Fast Food Nation

Après deux volets parus en 2005 et 2006 sur PS2 et Xbox, THQ édite Destroy All Humans ! Lâchez le Gros Willy ! sur Wii. Pandemic Studios ayant été écarté du projet au profit de Locomotive Games, le doute commençait à s'installer quant à la direction qu'allait prendre la nouvelle simulation d'invasion alien.

Ce nouvel épisode permet de reprendre connaissance de Crypto (ne pas confondre avec Krypto the Superdog), l'extraterrestre charismatique de la série, par son attitude vulgaire et ses propos obscènes à faire pâlir les plus coquins d'entre-nous. À ses côtés, Pox, le « cerveau » du duo, se présente dans ce nouvel opus en tant qu'hologramme, mais n'a pas perdu pour autant son désir de domination de la Terre. Notre fougueux de l'espace s'adonne (corps et âme) à la science culinaire de masse de l'Oncle Sam, plus précisément à sa chaîne de fast food Big Willy. La viande fort juteuse des sandwichs qu'il commercialise font fureur pendant ce boom disco des seventies. Seulement, il n'est pas question de sources bovines, mais de cerveaux humains, habilement récoltés par notre ami Crypto. Succulent.


Seulement, la concurrence étant toujours féroce, la chaîne de fast food concurrente dirigée par le milliardaire Colonel Kluckin ne compte pas se laisser marcher dessus. Le grand ponte ne manque pas de moyens et nous constaterons rapidement l'étendue de son empire, faisant appel à de nombreux sous-fifres tels qu'une hippie militante et complètement sauvage, la chef d'un gang de pom-pom girls en rollers, ou encore le richissime business-man d'un atoll à première vue paradisiaque.

Vous l'aurez compris, le background du jeu se révèle tout aussi loufoque que ses prédécesseurs, à croire que les développeurs se sont adonnés à la consommation de matières illicites pour imaginer de pareils concepts. L'humour bien gras se taille une place de choix et les répliques de notre beauf de l'espace ne laisseront pas de marbre les amateurs. De plus, de nombreux clins d'œil sont précisés, notamment sur la bride de niveau de World of Warcraft. La mise en scène se veut ainsi plutôt riche en humour et en références, prenant toujours le soin de critiquer grassement le marché féroce du fast food, tout comme le fait le cinéma avec des productions telles que Super Size Me ou encore Fast Food Nation.

Viens voir mon gros Willy

Le titre reprend donc purement et simplement les bases de gameplay des deux premiers volets, à savoir le contrôle de Crypto en vue objective dans des environnements ouverts à la manière d'un Grand Theft Auto. Cela dit, les limites de terrain sont clairement visibles, ce qui réduit quelque peu le chapitre de l'exploration. Dès votre arrivée dans la première ville, vous pourrez directement vous défouler dans une succession de carnages à l'aide de vos premières armes qui ne manquent pas d'humour (mention spéciale à la sonde anale et ses effets postérieurs destructeurs). En bon petit extra-terrestre, Crypto possède des pouvoirs télékinésiques, vous permettant de manipuler les piétons comme de vulgaires pantins. Vous pouvez par exemple les hypnotiser pour faire diversion pendant qu'ils effectuent quelques pas à la John Travolta, où encore utiliser leurs corps comme hôte non pas pour abuser de leurs chairs mais pour éviter de créer une panique générale.

Tout comme GTA, un baromètre d'alerte augmentera en fonction des émeutes que vous génèrerez, ce qui permettra à terme de se frotter aux militaires, leurs tanks et autres lance-missiles surpuissants. Équipé comme un agent 007, notre intrépide ridé usera également de son jetpack pour accéder à des zones élevées où pour éviter de chuter dans des plans d'eau qui lui seront fatals. Si l'envie de tout détruire vous prend, vous pourrez vous rendre à la zone de lancement de votre soucoupe afin de détruire un à un immeubles et autres véhicules à l'aide d'un panel d'armes qui s'étoffera au fil de vos exploits.


L'annihilation massive ne s'arrête pas en si bon chemin puisque ce nouvel épisode introduit le gros Willy, la mascotte de la chaîne de fast food de Pox, à l'image d'un certain Ronald McDonald. Point aussi inoffensif que ce dernier, le gros Willy s'avère être un robot dans lequel notre héros obscène viendra s'y loger afin de se la jouer Power Rangers. À ce niveau, votre taille démesurée permettra de semer le chaos sur votre passage, faisant une bouchée des plus grosses armées humaines à l'aide de votre rayon oculaire plagié de Superman, où encore d'effusions gastriques provoquant des ondes de choc exponentielles. Et oui, notre gamin potelé peut lui aussi avoir du mal à digérer la malbouffe.

L'évolution de l'aventure se fait au travers de missions qu'il est possible d'enclencher quand bon vous semble. On aurait espéré une certaine richesse de ce côté là d'ailleurs, mais la redondance se fait rapidement sentir avec un sentiment de déjà-vu lorsqu'on se confronte à des phases de filature, d'élimination de personnages clés, ou encore de récolte de produits liés à la domination de votre chaîne de fast food. De ce fait, on s'ennuie assez rapidement, malgré la présence de missions secondaires par poignées et d'environnements variés (ville, ferme, atoll...).

Galerie d'images

E.T. mou du bulbe

On aurait pu accepter le léger manque d'intérêt des missions si toutefois la maniabilité se voulait correcte. Or, l'utilisation de la Wiimote et du Nunchuk se révèle épouvantable pour les nerfs et pour les poignets qu'il faut constamment torturer. Le pointeur de la télécommande sert bien évidemment à viser les ennemis et tirer frénétiquement, mais permet également de bouger la caméra, molle au possible et désespérément gênante en cours de jeu. Pas facile de viser convenablement lorsqu'on doit en plus bouger la caméra avec le pointeur ! Lorsque vous contrôlez la soucoupe ou le Big Willy, tourner sera une autre paire de manches puisqu'il faudra pivoter la Wiimote à droite et à gauche. Simple en théorie, le concept est un supplice en pratique puisqu'entravé par une lenteur et une précision aléatoires. De ce fait, on perd l'envie de se lancer dans l'extermination humaine, élément pourtant majeur du titre de THQ.


L'aspect graphique somme toute très moyen pour le support s'octroie différents ralentissements lors de certaines phases avec le gros gamin, laissant apparaître des effets de brouillard / clipping esthétiquement peu attrayants. On soulignera en contrepartie les doublages français qui retranscrivent bien le ridicule du scénario. On se plait ainsi à entendre Crypto déverser sa gerbe verbale obscène et politiquement incorrecte à tout bout de champ, tout en écoutant les répliques stupides des passants dans les rues. De ce côté là, l'humour de série Z est bien présent, ce qui ravira bien évidemment les friands de dialogues nanars.

Destroy All Humans ! Lâchez le Gros Willy ! est disponible à l'achat à partir de 36,99€.

+ Les plus

  • Le scénario complètement déjanté.
  • Le doublage français.
  • Le panel d'armes toujours aussi loufoque.

- Les moins

  • Prise en main épouvantable.
  • Un moteur graphique agonisant.
  • Environnement bridé.
  • Des musiques totalement transparentes.