Un porteur de cristal arrogant

Initiée sur GameCube, la série Final Fantasy Crystal Chronicles s'est vite imposée en tant que série marginale aux épisodes principaux, tant au niveau de l'univers qu'en terme de gameplay. En effet, cette série a proposé un background bien particulier qui sera utilisé dans tous les épisodes uniquement parus sur les consoles de Nintendo. De plus, les développeurs ont décidé de proposer un gameplay plus dynamique, basé sur les combats en temps réel. Néanmoins, le spin-off a rapidement perdu en intérêt, au vu du contenu parfois creux qui repose trop sur l'aspect multijoueur. Ces défauts ont été retenus, afin d'apporter une production plus en adéquation avec les attentes des joueurs. Final Fantasy Crystal Chronicles : The Crystal Bearers se matérialise donc comme l'aboutissement de la nouvelle direction de la série. Il s'agit d'un jeu de rôle bercé dans l'aventure majoritairement solo et couplé d'un univers assez vaste et relativement ouvert.



Le scénario de l'épisode demeure toutefois assez simple à appréhender. Le jeu se déroule dans un monde qui revit suite à la fin de la Grande Guerre qui opposait plusieurs races : les Clavat caractérisés par une race humaine particulièrement pauvre, les Selkie qui mènent une vie errante, les Lilty qui disposent d'une culture et d'une civilisation très développée, et enfin les mystérieux Yukes qui ont disparu du monde suite à leur défaite. L'aventure nous place dans la peau de Layle, un jeune Clavat unique en son genre puisqu'il s'avère être un « porteur de cristal », statut qui lui a été attribué en raison de son don de télékinésie très développé. Ce pouvoir n'est pas réellement un avantage pour Layle puisqu'il est ainsi rejeté par la population, tel un incompris. Le jeune homme ne perd pas pour autant espoir et, aidé de sa forte personnalité, se moque bien du regard des autres. Il se contente d'exercer son travail d'escorte en compagnie de Keiss, son coéquipier d'origine Selkie.

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Son aventure prend un tout autre tournant lors d'une mission au cours de laquelle des monstres surgissent de nulle part. S'élançant des cieux, Layle utilise ses pouvoirs cristallins pour rétablir l'ordre, jusqu'à ce qu'il tombe nez à nez avec un membre des Yuke. Intrigué de son existence, le jeune homme va poursuivre sans relâche cette nouvelle cible en proie à des éclats de cristal pour accomplir d'obscurs desseins. C'est avec l'aide de Keiss et de l'agaçante Belle (une journaliste rencontrée lors de la première mission) que notre blondinet partira en quête de sa cible, offrant ainsi une épopée dans toutes les régions du monde afin d'obtenir des indications sur les prochains lieux où son destin croisera celui du Yuke, surnommé « cafetière d'or » en raison de son étonnante apparence.



Cette incursion dans l'histoire est construite de manière à laisser une place importante à l'aventure et à l'exploration de nombreux environnements. Ne vous attendez pas à ce que le scénario soit très creusé ou centralisé sur les personnages clés au jeu, puisque les développeurs se sont assurés à proposer un cheminement acidulé sous l'emblème de l'innocence et de la découverte. Si nous aurions apprécié avoir bon nombre de détails sur le passif du royaume, voire une meilleure implication des protagonistes récurrents à l'aventure, le parti pris demeure très digeste et surtout nettement plus développé que les précédents épisodes de la série. Toutefois, de nombreux petits détails sur la nature des lieux fréquentés s'afficheront dans une barre déroulante en cours de jeu, dans le bas de l'écran. Ce choix demeure judicieux afin de fournir une meilleure empreinte des endroits visités, tout en évitant de se cloîtrer dans d'innombrables cut-scenes. En sus, de nombreux journaux et autres lettres distribuées par le mog-facteur permettront d'avoir un suivi des PNJ rencontrés au fil de la partie.

