Alcatel-Lucent logo La fusion des activités du français Alcatel et de l'américain Lucent devait aboutir à un géant des télécoms capable de résister à la forte pression existant sur le secteur de l'équipement et des infrastructures de télécommunications.

Le groupe Alcatel-Lucent, officiellement créé en décembre 2006, devait réunir le meilleur de leur savoir-faire et créer les synergies propres à renforcer des activités que les deux sociétés n'auraient pu mener seules.

C'est en tous les cas le discours classique affirmé à chaque grande fusion et justifiant généralement les plans de licenciement destinés accompagnant le rapprochement des différentes branches d'activité.

Chez Alcatel-Lucent, sous la direction de Patricia Russo ( ex-dirigeante de Lucent ) et de Serge Tchuruk, chargés d'assurer la phase de transition, les suppressions d'emplois, notamment en France, ont été sévères, entraînant plusieurs mouvements sociaux d'ampleur.

Par ailleurs, le groupe a été confronté au rapprochement entre Nokia et Siemens via la formation de l'équipementier Nokia Siemens Networks, survenu quelques mois seulement après Alcatel-Lucent, puis à la forte concurrence des équipementiers chinois, ZTE et Huawei, très agressifs sur le marché européen et dans les pays émergents.


Des résultats pas à la hauteur des attentes
Entre les difficultés pour digérer la fusion et le renforcement de la concurrence sur la plupart de ses secteurs d'activité, les résultats ont eu du mal à suivre et la dette s'est creusée, malgré les efforts de stabilisation par des plans de réduction des coûts.

Un an et demi après, le bilan de l'après-fusion n'était pas brillant et les résultats des synergies espérées loin d'être acquis. Le changement de direction intervenu en septembre 2008 a eu pour but de faire oublier cette période difficile et de tenter de relancer l'activité...alors que la crise économique mondiale commençait à faire sentir ses effets.

En annonçant de nouvelles suppressions d'emplois en France la semaine dernière, ce qui devrait concerner 850 postes sur le territoire sur deux ans, mais aussi plusieurs centaines de postes détruits dans le reste de l'Europe, Alcatel-Lucent poursuit son dégraissage.

L'annonce a incité les salariés du groupe sur le site de Sophia Antipolis ( région niçoise ) à se mettre en grève tandis que le ministre de l'Industrie, Christian Estrosi, est monté au créneau pour assurer qu'il n'y aurait aucune fermeture de site en France.

Pour autant, celui-ci s'est montré critique à l'égard du groupe dans une interview sur la radio France Info, évoquant des erreurs de stratégie, et notamment celle d'avoir racheté Lucent. Erreurs qui freinent la croissance de l'équipementier et l'obligent à un subtil jeu d'équilibre pour se maintenir.