Si l'on en croit des documents interne récemment mis au jour, Dell aurait eu dès l'automne 2005 de sérieux soupçons sur la qualité des batteries que lui fournissait Sony, mais n'aurait pas pris la mesure du problème. 


Avertissement à voix basse
En novembre 2005, plusieurs échanges de mémos faisaient état, au sein de l'état-major de Dell Computer, de soucis concernant la bonne santé des batteries dont le premier fabricant mondial de PC équipait sa production. A l'époque, Dell aurait estimé le nombre d'accessoires défectueux à seulement 22.000, et tablé (à tort, apparemment...) sur une réaction de son fournisseur, Sony. Presqu'un an après, on sait ce qu'il en est advenu. On ne peut pourtant pas jeter la pierre à Dell, qui dès qu'il a eu connaissance du problème, a rempli ses obligations vis-à-vis des autorités américaines, allant même jusqu'à envoyer une note d'information à la commission fédérale chargée des questions de consommation. Cette dernière avait d'ailleurs accusé réception du message en ces termes : "Merci pour votre rapport complet du 10 novembre 2005, dans lequel vous nous indiquez, au nom de Dell Inc., que certaines batteries ion-lithium fabriquées pour votre société pourraient contenir des particules métalliques libres, lesquelles pourraient occasionner des court-circuits. Ces derniers pourraient à leur tour résulter en une hausse exagérée de la température de fonctionnement, un dégagement de fumée, voire de flammes, à l'intérieur du boîtier de batterie, voire, dans certains cas, en un risque de brûlure pour l'utilisateur."


Petite grosse, gros effets
La suite est connue : le 16 décembre 2005, Dell lançait officiellement un rappel sur 22.000 batteries pour PC portables de marque Sony, équipant des machines fabriquées entre le 5 octobre 2004 et le 13 octobre 2005 ; le 15 août dernier, Dell reconnaissait finalement--après l'explosion de l'un de ses portables en Asie--que le rappel porterait sur plus de 4 millions de batteries, et que la période de production des machines doûteuses s'étendait d'avril 2004 à juillet 2006. Pourquoi un tel retard dans la reconnaissance d'un problème de sécurité aussi grave ' Dell indique que plus il avait connaissance de cas de batteries défectueuses, plus il avait de données à examiner, ce qui ralentissait d'autant la solution du problème, tout en reconaissant que cela lui permettait aussi de mieux situer les causes du mal.

Aujourd'hui, Dell reconnaît avoir eu connaissance de ces soucis depuis plus d'un an, mais déclare avoir eu du mal à évaluer l'étendue des dégâts. Il lui aurait également fallu du temps pour bien situer d'où provenait le problème, avant d'initier un rappel de modeste ampleur, ce qu'est d'ailleurs peut-être aussi en train de faire Hitachi. Par ailleurs, il n'est pas exclu que Dell ait surtout essayé de couvrir ses arrières en portant l'affaire à la connaissance de la commission de surveillance des affaires de consommation, ce qui lui aurait permis de négocier en position de force dans le cas d'une éventuelle action en justice. Ladite commission ne fait d'ailleurs aucun reproche au premier fabricant mondial de PC, indiquant qu'il a satisfait à ses obligations en déclarant le problème. Il n'empêche que si Dell avait fait preuve d'un peu plus d'empressement à faire connaître de ses déboires, d'autres marques auraient peut-être eu la puce à l'oreille plus tôt. Il n'est d'ailleurs pas exclu que certains protagonistes malheureux, comme IBM/Lenovo ou Apple, s'exprime sur le sujet, dans les prochains jours...