L'organisation Amnesty International a peut-être fait l'objet d'une tentative d'infiltration lors de la diffusion de son rapport très critique sur les droits des travailleurs occupés à bâtir les stades de la Coupe du Monde de football de 2022 au Qatar.

Le journal Le Monde détaille cette étrange histoire qui implique une autre ONG qui a tenté d'entrer en contact avec plusieurs membres d'Amnesty International, en proposant de collaborer sur le travail réalisé au Qatar mais en envoyant des emails avec des pièces jointes qui ont fait tilter le système de sécurité comme cherchant à récupérer des informations de localisation et les logiciels présents sur les ordinateurs.

En fouillant un peu, Amnesty International a découvert que l'ONG en question, Voiceless Victims, tout en présentant bien, semblait avoir été fabriquée de toute pièce, avec un très fort intérêt pour la question qatarie mais des propos très génériques et creux sur d'autres thématiques qu'elle est aussi censée couvrir, et surtout une adresse bidon en France (à Lille) et des profils de responsables copiés-collés sur des modèles de CV trouvés sur le Web et émaillés de diplômes factices.

Amnesty International y a vu une manoeuvre d'approche cherchant à obtenir des renseignements en vue d'une possible attaque informatique en préparation. Mais qui a pu créer une fausse ONG à première vue respectable, avec page Facebook, contenu Web et storytelling sur ses pseudo-activités mais qui semblait faire une fixation sur la question des conditions de travail au Qatar (d'autres organisations s'occupant de ce sujet ont été de même contactées par Voiceless Victims)  ?

Peut-être bien un Etat qui aurait les moyens et le temps pour ce genre d'activité déstabilisatrice. Pas forcément le Qatar, coupable un peu trop évident, mais peut-être les Emirats Arabes Unis, qui pourraient chercher à exacerber des tensions et dont Le Monde rappelle qu'ils sont déjà soupçonnés d'avoir tenté d'espionner l'activiste saoudien Ahmed Mansoor en utilisant des vulnérabilités fournies par la société NSO Group, pourvoyeur de solutions d'écoute discrète des smartphones, et qui aurait déclenché une mise à jour rapide chez Apple avec iOS 9.3.5 pour combler les failles découvertes, ainsi que la possibilité de consulter le code du kernel de iOS 10, en vue de traiter plus rapidement d'éventuelles failles.

Source : Le Monde