À l'occasion du Midem de Cannes, la Haute autorité pour la diffusion et la protection des œuvres sur Internet ( Hadopi ) a présenté une étude intitulée : " Hadopi, biens culturels et usages d'Internet : pratiques et perceptions des internautes français ". Disponible en ligne ( PDF ), cette première étude du genre pour la Haute autorité va devenir son baromètre pour rendre compte de l'évolution de la situation, notamment sur le front du téléchargement illégal.

La pratique du téléchargement illégal ( musique, films, logiciels, jeux vidéo, livres... ) est avouée par près de la moitié des répondants, soit 49 %. À en croire cette étude, la France des internautes est donc coupée en deux avec ceux qui n'ont jamais téléchargé illégalement ( 51 % ) et ceux qui l'ont fait au moins une fois ( 49 % ). Un usage illicite occasionnel ou exceptionnel pour 36 %, et régulier pour 13 %.

Ce taux pour le téléchargement illégal est néanmoins mis en doute par les sondés eux-mêmes puisque la quasi totalité d'entre eux, soit 95 %, pense que tous les internautes français sans exception consomment des biens culturels de façon illicite. Une perception qui remet en cause ce que les sondés admettent ou préfèrent passer sous silence.

Selon l'une des conclusions de l'étude mises en valeur par la Hadopi : " les usages illicites se concentrent sur les 15-39 ans, les hommes, et il n'existe pas de différence IDF/Province. La pratique ne ralentit pas et se diversifie ". Cette pratique est par ailleurs bien établie puisque 25 % des internautes qui téléchargent illégalement le font depuis plus de 5 ans, et sans doute plus inquiétant pour la Hadopi, 29 % depuis moins de 6 mois.

Parmi les adeptes déclarés du téléchargement illégal, ils sont 52 % a ne pas envisager modifier leur comportement suite à l'action de la Hadopi, ce qui ne veut pas dire que l'autre moitié le fera puisque 23 % sont sans opinion. Ils sont par ailleurs 64 % à avoir recours au streaming, 37 % au téléchargement direct. Le P2P, qui le seul à être placé sous surveillance Hadopi, est utilisé par 42 %.

Le principal frein à la consommation légale reste les prix trop élevés, devant le choix d'une offre trop limitée. Néanmoins, il ressort aussi que les internautes qui déclarent télécharger illégalement ont aussi une dépense moyenne supérieure en biens culturels achetés de manière licite. Ce sont donc aussi eux qui consomment le plus !

L'étude de la Hadopi laisse également entendre qu'il existe une " confusion en le légal et l'illégal, notamment du fait du caractère payant de certains services illégaux ". Une confusion qui plaide pour la labellisation de l'offre légale de téléchargement qui sera cette année l'une des priorités de la Hadopi. À noter aussi que les trois quarts des internautes savent qu'ils doivent sécuriser leur accès Internet.

L'étude a été réalisée en ligne auprès de 2 687 individus de 15 ans et plus, sur la période du 25 octobre au 4 novembre 2010, soit lors du début des premiers envois d'e-mails d'avertissement.