Imaginez que, dans un futur plus ou moins proche, vous vous retrouviez à court d’espace de stockage sur votre appareil nomade. Et là, votre premier réflexe serait d’injecter quelques milliards de virus biologiques afin d’ajouter de la mémoire !


Virus mosaique tabac small


En gros, voilà ce que peuvent laisser penser les travaux de certains chercheurs américains qui, avec quelques virus de la mosaïque du tabac, ont pu fabriquer des mémoires électroniques. Rien que ça.


Quelle mémoire !
Ces mémoires techno-organiques donc, sont non-volatiles, tout comme la mémoire flash qui, elle, s’est démocratisée assez vite. Si bien qu'on la retrouve sur divers appareils nomades, des plus utiles aux plus « geeks ». Ainsi, un jour les mémoires électroniques « à base de » virus pourraient servir dans des circuits biocompatibles.

A l’heure qu’il est, l’équipe du Pr. Yang Yang de l’Université de Californie, n’est qu’au stade des études de faisabilité. Or, l’assemblage a déjà donné ses premiers signaux électriques !

Le fonctionnement de ce dispositif pour le moins original est assez simple : ces virus, petites baguettes de plusieurs centaines de nanomètres de long pour 17 de diamètre abritant une molécule d’ARN (qui joue le même rôle que notre ADN), sont inclus dans une matrice en polymères et pris en sandwich entre deux grilles d’électrodes. Des nanoparticules de platine ont été auparavant dispersées sur les virus (environ 16 par individu).


Barrette memoire small


Dès lors, en appliquant une tension électrique autour de ce transistor véritablement naturel, des électrons sont arrachés à l’ARN, traversent la coque protéique du virus et s’accrochent sur le platine. Ce qui donne bien sûr un circuit complet (à l’état ON), circuit qui conserve cet état même sans alimentation électrique. Si une tension différente est appliquée, les électrons effectuent le chemin inverse, retournant sur l’ARN. La cellule mémoire passe sur Off.


Mémoire virale
Comme on peut le voir, ce dispositif est agencé de la même manière que la mémoire dite Flash, dans laquelle une charge électrique est piégée dans un petit volume. « L’ARN joue le rôle de donneur d’électrons, explique Yang Yang, et la coque protéique de barrière retenant la charge d’un côté ou de l’autre ».

De plus, le temps d’accès, c'est à dire la durée nécessaire pour faire basculer cette cellule mémoire d’un état dans un autre est de l’ordre de la microseconde, comparable à celui des mémoires Flash.

En se basant sur leurs premières conclusions, les chercheurs voudraient désormais faire de leur montage un véritable circuit avec contrôleur avec une consommation électrique acceptable, et espèrent produire dans quatre ans des puces comportant plusieurs millions de virus.


Virus mosaique tabac 2 small


N’ayez crainte, il ne s’agit pas pour autant d’installer dans les clés USB ou les appareils photos numériques l’agent infectieux d’une maladie du tabac. Cette synthèse techno-organique pourrait par exemple servir à réaliser des appareils intégrés à des tissus biologiques pour des applications thérapeutiques ou, plus généralement, pour réaliser des circuits biocompatibles.

Alors, sur qui parier, la nanotechnologie ou la viro-informatique '

Vous trouverez plus d’infos, en anglais, sur ce site.
Source : New Scientist