L'entrée en bourse du réseau social Facebook aura été un événement atypique. Constituant l'une des plus grosses introductions de l'Histoire, très attendue par les investisseurs mais pas exempte de faiblesses, elle n'a pas créé l'émulation prévue lors de sa première cotation, restant quasiment à son prix d'introduction, essentiellement grâce à l'appui de la banque Morgan Stanley qui a supervisé l'opération.

Depuis, le cours n'a cessé de chuter et a encore perdu 9,6%, faisant passer le cours sous la barre des 30 dollars, très loin de l'introduction à 38 dollars. C'est que, explique le Wall Street Journal, la position des investisseurs a changé.

Ils n'espèrent plus désormais une hausse du cours mais ils parient plutôt sur un prix à la baisse, anticipant une chute continue du cours vers un prix plancher, tout en aggravant celle-ci. Dans une telle tendance baissière, les promesses d'achat d'action a un cours plus faible leur permettront soit de réaliser une plus-value, soit d'obtenir des actions FB à un prix intéressant.

La manoeuvre (sur le court terme) est donc gagnante sur tous les tableaux (en espérant que le cours finisse par se rééquilibrer à plus long terme).  En l'espace de dix jours, Facebook est passé d'une valorisation à plus de 100 milliards de dollars à environ 79 milliards de dollars, tandis que Mark Zuckerberg se retrouve un peu moins multi-milliardaire qu'avant l'introduction.


Le point d'inflexion à 25 dollars ?
Le renversement de tendance a été anormalement rapide, après les fortes attentes depuis 2010 - 2011 qui semblaient faire de Facebook la prochaine valeur phare des marchés. Dans les derniers mois avant l'entrée en bourse, les critiques n'ont cependant pas manqué concernant la faiblesse générale du modèle économique du réseau social et les avertissements d'une valorisation excessive. Facebook aurait-il été trop gourmand en demandant un prix d'introduction à 38 dollars ?

Les échanges de titres restent très élevés mais les paris à la baisse pourraient bien mener le cours encore plus bas, vers les 25 dollars, alors que les plus pessimistes des analystes estiment à 30 dollars la valeur légitime du cours FB.

Même à ce cours, la situation financière de Facebook ne serait pas menacée mais la société aurait moins d'atouts pour séduire les cadres et les convaincre de rester dans l'entreprise ou pour peser dans les acquisitions.

Entre les cafouillages de début de séance, les accusations de dissimulation d'information sur l'estimation de la valeur réelle de Facebook quelques heures avant l'IPO, et maintenant cette spirale descendante du cours, l'entrée en bourse du réseau social n'est pas de tout repos, faisant même hésiter d'autres acteurs du même secteur qui prévoyaient eux aussi une introduction dans la foulée de celle de Facebook, espérant un climat favorable. Le temps est plutôt à l'orage.