'La 5G est là", clamait le groupe Qualcomm en décembre dernier, tout à la présentation de ses technologies mobiles et sans fil, alors que s'allument les premiers réseaux 5G commerciaux aux Etats-Unis, sans attendre de disposer des premiers smartphones qui n'arriveront que durant le premier semestre 2019.

5G logo 2019 sera l'année des premiers réseaux mobiles et les fabricants de smartphones teasent déjà sur leur capacité à fournir des terminaux de nouvelle génération, même si le CES 2019 de Las Vegas n'a pas servi de tremplin aux premières annonces, plutôt attendues sur le salon MWC 2019 de Barcelone en février.

Pour la France, 2019 ne sera que l'année d'attribution des fréquences de la 5G (vers le milieu d'année) avant les premiers déploiement attendus en 2020, dans quelques grandes villes.

Cependant, la 5G n'est pas seulement une question d'amélioration des débits et de réduction du temps de latence. Ses nouvelles capacités, avec une profonde transformation du fonctionnement des coeurs de réseau et des antennes, devenues plus intelligentes et adaptables, et une exploitation en profondeur des possibilités de l'IoT, doivent révolutionner l'industrie, à tel point que les observateurs parlent déjà de "quatrième révolution industrielle".

L'Europe en retard sur la 5G ?

Etre au coeur de ces changements est donc un enjeu d'importance pour les années à venir et passer à côté, c'est prendre le risque de se trouver à la traîne et de laisser d'autres profiter des opportunités qui s'ouvrent.

Pour l'institut Xerfi, qui a publié un rapport en octobre dernier sur les enjeux de la 5G, et dont La Tribune reprend les grandes lignes, la France a justement pris du retard, et pas seulement sur le processus de mise aux enchères des fréquences.

"Les entreprises françaises ne semblent pas s'approprier la 5G", relève l'étude, qui fait écho aux inquiétudes de l'Arcep de n'avoir vu de l'intérêt pour des expérimentations 5G que de la part des opérateurs télécom, quand les grands secteurs industriels et les infrastructures devraient s'y impliquer également.

Les questionnements de Sébastien Soriano, président de l'Arcep, en septembre dernier sur un risque de "déclassement" de l'Europe (et par extension de la France) par manque de traction et d'investissements prennent ici tout leur sens.

La Tribune relève que "c'est tout le tissu économique européen qui pourrait pâtir d'un retard de la 5G", d'autant que les entreprises internationales iront là où se trouve la 5G et ses opportunités.

Pour autant, les opérateurs télécom français font le dos rond, estimant que tant que les fréquences de la 5G n'ont pas été attribuées, ils ne peuvent aller de l'avant et doivent se contenter d'expérimentations à échelle réduite, même si certains, comme Orange, parlent de 2019 comme d'une année "pré-commerciale" pour la 5G.

De leur côté, les industriels attendent sans doute des solutions clé en main pour se lancer dans des déploiements. Ce qui ramène les responsabilités aux décideurs des pouvoirs publics et régulateurs. La boucle est bouclée...

Source : La Tribune