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Plus aventure que RPG

L'équipe de développement de Final Fantasy Crystal Chronicles : The Crystal Bearers a désiré apporter un gameplay totalement en marge des autres épisodes de la série. S'orientant toujours sur l'action en temps réel, le titre s'émancipe de toute arme. En effet, Layle disposera de sa main comme seul et unique outil, dans l'optique d'utiliser ses pouvoirs télékinésiques. Concrètement, il lui suffit de tendre son bras vers une cible pour que cette dernière puisse être contrôlée (soulevée du sol, projetée dans diverses directions). Cette faculté peut être appliquée sur les ennemis, mais également sur les nombreux objets qui jonchent les lieux que vous emprunterez. Les endroits dans lesquels rôdent des monstres sont d'ailleurs très souvent parsemés de nombreux éléments interactifs. Cette disposition offre au joueur la possibilité d'utiliser n'importe quel objet comme arme à projeter sur les affreux.



Dans les faits, le système se base totalement sur le pointage à la Wiimote. Un viseur à l'écran servira de base pour contrôler divers éléments du décor, en appuyant sur la gâchette B. Souvent, il sera utile de maintenir la touche enfoncée pour que le verrouillage soit total. Le pouvoir de télékinésie étant plus ou moins actif selon la distance entre Layle et sa cible, il sera parfois nécessaire de se rapprocher au maximum afin d'agir efficacement. Dès l'objet ou l'ennemi sous votre contrôle, il suffit de secouer la Wiimote dans une direction : incliner vers le haut permet d'emprisonner provisoirement sa cible, tandis qu'incliner la Wiimote vers la droite, la gauche ou le bas ne se contente que de produire une projection vers la direction désignée. Certains ennemis plus coriaces nécessiteront plusieurs tentatives afin de pouvoir être contrôlés. Pour faciliter les choses, il sera utile de leur jeter tous les objets qui vous passe sous la main.

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Si le concept peut paraître original, il est cependant loin d'être intéressant sur le long terme. En effet, le pouvoir détenu formera la seule et unique possibilité de combattre les ennemis. Cette restriction est d'autant plus ressentie que le gameplay ne s'enrichit aucunement au fil de votre avancée. Les seules customisations possibles ne s'effectuent que par le biais d'améliorations de votre  état (attaque, défense,  efficacité en capture, portée du pouvoir et taux de chance), qui se matérialisent sous la forme d'accessoires. Afin d'obtenir ces derniers, il faudra passer par les boutiques tenues par des mogs. Certaines permettent d'acheter directement les objets voulus (à des prix assez élevés), tandis que d'autres offriront des matériaux. Ces derniers sont très importants puisqu'il permettent d'être synthétisés pour produire des boucles d'oreilles, anneaux et autres amulettes qui boostent vos statistiques. Comme les Gils ne sont pas légion dans l'aventure (uniquement par le biais de coffres, ou en faisant les poches de certains Lilty riches), la meilleure façon d'obtenir des matériaux sera de combattre des monstres, ainsi que de supprimer les courants de miasme produits dans les zones infestées par le mal. Pour les détruire, il suffit simplement d'exterminer l'ensemble des ennemis de la zone. Seulement, le miasme disparaît de lui-même au bout de quelques instants, ce qui laisse une marge de manoeuvre à la fois réduite et terriblement agaçante puisqu'aucun indicateur de temps ne s'affiche à l'écran.

Question originalité, le titre s'émancipe du système de niveaux, annihilant ainsi toute possibilité d'accumulation d'expérience et autres phases de « levelling » que les amateurs de RPG apprécient tant. Dans le même esprit, point de barre de MP, les HP sont quant à eux remplacés par de petites gemmes vertes assez illisibles. Si Layle peut être atteint d'altérations d'état, elles ne peuvent pas être éradiquées par le biais d'un objet de l'inventaire. Pour regagner de la vie, il sera nécessaire de trouver des fruits dans les arbres. Bref, tout ces petits détails offrent au jeu un écartement du RPG tel qu'on le connaît, pour s'acoquiner avec les traits du jeu d'action / aventure.

