Cela fait plus d'un an et demi que le régulateur européen rassemble des éléments prouvant que les équipementiers télécoms chinois s'adonnent au dumping de leur produits pour gagner rapidement des parts de marché et écraser la concurrence.

Parti d'une plainte (annulée depuis) concernant les prix cassés de modems 3G des équipementiers Huawei et ZTE, qui contrôle plus de 80% du marché en Europe, l'examen des éléments rassemblés suggère que les acteurs chinois ont vendu leurs produits à des tarifs 35% plus bas que leur valeur réelle, selon le Wall Street Journal, avec le soutien du gouvernement chinois et de banques ouvrant d'importantes lignes de crédit.

Pendant que ZTE vient d'obtenir de la China Development Bank une seconde énorme ligne de crédit de plusieurs milliards de dollars ( après une première en 2009 ), les équipementiers européens Alcatel-Lucent et Nokia Siemens Networks bataillent pour survivre à coups de plans sociaux et de réorganisations.

Mais maintenant que les bases pour lancer une procédure sont suffisamment solides, la Commission européenne hésiterait à donner une suite et à attaquer directement les équipementiers, au risque de compliquer les relations économiques avec ce partenaire indispensable qu'est la Chine.


Des principes à la réalité
Europe logo pro  D'un autre côté, sans une action correctrice et surtout protectrice, les sociétés européennes seront inéluctablement poussées vers une sortie rapide du marché. Problème, aucun des acteurs européens n'a formellement déposé de requête auprès de la Commission européenne de crainte de voir leurs activités en Chine freinées.

Si la Commission européenne devait lancer une procédure, ce serait sans plaignant officiel et de son propre chef, constituant une première que le gouvernement chinois aurait tout loisir de considérer comme une initiative hostile de principe à son égard, sans réelle justification, et de retourner la situation à son avantage.

Il y a enfin le fait qu'une procédure contre les équipementiers pourrait avoir des conséquences allant bien au-delà de la seule question du dumping. L'Europe a largement accueilli depuis des années les équipementiers chinois qui y ont installé des centres de recherche et noué des liens forts avec les entreprises européens, et contribuent à générer des emplois et de la croissance dans le secteur, constituant des ensembles fixant d'autres entreprises high-tech dans le paysage économique européen.

Autant dire qu'il existe de nombreux moyens de pression qui réduiraient à néant les effets d'une plainte pour dumping, voire pourraient contribuer à affaiblir encore le secteur par effet domino.