Du lourd en perspective

Vous avez choisi de vous intéresser à Too Human, attendez-vous à du lourd. On reproche souvent aux jeux vidéo de ne pas nous offrir assez de contenu, ici on aurait plutôt tendance à râler sur le fait qu'il y en a trop d'un coup. Jamais content direz-vous. Sans doute, mais il faut comprendre aussi que Too Human s'attaque à de nombreux aspects du monde des jeux vidéo et vous livre presque tout ça en vrac. Imaginez un peu les forêts de pins dans le sud de la France qui ont tendance à brûler à cause des friches. Ici, c'est un peu la même, il faut savoir défricher tout ce qu'il y a en trop et d'inutile pour ne garder que le meilleur. Et une fois que vous avez passé outre les branchages récalcitrants, vous tombez nez à nez sur un concept qui a toutes les chances de plaire.


Voilà donc le résultat final de sept années de tribulations. Too Human est là dans toute sa complexité. Mélange de jeu d'action, de hack'n slash, de RPG il y en a pour tous les goûts. Mais sur ce point, le titre arrive à combiner les genres d'une manière générale, c'est simplement quand il s'agit de rentrer dans les détails que l'histoire se complique.

Tout d'abord, le scénario. Vous serez frapper par le nombre de cinématiques contenues dans le jeu. Il fallait bien ça pour ne pas vous perdre en route. Vous serez donc plongé dans une histoire de dieux luttant contre des robots particulièrement hostiles à tout ce qui est humain. C'est donc la guerre dans ce bas monde, les humains essayant de lutter contre ces robots. Les Dieux sont heureusement leurs alliés et envoient sur terre un des leurs. Balder, le personnage que vous allez incarner, n'a en aucune façon l'allure d'un dieu telle qu'on peut l'imaginer. Il ressemblerait même plus à un GI Joe. Donc difficile pour le joueur de prendre la mesure de votre qualité et de votre puissance. Odin et sa clique auront bien du mal à se montrer crédibles.
Le jeu vous abreuvera de nombreuses cinématiques, histoire de ne pas trop vous perdre en route. Si au début, vous les suivrez avec attention, elles vous lasseront vite. D'une part pour leur longueur, d'une autre par un côté trop surjoué. On vous perdra un peu plus avec un autre monde, celui des Nornes qui viendra rajouter à la complexité. Bref, accrochez-vous


Après une longue cinématique, qu'on vous déconseillera de passer si vous ne voulez pas être perdu dans l'histoire dès le début, le titre vous demandera de créer votre héros (Balder), et de choisir sa classe. Vous aurez le choix entre un Champion (aux compétences équilibrées), un Défenseur, un Bersek (pour le combat rapproché), un Commando et un Ingénieur Bio. En fonction de votre choix, vous n'aurez forcément pas la même perspective de jeu et devrez développer au fil de l'aventure des compétences particulières. Les habitués du genre ne seront pas perdus devant l'arbre de compétences, dans lequel vous distribuerez des points. Vous pourrez donc créer un combattant de toutes pièces en fonction de vos attentes et désirs de jeu.


Du côté de l'action

Si le scénario est un peu épineux, vous aurez vite compris, dès la première vague d'ennemis qui va vous tomber dessus, que l'essentiel du jeu tiendra dans les combats. La prise en main des commandes se fait rapidement. Les gâchettes vous serviront à tirer avec des armes à feu, le stick analogique droit à vous servir d'une arme de corps à corps. Tous les boutons sont donc attribués à une commande en particulier, sauf à la caméra.
Les développeurs ont voulu une caméra différente de ce qu'il se fait en général. D'une simple pression, vous pourrez avoir une vue rapprochée ou au contraire une vue plus éloignée. Pas toujours très pratique. Vous n'aurez donc aucune liberté pour regarder autour de vous, faire le tour de l'environnement. Le titre gère de lui-même les mouvements de caméra. Il vous fera vivre d'ailleurs de très jolis plans, juste pour que vous puissiez admirer le décor en passant. Mais elle n'en fera qu'à sa tête au moment des combats et se montrera particulièrement gênante.


