Square Enix et la next-gen

Conscient du potentiel de la Xbox 360, le développeur japonais n’a eu d’autre choix que de nouer des liens avec la firme de Redmond qui possède actuellement une intéressante avance sur son concurrent de toujours, à savoir Sony. The Last Remnant est le troisième jeu issu de cette étroite collaboration qui semble s’affirmer avec le temps.

Dès le départ, ce dernier a été véritablement pensé pour séduire public japonais et occidental, un objectif peu évident comme on le verra par la suite. Afin de mettre tout le monde d’accord et  bénéficier de graphismes adaptés aux consoles next-gen, Square Enix s‘est enfin décidé à employer le Unreal Engine 3 pour la première fois de son histoire.

On aura la joie de suivre les aventures de Rush Sykes emporté malgré lui dans un terrible conflit. L’enlèvement aussi soudain que brutal de sa jeune sœur Irina précipitera les choses. Sur les traces des kidnappeurs, celui-ci tombera par mégarde sur un vaste champ de bataille qu’il rejoindra sans hésiter. Comme le hasard fait bien les choses, Rush bénéficiera de l’inestimable aide de David Nassau, marquis d'Athlum.

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Tous deux ne tarderont pas à saisir l’importance de ce simple rapt qui cache en fait un énorme complot et met en cause l’utilisation même des Remnants, de puissants artefacts d’origine inconnue. Vénérées de par le monde, ces entités sont au cœur même des tractations politiques et militaires. Elles ont instauré avec le temps un certain équilibre, une certaine paix.

Malheureusement, Alondite le grand méchant du jeu en a décidé autrement. Ce sera au joueur de démêler ce basique scénario et de mettre un terme aux menaces du terrible Alondite désirant tout bonnement prendre le contrôle des plus puissants Remnants et par la même occasion de régner seul sur ce monde, bref un scénario très conventionnel.

Dès le départ, le jeu pose les bases de son concept qui se veut massif et technique. Contrairement au très bon Lost Odyssey, l’ensemble nous propose de participer à des combats vastes et épiques. Le joueur aura en effet l’honneur de contrôler des groupes d’unités plutôt que de simples unités. Ces groupes aussi connus sous le nom d’union peuvent accueillir jusqu’à cinq personnages aux statistiques uniques, un gradé et quatre subalternes.

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RPG dans l'âme

Les confrontations ont lieu au tour par tour et ne seront aucunement dues au hasard. En effet, lors de nos excursions nous pourrons repérer au loin les créatures susceptibles de nous agresser. Une bulle au dessus de leur tête signalera leur comportement qu’il soit agressif, passif ou encore neutre. En ce qui concerne les ennemis hostiles, nous aurons le choix de les engager ou non.

Bien entendu, il est préférable d’éviter de se faire piéger sous peine de connaitre des désagréments stratégiques. Pour cela, le joueur peut à l’aide d’une aura engager les ennemis présents dans un périmètre défini, ce qui lui évitera de bien mauvaises surprises. Il peut aussi fuir ses opposants à l’aide d’un mode ralenti, une fonctionnalité que l’on conseille fortement. Sans surprise, l’organisation des unions ennemies est identique.

Au total, nous pourrons contrôler pas moins de cinq unions à même de progresser durant l’histoire. Comme nous vous le disions, les combats se déroulent au tour par tour. Les ordres que l’on pourra donner suivent cependant une logique différente et seront moins explicites. Mais dans le fond, on retrouve tout de même les traditionnelles attaques, défenses et autres sorts de soins. Gros bémol, les ordres sont parfois imprécis, les soins peuvent être alloués à une union qui n’en à aucunement besoin.

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Chaque union est une entité bien à part, mais les dégâts qu’elle subit se répercutent sur l’ensemble des unités du groupe. Si cette dernière venait à mourir, tout le groupe disparait et non la seule unité touchée. Ainsi, toutes les unités d’une union partagent les mêmes points d’énergie, les mêmes points d’action.

Ces points serviront à déclencher des ordres, des attaques spéciales. Ils se rechargent avec le temps, en fonction de nos coups réussis. Afin de dynamiser les combats, nous pourrons déclencher des coups critiques à l’aide de QTE ou de séquences cinématiques interactives. Dans les faits, il suffit tout simplement d’appuyer sur une touche donnée au bon moment.

