Difficile de savoir comment Research in Motion ( RIM ), fabricant des terminaux Blackberry et fournisseur de services de messageries, négocie les différents pays qui le menacent de bloquer son système de messagerie chiffrée, pourtant très largement utilisé par les fonctionnaires et les industriels.

C'est que la sécurité de son système de communications, qui passe par des serveurs situés aux Etats-Unis et au Canada, est précisément ce qui en fait le succès, au grand dam des gouvernements souhaitant garder un oeil sur les télécommunications de leur pays, pour diverses raisons.

Et si RIM a toujours refusé de transiger jusqu'à présent, plusieurs Etats ont menacé de bloquer ses services. Les Emirats Arabes Unis ont ainsi été parmi les premiers à poser un ultimatum, fixé au mois d'octobre 2010, pour obliger le fabricant à faire des concessions.


Négociations forcées
Depuis l'Arabie Saoudite et l' Inde se sont engouffrés dans la brèche, tandis que d'autres pays ont clairement montré leur intention de revoir leur position vis à vis du fabricant canadien. Et celui-ci semble maintenant prêt à faire des concessions.

Semble, car les maigres informations autour des négociations ne parviennent que sous forme de bruits de couloir. Ainsi, Reuters rapportait hier qu'un accord de principe avait été trouvé entre RIM et le gouvernement indien pour ouvrir en partie le système de communications.

Aujourd'hui, ce sont deux diplomates, non nommés, qui évoquent l'avancée des discussions concernant les Emirats Arabes Unis et la possibilité de trouver une solution à court ou moyen terme, avant la fin de l'ultimatum.

Il apparaît également que RIM négocie au cas par cas avec chaque Etat, avec des concessions différentes pour chacun. Cette façon de procéder risque toutefois de générer de nouvelles demandes et une complexité accrue de déploiement sur de nouveaux marchés qui pourraient poser des conditions au préalable.


Rassurer les clients

Dans le même temps, RIM n'a de cesse de rassurer ses clients par des communiqués et des mises au point. La dernière en date, liée à l'accord trouvé avec le gouvernement indien, rappelle que les concessions faites sont étroitement encadrées et sont limitées au contexte de la sécurité nationale imposé par la législation du pays.

Ces concessions doivent respecter un principe de neutralité qui ne peut donner un accès privilégié aux données à un opérateur plutôt qu'à un autre. RIM indique également qu'aucune modification dans l'architecture sécurisée des BES ( Blackberry Enterprise Server ) n'a été réalisée et que celle-ci reste la même partout dans le monde, tandis que le fabricant n'est pas en mesure de fournir les clés de chiffrement des clients.

Il rappelle en outre qu'un chiffrement fort reste une élément essentiel pour le commerce dans tout pays et n'est pas un critère unique à l'architecture de RIM et que d'autres dispositifs, comme les VPN font appel à une authentification forte pour assurer la protection des données des entreprises comme des gouvernements.

Source : Reuters