Désormais journaliste scientifique, Steven J. Vaughan-Nichols écrit régulièrement des articles pour le site Linux-Watch au sujet de l' OS du manchot. De par son passif et son expérience au sein de la NASA et du département de la Défense où il a pu exercer ses talents dans plusieurs domaines comme la programmation ou encore l'administration réseau, il bénéficie d'un certain crédit qui fait que ses opinions peuvent être raisonnablement prises en considération.

D'abord adepte du système d'exploitation UNIX, le coeur de Vaughan-Nichols a finalement vacillé pour Linux dont il est devenu un inconditionnel mais un inconditionnel lucide apte à faire preuve de sens critique reconnaissant à plusieurs reprises que tout n'était pas parfait avec cet OS et le monde de l' Open Source.

L'année dernière, Vaughan-Nichols nous avait déjà gratifié d'un article décalé empreint de dérision dont nous vous avions fait l'écho, intitulé 5 raisons de ne pas passer à Linux (il fallait bien sûr comprendre le contraire), dans lequel il avait mis en exergue quelques poncifs éculés concernant cet OS. Aujourd'hui, Vaughan-Nichols récidive dans la même veine (la dérision en moins) avec un nouvel article : Les 5 choses que Linux peut apprendre de Microsoft.


1 : La communauté MSDN
Qualité évidente qui incombe à sa définition même, dans le monde de l' Open Source tout développeur a accès aux sources des logiciels et peut donc participer à l'évolution d'un projet en y apportant ses contributions. Néanmoins, pour Vaughan-Nichols, le mode de fonctionnement mis en place est encore perfectible et il lui paraît bien difficile pour un programmeur de s'y retrouver facilement (par où commencer ' Utilitaire développé pour rien car déjà existant, ...). Bref, avant d'être réellement efficace, un nouveau venu aussi doué soit il, doit se lancer dans un long apprentissage.

A contrario, Microsoft Developper Network (site Web et programme d'abonnement) fournit aux développeurs une véritable aide dans l'écriture d'applications avec plusieurs tutoriels, une communauté en ligne active, des exemples de codes bien détaillés, des outils, le tout dans une bonne organisation et pour un prix modique. Et même si un site comme SourceForge existe pour l' Open Source, il joue le rôle d'incubateur de projets mais ne remplit pas vraiment une fonction pédagogique.


2 : Une interface commune
Dans le monde Microsoft tout est assez semblable en ce qui concerne l'interface. De fait, passer de Office 97 à Office 2003 ou de Windows 98 à XP, ne constitue pas un grand chamboulement pour l'utilisateur qui n'a pas de gros efforts d'adaptabilité à fournir puisqu'il retrouve tout de suite ses billes.

Sous Linux par contre, les choses sont bien différentes et passer d'une application à une autre peut s'avérer plus problématique et désarmant pour l'utilisateur, sans parler du changement d'environnement graphique (KDE vs GNOME).

Dans ce domaine, Vaughan-Nichols concède toutefois que la situation pourrait s'inverser avec d'une part la sortie d' Office 2007 très différent de ses prédécesseurs donc déstabilisant et d'autre part le projet Portland pour Linux (voir notre actualité).


3 : Un format de fichier commun
Bien que propriétaires, les formats de fichiers véhiculés par Office, eu égard à la popularité (en terme d'utilisation) de cette suite bureautique, sont devenus quasi-universels. Importer un fichier enregistré dans ancien format pour le lire dans une nouvelle application est en outre habituellement possible.

Certes, il existe bien le format ODF (OpenDocument Format) mais selon Vaughan-Nichols, pour l'heure, il ne bénéficie pas assez de soutiens et finalement l'expectative est toujours de rigueur.


4 : Le marketing
Voilà bien un domaine dans lequel Microsoft excelle, n'hésitant pas à dépenser des fortunes en campagnes publicitaires (dans les magazines spécialisés, à la télévision, dans les journaux papiers, ...).

Du côté Linux par contre, Vaughan-Nichols constate avec effroi que les efforts fournis en la matière sont bien loin du compte, la communauté affiliée à Linux se contenant de quelques faits d'armes trop rares comme une seule et unique publicité parue dans le New York Times. Il ne s'agit pas forcément d'un problème d'argent et Vaughan-Nichols met par exemple en évidence que les sites type Slashdot ne relatent plus aussi fréquemment les grosses actualités de Linux que par le passé.


5 : Le support OEM (Original Equipment Manufacturers)
Quand un utilisateur " de base " fait l'acquisition d'un ordinateur de bureau, tout ce qu'il veut c'est qu'une fois qu'il appuie sur le bouton, tout fonctionne parfaitement. De ce point de vue là, Microsoft, fort de ses accords commerciaux, a encore une longueur d'avance.

Alors que le plus insignifiant des périphériques possédera immanquablement un pilote pour fonctionner sous Windows, sous Linux ce ne sera pas forcément le cas.


Et Vaughan-Nichols de conclure : " Que beaucoup de fans de Linux détestent Microsoft ne signifie pas pour autant que nous ne pouvons rien apprendre de l' Empire Maléfique. Nous pouvons et nous devrions ".


N.B : cet article ne présente que sommairement les pensées Steven J. Vaughan-Nichols, n'hésitez pas à consulter l'article original.