Si nous parvenons à enchainer les coups critiques, nos héros seront à même d’utiliser des coups spéciaux ou de passer le tour d’un ennemi. Une barre de moral est aussi présente et souligne comme son nom l’indique la motivation actuelle des troupes. Plus cette dernière est faible et plus les dégâts subis seront importants.

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L'arbre cache la forêt ?

En revanche, elle permet en cas de situation critique de déclencher des attaques supérieures voir d’utiliser les surpuissants Remnants qui n’ont pas uniquement pour vocation de détruire rapidement l’ennemi. Et c’est à vrai dire un plaisir que d’utiliser les Remnants, car les combats peuvent se montrer longs, très longs.

Cela poussera de nombreux joueurs à éviter les confrontations inutiles.  La position de nos unités affecte elle aussi la bonne tenue des combats. Attaquer des ennemis de dos sera synonyme de bonus offensif et c’est aussi valable pour nous. Ainsi, il faut veiller à engager les bons ennemis et surveiller les alentours sous peine de rencontrer des renforts.

Autre point important, la gestion des formations et des unions. Tel un entraineur de football, nous serons amenés à modifier le placement de nos unions. Les différentes formations offrent des bonus divers et varié, des bonus à adapter en fonction du terrain. Le choix de nos coéquipiers influe là encore l’efficacité de l’union.

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Chaque coup donné est efficacement mis en scène et souligné à l’aide de la caméra. Mais les nombreux effets spéciaux employés créent malheureusement de gros ralentissements plombant de ce fait les combats. Au final, la mauvaise utilisation de la carte et de la caméra rendent difficiles l’exploitation de telles données.

Plus tard, il sera possible de recruter des unités expérimentées et d’accéder à des formations avancées. Seul, notre héros peut s’équiper de nouveaux objets, ses compagnons eux évolueront uniquement au travers de leurs compétences martiales. Elles évoluent à chaque fin de combat, tout dépend après de leur emploi. Nos alliés peuvent en fait porter des objets, mais il faut attendre que ces derniers nous les réclament, littéralement.

Le jeu ne possède de notion de niveaux et de points d’expérience. Au lieu de cela, l’ensemble compte sur des mécanismes évolutifs plus cohérents et plus dynamiques. En abusant de sorts magiques, il faudra s’attendre à ce que ces derniers gagnent substantiellement en puissance. Pour contrecarrer l’absence de niveaux et l’impossibilité de fuir, nos héros sont soignés à chaque succès militaire.

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Entre illusion et déception

Omniprésents, la création et la collecte d’objets ne sont pas foncièrement indispensables. Ils ont le bon goût de récompenser gracieusement le joueur qui aura pris le temps de repérer les lieux et de collecter des items précieux. Les objets se gagnent principalement en fin de combats ou via l’accomplissement de quêtes secondaires.

Mais il est aussi possible de creuser à l’aide d’une sympathique créature ou encore de dépecer des animaux afin d’obtenir des éléments de base. Qu’elles soient issues de guildes ou de personnages non-jouables, les quêtes secondaires n’ont pour but que d’augmenter la durée de vie du jeu et nous fournir des objets ou des armures plus puissantes.

Elles réutilisent sans remords des lieux connus et sont basiques à souhait. La collecte d’objets précis, la capture d’animaux vivants ou encore la protection de personnes feront parties de nos assignements secondaires. A première vue, The Last Remnant nous promet des visites touristiques longues et majestueuses.

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Des villes comme Elysion ou le Nid d’Aigle resteront certainement dans les mémoires. A ce niveau, on ne peut que saluer le talent des graphistes qui font ici un excellent travail et nous dégotent d’architectures variées et détaillées. On ressent sans peine le gigantisme des villes et des Remnants présentes.

Mais dans la pratique, le jeu déçoit véritablement. Car si le joueur peut s’émerveiller face à de tels paysages, celui-ci sera très certainement déçu quant à la taille des lieux visitables. La plupart des villes se résument à quelques quartiers et peu fonctionnels. Ils ont beau être vastes et riches en PNJ, au final l’ensemble parait trop superficiel et cadré.