Autre souci tout aussi dérangeant : la visée. En plein combat, alors que vous vous retrouvez au milieu d'ennemi, c'est le titre qui se charge de viser l'un d'entre eux. Et ce n'est bien évidemment pas celui qu'il faut tuer en premier. Il sera donc difficile de décider par vous même, le titre se montrant vraiment récalcitrant sur ce point. Ce qui sera d'ailleurs à votre désavantage puisque vos adversaires prendront un malin plaisir à vous mitrailler alors que vous combattez leurs collègues... Vous frappez donc dans le tas sans trop réfléchir ramassant ici et là des power up bienvenus et quelques pièces d'équipement.


Vous évoluerez dans les niveaux de façon très linéaire. Jamais vous ne serez amené à explorer les environnements si ce n'est quelques coins où sont disséminés divers objets. Les Nornes vous feront découvrir quelques pièces cachées renfermant encore quelques objets. Dans l'ensemble, les environnements finissent par tous se ressembler même si visuellement ce n'est pas le cas. Mais ils sont construits de tels façons qu'ils en deviennent prévisibles. Vous vous sentirez donc rapidement à l'étroit malgré des décors assez vertigineux. On aurait aimé disposer d'un peu plus de liberté, surtout dans nos mouvements lors des combats.


La personnalisation

En revanche, là où vous serez libre de faire ce que vous voulez, c'est bien dans la création de votre personnage. Après le choix de la classe et les différents points à répartir dans l'arbre de talent, il vous faudra encore penser à équiper votre personnage avec différentes pièces d'armures et d'armes.
Dans un premier temps, vous pourrez vous équiper avec tout ce que vous avez ramasser en cours de partie. A raison de quatre ou cinq éléments de décors détruits, vous aurez largement de quoi faire, le but étant d'améliorer les performances de votre héros. Du casque aux gants en passant par les chaussures, vous devrez vous occuper du look de Balder. C'est donc à cette tâche que vous passerez le plus clair de votre temps sur le jeu. Afin d'optimiser chaque fois un peu plus votre dieu vivant, vous accumulerez les allers et retours dans les menus. Les caractéristiques sont très clairement indiquées, les connaisseurs se délecteront de ce système très poussé et simple à la fois.


Le jeu pousse la personnalisation un peu plus loin en intégrant un système de runes à intégrer dans les pièces d'équipement. Ensuite, vous pourrez jeter un œil du côté des charmes. Pour finir la personnalisation le jeu vous demandera en cours de partie un choix d'alignement. Attention, si l'arbre de talent peut être refait à loisirs moyennant finances, votre alignement sera définitif. A vous donc de choisir entre la voie cybernétique ou la voie humaine. Pas d'inquiétude, le jeu vous expliquera en temps en heure ce à quoi cela correspond.


Votre récolte ne sera pas l'unique source de votre équipement. Au détour de la partie, vous découvrirez une boutique. C'est ici que vous dépenserez votre butin plus ou moins difficilement acquis dans des pièces que vous prendrez là encore le soin de choisir. Les amateurs de RPG apprécieront tant de point à peaufiner et ce personnage à optimiser. Point de défauts à relever dans ce domaine, les développeurs y ayant apporté un soin tout particulier.

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Conclusion

Too Human est un titre dépaysant, captivant parfois, mais aussi déroutant. Le concept sur papier est bon, son application à l'écran nettement plus compliquée. Le scénario se montre réellement original, mais quelque peu dense et mal mis en avant. Les cinématiques à foison ont bien du mal à nous tenir en haleine.
On ne sait pas vraiment où donner de la tête dans ce jeu. Se contenter de suivre l'aventure telle qu'elle découle et optimiser notre personnage au fur et à mesure nous donne l'impression de rater encore quelque chose. Pourtant l'essentiel du jeu est là.

Il y a donc du bon et du mauvais dans ce jeu. S'il faut trancher, le titre mérite tout de même l'attention des joueurs, surtout celle des fans de RPG. N'oublions pas non plus que ce volet est sensé être le premier d'une trilogie et il se peut que sa suite se bonifie avec le temps. Pour un premier coup d'essai, le titre n'a pas à rougir. Les développeurs semblent avoir voulu bien faire, trop peut-être, en ajoutant des éléments plus qu'il n'en fallait. Ceux qui attendaient un excellent titre seront déçus. Les joueurs les plus ouverts et les plus conciliants y trouveront leur compte.

Too Human est disponible à partir de 58,78 €.

+ Les plus

  • Un côté RPG bien pensé
  • Clarté des menus

- Les moins

  • Frame rate
  • Système de caméra
  • Absence de visée personnelle