Test Ninja Gaiden Sigma

Introduction

Ah, les bons vieux jeux à l'ancienne (pléonasme), les prises de tête à n'en plus finir, les lancers de manettes à travers la pièce... comme tout cela peut manquer au joueur qui a connu des temps pas si lointains ou finir un jeu n'était pas qu'une question de temps. Oui, cela peut étonner les plus jeunes ou les moins habitués, il fut une époque où le jeu vidéo se plaisait à torturer ses aficionados en lui proposant des titres qui faisaient friser la crise de nerf tant la difficulté se révélait ardue. Mais voilà, à l'époque, les limites de la technique pouvaient justifier cela tant la capacité de contenu et les approximations de jouabilité étaient criantes.



Alors faire un jeu "à l'ancienne" de nos jours tenait à peu près autant de l'anachronisme le plus total que tenter de filer une Master System premier jus à un gamin de 10 ans. Le risque de se retrouver le bec dans l'eau était énorme. C'est donc à ce dilemme qu'ont été confrontés les développeurs de Tecmo lorsqu'ils se sont lancés une première fois dans l'aventure Ninja Gaiden en 2004 : faire un jeu dans la tradition de ses illustres ainés et en même temps utiliser les nouvelles technologies sous la main pour lui donner des allures de jeune premier.



Quand en plus on se dit que la version PS3 est une refonte de cela, on prend alors toute la mesure de ce qu'a pu être la tache des différentes équipes qui ont planché dessus. C'est ainsi tout l'esprit old school des jeux vidéo que l'on retrouve dans Ninja Gaiden Sigma dans sa version PS3. Car si la difficulté est présente, on n'y perd pas non plus ses petits avec l'histoire, la progression ou le gameplay. Vient alors la grande question : jeu à l'ancienne dépassé ou inversion avant-gardiste de la mode des jeux à venir ?

Un gentil + des méchants= une histoire

Qui dit jeu à l'ancienne, dit forcement histoire et scénario qui vont avec. Bon, sur ce point, c'est du connu. Un jeune loup solitaire adepte des arts martiaux ancestraux du Japon et Ninja de son état (vous) décide de se venger des méchants pas beaux qui ont brûlé son village (tous les autres ninjas ou presque). On vous l'a dit, c'est du cousu main. Le jeune Ryu Hayabusa, comme la moto du même nom, est donc un jeune homme puissant et agile en tant que ninja déguisé. Quant aux méchants, vous trouvez toute sorte d'adversaires tout aussi horribles qu'ils sont bêtes comme leurs pieds.



Vous parcourez ainsi les dix neufs niveaux à la recherche de celui qui est responsable de l'horrible incendie et dont le nom n'a de secret que pour la police locale, Lord Doku (presque comme dans Star Wars oui). Pour ce qui est du déroulement, de la progression à travers les niveaux, de la recherche des réponses aux questions et tout ce qui pourrait ressembler à un début de réflexion, pas de panique. Rangez donc votre cerveau avant de vous y mettre, cela aura en plus le double avantage de ne pas avoir à vous demander à partir de quand vous vous suicidez tellement certains passages sont difficiles. Mais sur ce point nous reviendrons plus tard.



Enfin, dans la série on prend les mêmes recettes que par le passé, votre aventure est tout ce qu'il y a de plus linéaire et pavée puisqu'il n'existe aucune autre alternative, du moins durant le déroulement de l'histoire. Car une fois que vous avez fini le jeu, il vous est proposé bien sur de le recommencer en prenant un niveau de difficulté supérieur (gloups) mais aussi une multitude de petites missions sont accessibles juste pour le plaisir du geste. Ce n'est donc pas vraiment innovant et lorsque l'on compare aux dernières sorties en matière de jeu d'action, on se dit tout de même que cela sonne creux. Mais après tout, ce n'est pas non plus le scénario qui fait le sel de ce jeu mais bien sa présentation et son gameplay.

Cinq boutons et mille combinaisons

C'était donc annoncé un petit peu partout, Ninja Gaiden Sigma ne devait pas faillir à sa tradition, j'ai nommé une difficulté comme on en voit que très peu de nos jours. Désormais, les développeurs ont plutôt opté pour une difficulté croissante et culminant rarement à des sommets inaccessibles, se disant sans doute qu'un bon jeu est un jeu que l'on finit. Prenant donc le contre pied total (gare aux entorses tout de même) Tecmo a revisité les concepts initiaux des jeux que l'on galère pour finir et que l'on ne recommence que si ça en vaut vraiment le coup. Autant être très clair, Ninja Gaiden Sigma est un jeu très dur.



