L'initiative était osée et son montant, 39 milliards de dollars, à la hauteur des enjeux proposés : réunir les opérateurs AT&T et T-Mobile USA pour constituer le plus gros opérateur des Etats-Unis et apporter à AT&T les ressources spectrales de T-Mobile USA pour mieux lutter contre Verizon Wireless, opérateur leader du marché US.

Face à un tel déploiement de force, le grand perdant serait Sprint Nextel, le troisième opérateur aux Etats-Unis, déjà en difficulté face à AT&T et Verizon. Une telle fusion ne peut que l'isoler un peu plus, avec le risque de laisser le marché se transformer en duopole.

Dès le début, ces enjeux et leurs conséquences ont inquiété les régulateurs tandis que les investisseurs ont retenu leur souffle sans trop y croire ( mais sans afficher de pessimisme pour autant ), se doutant bien que la commission antitrust aurait du mal à laisser passer une telle proposition, malgré les promesses d' AT&T de lendemains qui chantent.

Et c'est bien ce qui vient de se passer : le gouvernement américain a lancé une procédure pour bloquer l'acquisition de T-Mobile USA par AT&T, estimant qu'un tel rapprochement risquait d'affaiblir significativement le jeu de la concurrence en faisant disparaître l'un de ses éléments de diversité et, de fait, est contraire aux lois antitrust du pays.


Un refus qui coûterait cher
Si les régulateurs suivent la demande du gouvernement, le coup sera rude pour AT&T qui devra verser 3 milliards de dollars de pénalité à Deutsche Telekom, maison-mère de T-Mobile, et abandonner divers arrangements, ce qui pourrait lui coûter un total de 7 milliards de dollars.

Dès l'annonce de la demande de blocage de l'acquisition, et face à ce nouveau risque, les investisseurs se sont réveillés, faisant chuter le cours d' AT&T de 5%. " Seulement " 5% car tout n'est pas encore perdu pour AT&T qui peut tenter de négocier un arrangement ou accepter de lâcher du lest sur certains points en échange d'un feu vert du régulateur.

L'opérateur n'a pas ménagé ses efforts pour vanter les mérites d'une telle acquisition qui, selon lui, permettrait de tirer les prix vers le bas et d'améliorer la qualité du service en agrégeant les ressources spectrales des deux opérateurs.

Source : Bloomberg