Et il semblerait que le nouveau pape rejoint benoîtement la cohorte des Boris Johnson, Jack Thompson, Joseph Lieberman, croisés adeptes de l’alter-flagellation, i.e., surtout celle des gamers et fans de GTA, pour ne citer que le plus « honni et immoral » des jeux vidéo. Bien sûr, il ne fallait pas s’attendre à un dithyrambe de la chose videoludique.

Ludus malum est
Encore moins de la part de Benoît XVI qui s’est distingué de feu son prédécesseur par ses positions souvent inflexibles sur maints sujets délicats. Le chef de l’église vient d’ailleurs de décliner ses idées précises lors d’un message annuel qui a cette année pour thème « Les enfants et les médias : un défi pour l’éducation ».

Pour aller directement à ce qui nous intéresse vraiment, i.e., les jeux vidéo, le plus candide d’entre vous aura deviné que ledit pape a littéralement « enflammé » les convives en convoquant le thème archi-resucé de la violence dans les jeux vidéo sur le bûcher discursif. Tout cela partait bien entendu d’un bon sentiment : « le thème de la 41ème Journée mondiale des communications sociales [...] nous invite à réfléchir sur deux sujets de très grande importance, qui ont un lien entre eux : tout d’abord la formation des enfants ; puis le second, peut-être moins évident mais tout aussi important, la formation des médias ».


Le Beau, le Vrai et le Bien
Enoncé le 24 janvier dernier, i.e., le jour de la fête de Saint François de Sales [célèbre prédicateur  (1567-1622) qui réussit à convertir nombres de Protestants et hérétiques. Comme ces derniers refusaient d'assister à ses sermons, il les (les sermons bien sûr…) fit imprimer sur des feuilles volantes pour les distribuer à la population, ce qui à l'époque était une innovation majeure dans la communication. Pour cette raison, l'Église romaine a fait de lui le saint patron des journalistes et des écrivains, célébré le 24 janvier), le discours de Benoît XVI propose un jugement de valeur sur ce qui serait convenable ou pas pour la jeunesse catholique, tout cela bien évidemment sous le thème du rôle des nouveaux médias par rapport aux « voies du beau, du vrai et du bien ».

Car il ne faut pas oublier que « la beauté, telle un miroir du divin, inspire et vivifie les cœurs et les esprits des jeunes, alors que la laideur et l’indécence ont un impact avilissant sur les attitudes et les comportements ». La même rhétorique que Jack Thompson, la vulgarité en moins.

Pour revenir aux jeux vidéo, le discours de Benoît XVI est sans équivoque : « tout en étant assurés que beaucoup de personnes engagées dans les communications sociales veulent agir de manière droite, nous devons également reconnaître que les personnes qui travaillent dans ce domaine sont confrontées à des pressions psychologiques spéciales et à des dilemmes moraux. [...] Toute tendance à réaliser des programmes et des productions – y compris des films et des jeux vidéo – qui, au nom du divertissement, exaltent la violence et qui dépeignent un comportement antisocial ou qui avilissent de la sexualité humaine, constitue une perversion, perversion d’autant plus répugnante quand ces programmes s’adressent à des enfants et à des adolescents ».

La preuve que le débat sur les jeux vidéo et la violence est loin d’être clos. Un peu de mesure des 2 côtés ne serait pas superflu. A méditer.