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Un univers enivrant, un confort agaçant

Si la prise en main de ce nouveau FFCC se voulait théoriquement pertinente, force est de constater que le résultat final est assez loin de nos attentes. Peu ergonomique, le jeu tend à nous tordre les doigts. Les déplacements de Layle s'effectuent certes efficacement à l'aide du stick du Nunchuk, mais la caméra doit être continuellement repositionnée. Le principal souci provient du fait qu'il faille régulièrement incliner l'angle de vue à l'aide de la croix directionnelle de la Wiimote. En plein combat, paramétrer systématiquement la caméra tout en appuyant sur la gâchette demeure un véritable calvaire après quelques heures de jeu, si bien que l'on perd en intérêt. Bien sûr, il est possible d'appuyer sur la touche Z du Nunchuk pour recadrer la vue derrière le personnage, mais la rotation s'avère si brusque qu'elle a tendance à déboussoler le joueur. L'aventure se ponctue également de nombreux mini-jeux qui se révèlent de qualité variable. Si certaines activités telles que le shoot aérien et la course-poursuite en chocobo du début du jeu se révèlent agréables, d'autres en revanche se veulent moins précises et moins accessibles (la scène d'infiltration du train par exemple). Au final, ces phases de jeu se révèlent absolument dispensables. Toutefois, les sessions à dos de chocobo (rappelant vaguement FFIX avec la possibilité de creuser) et la pêche se veulent plutôt intéressantes.



L'un des principaux attraits de l'épisode se matérialise dans l'univers ouvert, permettant de passer d'un environnement à l'autre de façon très naturelle, afin de découvrir de nouveaux secrets ou de s'apercevoir des quelques modifications intervenues entre temps. Seulement, il demeure assez difficile de s'orienter puisque la seule carte affichée - dans le menu mission - ne propose aucune réelle indication sur les lieux. De ce fait, il n'est pas rare de perdre son itinéraire de vue. Toutefois, un mog aventurier sera présent à des endroits stratégiques du jeu, afin de vous préciser la direction à suivre. Soulignons également que le titre regroupe quelques villes, mais très peu d'interactions. En effet, il ne sera pas possible de converser avec une bonne majorité des PNJ présents, seuls quelques protagonistes clés (indiqués par une icône en forme de bulle) seront disposés à vous parler. À noter que selon les actions que vous mènerez au sein de la ville, les autochtones viendront vers vous par admiration, seront furieux, ou fuiront. Ce concept rappelle fortement Fable II, même si les possibilités ne sont ici que de surface.

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Pas bien long à clôturer, l'épisode offre toutefois aux amateurs de défis de récolter l'intégralité des médailles du jeu. Ces dernières s'obtiennent selon les actions que vous effectuerez dans le jeu. Certaines petites quêtes introduites par les articles de journaux disséminées dans le jeu permettront d'en récolter, mais aussi par différentes façon d'exterminer un ennemi. Toutefois, le titre brille par sa réalisation graphique de haut vol et diablement riche en détails, en particulier au niveau des textures. Ainsi, la visite des villes telle que la Capitale se veulent très agréable, d'autant plus que l'ensemble est servi par des couleurs admirablement choisies. Qui plus est, le rendu est suffisamment optimisé pour s'émanciper en grande partie des temps de chargement. La bande son, signée Hidenori Iwasaki et Ryo Yamasaki est savamment originale, variée et suffisamment riche en nouvelles sonorités pour convaincre ses auditeurs. Les deux compositeurs avaient déjà fait leur preuves ensemble dans des OST telles que celle de Legendof Mana , Final Fantasy XI et divers épisodes de Front Mission.

Final Fantasy Crystal Chronicles : The Crystal Bearers se présente comme un projet en marge des autres opus de la série. S'appuyant sur un univers assez vaste, une réalisation graphique de qualité et un gameplay adapté aux contrôleurs de la Wii, l'opus avait tout pour convaincre. Or, la prise en main se présente trop inconfortable en raison d'une certaine rigidité, ainsi qu'une absence totale d'évolution de notre personnage. Ainsi, les possibilités de combat demeureront les mêmes du début à la fin de l'aventure qui, de toute manière, ne dépassera guère la douzaine d'heures. En abandonnant de nombreuses fonctionnalités qui formaient le coeur du RPG japonais, la production de Square Enix s'oriente davantage vers l'aventure en plaçant l'exploration en fer de lance. Bref, le titre se présente comme une production correcte, même si nous étions clairement en droit d'attendre un résultat nettement plus approfondi.

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+ Les plus

  • Réalisation graphique de qualité
  • Thèmes musicaux variés et riches en sonorités
  • Liberté de déplacement dans les environnements

- Les moins

  • Prise en main souvent inconfortable
  • Durée de vie minimaliste
  • Pas d'évolution du personnage
  • Mini-jeux parfois mal conçus