L'affaire 3Leaf est sans doute symptomatique des difficultés que rencontre l'équipementier chinois Huawei pour prendre pied sur le sol américain. Empêché à plusieurs reprises de mener des acquisitions aux Etats-Unis ou de passer des contrats avec les opérateurs US, le groupe a dû renoncer à une acquisition, modeste ( 2 millions de dollars ), pour n'en avoir pas averti le Cfius, chargé de passer en revue les transactions de sociétés étrangères.

Il y a eu plusieurs précédents, du blocage du rachat de 3Com, tombé entre les mains de HP, à celui de la branche télécom de Motorola, acquise par Nokia Siemens Networks alors que Huawei affirme avoir fait une offre supérieure.

Cette méfiance à l'égard de Huawei est liée à sa proximité supposée avec le gouvernement chinoi et l'armée, et la crainte de voir une telle société devenir un maillon d'une activité stratégique, celle des communications.

Les Etats-Unis ne sont pas le seul pays à se défier de Huawei ( et des équipementiers chinois en général ) et d'autres ont également bloqué des transactions, au nom de ce que l'on pourrait appeler un principe de précaution dans les télécommunications pour préserver la sécurité nationale.

Mais le marché US représente une énorme opportunité pour les équipementiers, surtout pour ceux comme Huawei qui ont bien l'intention de participer à l'émergence des réseaux mobiles de nouvelle génération tels que LTE ( Long Term Evolution ).


Venez vérifier par vous-mêmes
Estimant faire l'objet d'une discrimination, Huawei a publié une lettre ouverte adressée au gouvernement américain, l'incitant à prendre les mesures nécessaires pour s'assurer que le groupe chinois est un équipementier comme les autres et n'a pas de secrets inavouables cachés dans ses équipements.

La société se dit ouverte à toute investigation, allant de l'audit au passage en revue de ses technologies, pour dissiper une mauvaise réputation qui lui colle à la peau depuis dix ans. Elle réfute les liens qu'on lui attribue avec l'armée chinoise.

La grande crainte des gouvernements est à la fois militaire et économique, avec l'angoisse de voir Huawei se transformer en Cheval de Troie permettant de détourner les communications  ou d'attaquer les réseaux en cas de conflit.

L'équipementier réplique qu'ils se conforme à toutes les règles de sécurité en vigueur et n'a jamais été pris en défaut. Par ailleurs, plusieurs affaires de litige sur la propriété intellectuelle ont été réglées en sa faveur ou à l'amiable, preuve que Huawei respecte les règles du jeu international.

Récemment, sa plainte contre Motorola concernant la cession de sa branche télécom à Nokia Siemens Networks a reçu un écho favorable de la part d'une cour américaine. Cet appel à la collaboration sera-t-il entendu par le gouvernement américain ? Pas sûr.

En Chine, les sociétés américaines peinent à se positionner face à des entreprises chinoises favorisées par le gouvernement, au point qu'il avait été demander de prendre des mesures pour obligler à plus d'ouverture. Pour débloquer la situation, il faudra sans doute des efforts des deux côtés du Pacifique.