Des chercheurs universitaires mettent au point un procédé de traduction simultanée entièrement automatisé.

Des chercheurs et étudiants de l'université américaine Carnegie Mellon de Pittsburgh sont parvenus à faire traduire en simultané par une machine des propos tenus par différentes personnes réunies autour d'une vidéo-conférence.

A cette occasion, l'un des participants parlait dans sa langue natale, le mandarin, et ses paroles étaient automatiquement traduite par une ordinateur en anglais et en espagnol, avec une voix synthétique peu agréable, il est vrai. D'autres intervenants se trouvaient à Karlsruhe, en Allemagne, et les échanges étaient totalement fluides (aucun rapport avec une eau pétillante d'origine française reconnaissable sur la photo), presqu'instantanés.

Des logiciels de traduction "speech-to-speech" (traduction orale) existent déjà, mais ils sont pour la plupart lents et peu précis, car ils sont obligés d'attendre que l'orateur ait fini de prononcer une phrase pour la traduire.

Avec la technologie développée par l'équipe de Carnegie Mellon, c'est différent, car elle repose sur l'anticipation des mots prononcés.

Des électrodes, placées au contact de la peau sur les groupes musculaires intervenant dans la parole, détectent les micro-contractions annonciatrices de la formation des phonèmes, ces sons qui, assemblés, donnent nos mots et phrases.

L'ordinateur chargé de la traduction fonctionne au moyen d'un ensemble de logiciels bâtis autour du principe de l'intelligence artificielle, et apprend au fur et à mesure des échanges, enrichissant au passage son vocabulaire. Mais surtout, il est capable de deviner quels sons vont être prononcés par l'orateur, et la vitesse du système autorise une réactivité jugée "remarquable" par les intervenants à cette vidéo-conférence un peu particulière.

Bien sûr, les électrodes sont un peu voyantes (voir photo), mais gageons qu'elles gagneront en discrétion à l'avenir. En fait, ce qui a littéralement bluffé les parties en présence, c'est le fait que les conversations ont tourné autour de sujets variés, choisis un peu au hasard, loin des habituels contextes purement professionnels. La machine chargée de la traduction ne pouvait donc se contenter de piocher dans un secteur précis de sa base de données, mais devait au contraire s'adapter en permanence, faisant un peu penser au système T9 d'écriture des SMS (Short Messages Service) de nos téléphones mobiles.

Alors forcément, il y a bien eu quelques ratés. Ainsi, lorsqu'un des chercheurs a indiqué en plaisantant qu'il était en principe prêt à répondre à quelques questions venues d'Amérique ou d'Allemagne, l'ordinateur a compris qu'il "allait glycogèner des alternatives questions entre Amérique et Allemagne".

Donc, face à une telle machine, mieux vaut renoncer à faire de l'humour ou de l'ironie, car le résultat est loin d'être garanti...

Pourtant, une fois cette technologie finalisée, il deviendra possible de se faire comprendre dans à peu près n'importe quelle langue, pourvu qu'elle soit suffisamment documentée, et ses concepteurs prévoient une utilisation "en milieu ouvert" (hors domaines techniques spécifiques) d'ici cinq ans.

Le temps pour l'ordinateur de se doter d'un sens de l'humour'


Source : Slashdot