Les environnements extérieurs souffrent eux d’un dommageable vide, la présence de quelques ennemis ne rattrape pas les choses. Les donjons se résument en des couloirs sans fin dans lesquels le joueur aura vite fait de tracer son chemin. Il n’est aucunement invité à visiter de fond en comble les lieux.

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Un Unreal Engine 3 difficile d'accès

De façon plus générale, le décor souffre indubitablement d’imprécisions texturales qui transmettent aux joueurs une impression de bâclage. A cela s’ajoute les innombrables temps de chargement et les soucis de textures qui n’apparaissent qu’au bout de quelques secondes. La pilule est difficile à avaler pour le joueur qui en attendait mieux de ce RPG next-gen.

Il n’est malheureusement pas au bout de ses déceptions. Le jeu possède un rythme trop mou pour parvenir à captiver notre attention et compte bien trop sur les combats pour nous occuper. Certains peuvent d’ailleurs se montrer très techniques et difficiles. Heureusement, il est possible de sauvegarder à tout moment, autrement il serait difficile d’arriver au terme de l’histoire. Mais pas entre les combats toutefois. Les batailles scénarisées peuvent invoquer des centaines de participants et il est frustrant de devoir perdre à nouveau quinze minutes avant de combattre un pénible boss.

Le scénario se montre intéressant au bout d’une bonne dizaine heures. Une fois passé ce cap, le plaisir de jouer se fait enfin sentir, encore faut-il y arriver. Entre temps, le joueur a eu le temps d’assister à des dialogues peu engageants ainsi qu’à des inconsistances scénaristiques nombreuses qui le pousseront à abandonner.

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A titre d’exemple le jeu ne nous explique pourquoi Rush à décidé de s’engager aux côtés de David Nassau et pourquoi ce dernier l’accepte sans broncher. La plus naturelle des réactions serait de rester à l’écart de ce violent champ de bataille et de mener sa propre enquête. Les développeurs n’ont visiblement pas pris le temps d’introduire et de tisser progressivement des liens entre les différents protagonistes.

Plus important encore, ces derniers n’ont pas dotés notre héros d’un fort caractère et d’un charisme à toute épreuve. Voir le vaillant Kaïm Argonar de Lost Odyssey passer d’une brute sans cœur à un homme sensible et responsable est tout bonnement excellent. Au lieu de cela, nous avons le droit à un protagoniste en retrait et passif à souhait.

Riche en surprises et en combats, le scénario principal peut être fini en une bonne quarantaine d’heures. Il faudra ajouter au minimum vingt heures si l’on désire finir complètement l’ensemble. Pour cela, le joueur devra être équipé de nerfs à toute épreuve. Le progression scénaristique se fait par à-coups et se montre relativement linéaire.

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Impatients s'abstenir

Fort heureusement, le reste du casting nous permet d’oublier la piètre performance de Rush Sykes. Même son de cloche au niveau du design des personnages et de leurs doublages convaincants. Les bruitages sont honnêtes à défaut d’être variés et profonds. Pour finir la bande sonore surprend véritablement par sa qualité et sa diversité acoustique.

Tsuyoshi Sekito a su mêler guitares électriques, triangles, harpes et violons pour former un ensemble étonnement homogène. Il s’agit sans conteste de la plus grande réussite du jeu que de fournir aux joueurs des thèmes mémorables. Difficile pourtant de juger équitablement The Last Remnant issu de la nouvelle politique de Square Enix.

Sa finition en demi-teinte et sa linéarité conceptuelle ne font aucunement honneur au développeur nippon. Le jeu bourré de défauts en rebutera plus d’un. Impossible cependant d’ignorer la complexité des combats et la qualité des thèmes sonores. Il faut véritablement se plonger dans cet univers afin de l’apprécier pleinement. Joueurs occasionnels passez votre chemin. En revanche, les joueurs patients et fans de stratégie pourront se procurer le jeu à condition de supporter les saccades sporadiques et des défauts de lisibilité. Dur dur…

The Last Remnant est disponible à partir de 54.99€.

+ Les plus

  • Durée de vie considérable
  • Excellente bande sonore
  • Combats complexes
  • Villes somptueuses

- Les moins

  • Environnements vides, peu exploités
  • Ordres de combat brouillons
  • Saccades régulières
  • Trop de combats