Le W3C, dont les recommandations ont vocation de standards du Web, aime à associer HTML5 avec le Web de demain. Une association visiblement toujours d'actualité pour Philippe Le Hégaret, un des responsables du consortium.

En 2007, le W3C a repris le travail entamé sur HTML5 trois ans plus tôt par le Web Hypertext Application Technology Working Group. À ce jour, la spécification reste encore à finaliser. Pourtant, HTML5 est presque devenu un " argument de vente ", notamment du côté des éditeurs de navigateurs. Tous les principaux navigateurs s'y sont mis dans le cadre d'un support variable en fonction de chacun, le dernier en date étant Microsoft avec la bêta d'Internet Explorer 9.

L'emballement autour de HTML5 a principalement débuté avec l'arrivée de la balise vidéo qui permet de lire directement depuis le navigateur une vidéo, sans aucun plugin à installer. Le PDG d'Apple, Steve Jobs, a alors profité de l'occasion pour tirer à boulet rouge sur Flash d'Adobe, décrétant de manière bien précipitée son arrêt de mort.

Interrogé par InfoWorld, Philippe Le Hégaret estime que des technologies comme Flash Player et Silverlight de Microsoft ont encore de beaux jours devant elles, et il déclare que " HTML5 n'est pas encore prêt pour une mise en production ". " C'est encore un petit peu tôt pour le déployer parce que nous rencontrons des problèmes d'interopérabilité ".

Par ces problèmes, il fait notamment allusion au contenu vidéo avec des navigateurs et appareils qui ne gèrent actuellement pas tous HTML5, et un navigateur comme IE6 reste par exemple encore très utilisé. HTML5 est aussi confronté à des problèmes au niveau du codec vidéo à recommander pour la balise video, une question qui devrait rester sans réponse pour la prochaine spécification.

Une spécification et des API encore susceptibles de changer, Philippe Le Hégaret n'invite pas réellement les développeurs Web à se tourner d'ores et déjà vers HTML5. Pas sûr cela dit que son message soit entendu. Il estime que HTML5 aura fait le plein de fonctionnalités d'ici mi-2011, et que l'approbation finale ne devrait intervenir que dans deux à trois ans.

Les arguments de Philippe Le Hégaret n'ont pas convaincu tout le monde. Actuellement vice-président engineering chez Facebook et connu pour avoir longtemps œuvrer au sein de Mozilla, Mike Schroepfer a déclaré : " Ce n'est pas comme si les navigateurs existants étaient totalement stables ou interopérables. C'est une raison idiote pour ne pas utiliser les avancées de HTML5 ".  Réponse de Philippe Le Hégaret : " C'est bien d'expérimenter avec HTML5 et les implémentations existantes, mais il ne faut pas espérer la stabilité ".