Le jeudi 16 novembre dernier marquait la désignation officielle du candidat du Parti Socialiste, en l’occurrence Ségolène Royal. Depuis l’investiture de cette dernière, on assiste à un foisonnement de sites web qui parodient la candidate à la présidentielle.

Ces sites internet qui rivalisent d’esprit, de venin, d’humour et de vitriol ont vu le jour à l’initiative des militants de droite dont l’appartenance à l’UMP, dans la plupart des cas ne peut être confirmée. Une petite incursion s’impose dans ces sphères où l’humour d’une finesse douteuse côtoie des exercices de style assez cocasses...


Désirs… d’avanie !
Pour commencer, nous pouvons noter la pseudo-réactivité du site PasLesRoyal.com qui est né le… 17 novembre dernier, soit le lendemain de l’investiture de la candidate socialiste ! On peut imaginer les déclinaisons fabusiennes et strauss-kahniennes de ce type de site, déclinaisons rangées au cas où…

Esthétiquement, nous avons droit à un dispositif qui voudrait mimer une scène théâtrale, avec de ce que cela implique du jeu scénique de l’actrice principale, tantôt travestie en Professeur Tournesol (Tryphon de son prénom), en Blanche Neige ou en Gaston Lagaffe. En débaptisant ainsi la candidate, les quatre animateurs de PasLesRoyal.com veulent mettre en exergue son « audition très sélective », ses carences diplomatiques (la prochaine « étape » de la tournée diplomatique de Ségolène Royal devant être… Disney Land selon les militants de droite) et son manque d’envergure internationale (« Ségo au Liban : La reine de la gaffe ») respectivement.


La bataille du net

Affilié syndicat étudiant de droite UNI avec qui il a lancé sa première campagne d'affichage, PasLesRoyal.com propose un annuaire de la blogosphère « anti-Ségo », des liens vers les nombreux sites de l’UMP ou vers avec-sarkozy.fr. Le but avoué des e-militants de droite consiste à « dénoncer le programme de Ségolène Royal, l'agent triple zéro ». Tout un programme justement.

Pour rester dans la veine parodique, arrêtons-nous sur Désert d’avenir (www.desertdavenir.com), qui se veut explicitement le pendant satirique du site Désirs d’avenir que Ségolène Royal avait lancé en février dernier. Désert d’avenir analyse avec une loupe grossissante (déformante diront les militants de gauche) les moindres faits et gestes de la candidate socialiste. Les efforts déployés semblent étonnants et le travail méticuleux : des extraits de journaux ou d’émissions politiques sont décortiqués avec insistance sur les lacunes de la présidentiable.

En moquant la « démocratie participative », projet que tient à cœur Ségolène Royal, Désert d’avenir s’en prend à la rhétorique et au fond de pensée de la candidate. Par ailleurs, le site propose de composer « mon gouvernement », d'imaginer « mes cent premiers jours » et lance un concours « A quoi va servir François Hollande » (sic).


De la critique au comique

De son côté, pour reprendre une expression elle-même parodiée à gauche, on pourrait dire que Segostop.com adopte une « rupture tranquille ». En effet, ce site qui « vous guérit de Ségolène Royal » est bien plus didactique que ses confrères militants de droite. Doté d’un design sobre, mimant presque celui d’une armoire à pharmacie (d’ailleurs la rhétorique employée n’est point anodine), Segostop énonce d’emblée son principe idéomoteur : « Pour éviter la pandémie ségomaniaque qui constituerait une catastrophe politique, économique, sociale et internationale pour la France (...) Segostop est fortement présent sur le terrain des idées ».

D’ailleurs, le discours employé est celui d’un médecin diagnostiquant une « maladie » (i.e., Ségolène Royal) et proposant des  « médicaments » et autres « antidote(s) » que l’on retrouvera dans la « pharmacie ». A éviter les « zones à risques » comme le « Poitou-Charentes »… Les animateurs/«docteurs »  du site affirment que « le mouvement Segostop rassemble des sympathisants de la droite et du centre, avec ou sans appartenance politique, et se veut l'avant-garde ».


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Information non anodine : ce sont deux jeunes de l’UMP, Marie Guévenoux, ancienne présidente des Jeunes populaires et Raphaël Cognet, responsable de la formation dans le mouvement de jeunesse de l'UMP, qui sont les initiateurs de ce dispositif « sanitaire ».

Comble de parodie numérique : Désirs de vent (www.desirsdevent.com) a recours à un tableau dégarni avec une vraie-fausse stase dynamique (un ciel de traîne, léger nuage, bruitage d’un grand coup de vent) dans lequel le cratylisme prend tout son sens… Allez, certains avoueront que cette pseudo « harmonie imitative » est bien trouvée. Ou pas…