie soit-elle. Si nous ne sommes clairement pas au niveau d’un The Witcher 3 : Wild Hunt dans la qualité de l’écriture, le travail réalisé à ce niveau par Guerrilla reste malgré tout dans le haut du panier dans le genre du jeu d’aventure open world. En conséquence, les quêtes fades et sans intérêt qui nous demandent à aller récolter un objet à un endroit précis du monde ne sont clairement pas légion, tant mieux !

Si le jeu s’inspire de la licence de CD Projekt RED en ce qui concerne son approche et son écriture, sa prise en main s’oriente davantage du côté d’un Tomb Raider ( les deux derniers épisodes ). L’impression est clairement palpable dans les touches à utiliser pour les actions et autres déplacements. Outre l’usage de l’arc en tant qu’équipement de base, les phases d’escalade utilisent le même approche que la série de Crystal Dynamics, en mettant en évidence des rebords de couleur jaune et autres surfaces écorchées pour donner de la visibilité à la progression à la verticale. De plus, il sera généralement nécessaire d’incliner uniquement notre stick analogique dans une direction pour qu’Aloy se déplace d’un rebord à un autre. Les déplacements sont fluide et les gâchettes nous permettent de sortir les armes et viser. Par ailleurs, notre belle rousse pourra d’équiper de divers équipements tels que des lance-câbles et autres frondes qui seront bien utiles par leurs capacités élémentaires.

Horizon Zero Dawn - 5. Horizon Zero Dawn - 6.

En effet, les combats se révèlent plus techniques qu’ils ne peuvent l’être à première vue. Si vous disposer d’une lance comme arme de base, la plupart des machines vous mettront au tapis en un rien de temps si vous optez pour l’attaque au corps-à-corps. Au lieu de cela, le jeu nous incite à jouer la carte de l’infiltration en nous cachant dans les hautes herbes, en utilisant des subterfuges pour attirer les ennemis afin de leur asséner un coup critique. Chaque machine ayant ses propres vulnérabilités, il conviendra d’utiliser notre focus pour en cerner les protections, ainsi que les types d’attaques auxquelles elles ne sont pas résistantes. Aussi, un arc puissant ne sera pas toujours le meilleur choix, certains ennemis se composant de renforts métalliques et d’une vulnérabilité au feu, la glace ou encore à l’électricité. En conséquence, il conviendra de faire sauter les protection en les visant spécifiquement, dévoilant au grand jour les zones plus faibles. Cette approche permet clairement de donner une dimension tactique aux affrontements, évitant ainsi la redondance des combats. De plus, au fil de la progression in-game, il sera possible de pirater les créatures, permettant de les rallier à notre cause pour affronter d’autres machines. Nous regretterons surtout les affrontements contre les ennemis humains qui se révèlent poussifs et ce, en raison d’une intelligence artificielle clairement décevante. De plus, les attaques au corps-à-corps manquent clairement d’impact, nous donnant l’impression de frapper dans le vent.

Un aspect RPG est également présent dans la consolidation de nos armes mais aussi des tenues - complètes, il n’y a pas de gestion de pièces d’équipement -, puisque certaines d’entre-elles disposent d’emplacements dans lesquels il est possible de disposer des pièces mécaniques qui viendront renforcer certains attributs comme le feu, l’attaque, ou encore la défense face à des attaques élémentaires par exemple. Une gestion de points d'expérience est également de mise, permettant de débloquer des points de compétence qu’il conviendra d’affecter à un arbre à trois embranchements. Ainsi, les habiletés d’Aloy s’enrichissent au fil du jeu, afin de gagner en flexibilité et efficacité dans ses déplacements ou dans les combats. Malgré tout, les mécaniques issues des jeux de rôle restent sommaires face à d’autres RPG du marché. Toutefois, cette intégration offre davantage de profondeur au gameplay. En dehors de la trame principale, de nombreuses quêtes secondaires, tâches et autres activités de chasse seront de mise dans la large zone du jeu, permettant d’agrémenter la durée de vie tout en évitant au maximum l’effet « quêtes FedEx ».

Horizon Zero Dawn - 7. Horizon Zero Dawn - 8.

Rise of the Machines

Clairement, Horizon : Zero Dawn séduit sur bien des aspects : son ambiance, son scénario plutôt appréciable, ses combats bien pensés et ses composantes RPG bien menées. La partie technique n’est clairement pas en reste avec une réalisation de très haute volée, assurant une incroyable immersion visuelle. La patte artistique est indéniable, confirmant que l’équipe de développement a du savoir-faire en la matière. Seuls les environnements intérieurs manquent de richesse, mais l’ensemble de la ( grande ) map du jeu se veut très variée et non avare en petits détails. La météo est également changeante, cherchant souvent à nous déstabiliser dans notre progression avec de violentes tempêtes, de fortes pluies et la gestion jour / nuit. L’ensemble est encore plus réussi sur PS4 Pro, avec quelques détails visuels additionnels – notamment en profondeur de champ – ainsi qu’un lissage plus important en raison d’un gain en matière de définition. En contrepartie, le titre affiche parfois des bugs graphiques qui bloquent parfois des PNJ et ennemis dans les décors ( rare, toutefois ), ainsi que des problèmes de pathfinding décidément inhérents au genre open world.

Horizon Zero Dawn - 9. Horizon Zero Dawn - 10.

La partie sonore n’est pas en reste avec de superbes thèmes musicaux fredonnés par Julie Elven qui laissent passer une certaine émotion ainsi qu’un aspect épique de la quête d’Aloy. Les bruitages sont de qualité, seule les doublages français sont – comme souvent – inégaux selon les personnages. Ainsi, nous vous conseillons de préférer la version anglaise qui se veut plus homogène.

Horizon : Zero Dawn

La nouvelle exclu PS4 par les développeurs de Killzone.

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Jeu open world oblige, un mot est nécessaire en matière de durée de vie. Clairement, Guerrilla nous a proposé un titre plutôt long, avec une quête principale durant une bonne vingtaine d’heures, sachant que quelques pics de difficulté rendent la progression difficile en ligne droite. Les nombreuses quêtes annexes et autres tâches à accomplir pour des PNJ permettront de pallier à cela, d’autant plus qu’elles se révèlent nombreuses. Si vous souhaitez terminer l’ensemble des objectifs, une bonne cinquantaine d’heures sera nécessaire, sans compter tous les terminaux, carnets et autres reliques à dégotter dans la pampa et dans les lieux souterrains. Précisons toutefois que ces informations textuelles supplémentaires n’apportent au final que peu d’intérêt en termes de complément d’information concernant l’histoire du soft. Dommage.

Horizon Zero Dawn - 11. Horizon Zero Dawn - 12.

+ Les plus

  • Esthétiquement très beau
  • Ambiance de qualité
  • Gameplay bien pensé
  • Grande liberté d'action
  • Bonne durée de vie

- Les moins

  • Intelligence artificielle parfois à l'ouest
  • Animations faciales inégales
  • Doublages français inégaux