A la plus grande satisfaction d'Opera Software, sa plainte déposée en décembre 2007 a été prise en compte par la Commission européenne avec les premières conclusions d'une enquête qui ont débouché sur l'envoi d'une lettre de griefs. Le genre de missive de la part de l'exécutif européen dont a l'habitude Microsoft  et qui lui rappellera de longues procédures avec des amendes à la clé. En l'occurrence, le cas reproché de la vente liée entre Internet Explorer et Windows se rapproche de celui de la vente liée entre Windows Media Player et Windows.

Comme une sanction prémonitoire, la CE ne manque en effet pas de rappeler qu'en mars 2004 elle avait prononcé à l'encontre de la firme de Redmond une amende de 497 millions de dollars, lui ordonnant par ailleurs de commercialiser une version de son système d'exploitation dépourvue de son lecteur multimédia Windows Media. Les fameuses versions N de Windows pour une plainte déposée par RealNetwoks en 2000, mais cependant uniquement des versions boîtes de l'OS alors que la pré-installation sur des machines neuves n'a souffert d'aucune modification... L'amende était devenue plus salée, avec plus du triple, eu égard au manque de coopération de Microsoft sur le registre de l'interopérabilité et la fourniture d'une documentation technique à la concurrence.


Et c'est reparti pour un tour
Alors bientôt une version de Windows commercialisée sans le navigateur Internet Explorer ? La réponse risque d'être longue à se dessiner mais la lettre de griefs de la CE accuse Microsoft d'un nouvel abus de position dominante.

Dans un communiqué la CE indique considérer que :

" La vente liée d'Internet Explorer avec Windows, qui a pour effet d'équiper d'Internet Explorer 90 % des PC dans le monde, porte préjudice à une concurrence par les mérites entre navigateurs Web concurrents dès lors qu'elle confère à Internet Explorer un avantage artificiel en matière de distribution, avantage que les autres navigateurs Web sont incapables d'offrir. "

La CE se pose également la question de " l'omniprésence " d'IE d'où découle la conception de sites Web dédiés. Un effet néfaste pour la concurrence et d'une certaine manière de pointer du doigt la problématique du respect des standards du Web chère à Opera Software.

Microsoft a désormais huit semaines pour répondre à cette communication de griefs de la CE et pourra être entendu lors d'une audition. Si l'analyse préliminaire de cette communication est confirmée, l'exécutif européen pourra infliger une amende à la firme de Redmond et l'obliger à mettre un terme à l'abus de position dominante.

Dans une réaction très laconique mais soulignant néanmoins qu'IE est intégré à Windows depuis 1996, Microsoft a indiqué prendre acte de la communication de la CE pour y répondre dans les délais impartis. Il ne s'agit peut-être là que d'une première réponse à donner par le géant du logiciel, alors que la CE mène également une enquête sur une éventuelle documentation technique à fournir par Microsoft et portant notamment sur sa suite bureautique Office.