Kouchner-Chine-Google Bernard Kouchner n'est pas loin d'avoir déclaré sa flamme à Internet dans une tribune publiée par LeMonde.fr. Sans occulter les dérives de cet outil de communication, il estime que l'Internet est avant tout " l'outil le plus formidable de mise à bas des murs et des frontières qui enferment ". Selon le ministre français des Affaires étrangères, Internet est un espace qui garantit la liberté d'expression et doit être préservé en tant que tel.

Sans jamais mentionner un seul pays - la diplomatie reste de rigueur -, Bernard Kouchner fait allusion à la tentation répressive de certains États : " Le nombre de pays qui pratiquent la censure sur Internet, qui surveillent et punissent les internautes pour délits d'opinion, progresse à un rythme inquiétant. Internet peut se retourner contre le citoyen, devenir une source de renseignement redoutable pour traquer en amont l'opposant potentiel. D'ores et déjà, certains régimes se dotent de technologies de surveillance de plus en plus sophistiquées ".

Pour rappeler les États à l'ordre et les confronter à leurs déclarations officielles d'un Internet synonyme d'outil de liberté d'expression, Bernard Kouchner préconise la création d'un instrument international afin de " suivre les engagements pris par les États et de les interpeller quand ils manquent à leur parole ". Il pense également à un " code de bonne conduite pour l'exportation de technologies destinées à censurer et traquer les internautes ". On sait par exemple que la technologie utilisée pour la cybermuraille de Chine vient d'outre-Atlantique.

Le ministre français va même plus loin et souhaite donner " une traduction juridique à l'universalité d'Internet, lui conférer un statut qui le rapproche d'un espace international, afin qu'il soit plus difficile pour les États répressifs d'utiliser l'argument de la souveraineté contre les libertés fondamentales ". Un projet qui sera pourtant bien difficile à mener, concède-t-il.

Pour Bernard Kouchner, une " bataille d'idées est engagée " et oppose les " tenants d'un Internet universel, ouvert, fondé sur la liberté d'expression et d'association, sur la tolérance et le respect de la vie privée ", à ceux " qui voudraient transformer Internet en une multiplicité d'espaces fermés et verrouillés au service d'un régime, d'une propagande et de tous les fanatismes ".