On imagine déjà les commentaires habituels genre "nan il est pas si dur c'est juste que vous êtes nuls" ou les "moi je l'ai fini 28 fois en mode Hardcore..." suite à la précédente phrase. Mais il est un fait, ce jeu ne s'offre pas au premier venu. Il est d'un niveau particulièrement élevé en valeur relative, même s'il reste possible en prenant soin de bien s'entraîner. Cette difficile prise en main met aussi en cause un tuto un peu faible qui entraîne parfois une méconnaissance des combinaisons boutonnesques. Sur ce point, on se trouve presque face à jeu de combat traditionnel type Tekken tellement les manipulations sont nombreuses sans nécessiter de luxation de doigt. La simple itération ordonnée des dits boutons suffit à démarrer des ballets insensés.



Une fois les manipulations de base en main, vous vous lancez alors dans de somptueuses joutes qui ressemblent parfois à des ballets savamment orchestrés tant les enchaînements coulent de source. Les ravages dans les corps ennemis sont visibles et terriblement spectaculaires. Mais vraiment, pour parvenir à ce point de maîtrise, il faut absolument pratiquer un moment. Toutefois, vous pouvez toujours finir le jeu en mode "facile" en mourant trois fois et en choisissant de "ne pas suivre la voie du ninja". C'est moins ardu sans que les adversaires ne se transforment en punching ball non plus.

Jeu en 1080p et ça se voit

Si les principales ficelles de la version Xbox ont été conservées, il est un domaine qui a subi une retouche très voyante, c'est la partie graphique. En effet, tant les animations de notre zouzou costumé que les décors dans lesquels il évolue, tout est sublime. Sans devenir spectateur de l'action, sans quoi on se prend vite un coup de nunchaku dans la tronche, on se plait parfois à admirer ses propres mouvements. Enormément d'éléments du décor permettent d'interagir notamment pour courir dessus et réaliser des sauts, périlleux pour vos adversaires.



En outre, lorsque vous parvenez à vous extraire des griffes des nombreux sbires qui jalonnent le parcours, la découverte des boss vaut le détour. Imposants et particulièrement bien mis en scène, ils restent des montagnes difficiles à déboulonner. Le soin apporté à leur modélisation prend donc tout son sens tant ils demeurent des éléments essentiels de votre aventure. On reste alors bien dans les canons du jeu vidéo des années 80-90 ou la progression n'avait pour but QUE l'affrontement final avec le boss du niveau (Shinobi, Black Belt, Double Dragon, etc...). Vu le temps qu'il faut pour terrasser la bête, on peut largement le contempler.



Enfin, hormis quelques mouvements de Ryu un peu détachés par rapport au reste de l'action, les enchaînements sont d'une telle fluidité et si bien modélisés qu'on a parfois l'impression qu'il s'agit d'un bon film de Bruce Lee ou Jackie Chan (les références de vieux on sait...). Très sincèrement, la juxtaposition de commandes simplistes et intuitives avec une fluidité pareille, c'est du pur plaisir... qu'il faut apprécier puisque ce fugace moment précède toujours un autre moins agréable où l'on se fait tatanner à coup sûr !

Conclusion

Vous l'aurez aisément compris, Ninja Gaiden Sigma est un jeu qui est loin de laisser insensible tous ceux qui l'auront un jour pris en main. Qu'il agace, frustre, énerve ou bien suscite admiration, étonnement et stupeur, il est clair que vous ne pourrez pas rester de marbre une fois la galette insérée dans votre PS3. Mais il est une chose à bien prendre en compte avant tout achat : être prêt à ne pas investir que de l'argent mais aussi pas mal de temps car sans lui rien n'est possible.



Ensuite, la pratique, toujours la pratique et encore la pratique, peut seule vous permettre de parvenir à maîtriser chacun de vos mouvements. Ce faisant, cette maestria constitue le meilleur viatique pour le succès de Ruy Hayabusa. La vengeance est un plat qui se mange froid, certes, mais avant de s'en délecter, il y a du sport, des cris et de la sueur.