L'accord de mutualisation des infrastructures de réseau mobile signé entre SFR et Bouygues Telecom en début d'année doit recevoir l'accord des régulateurs et fait l'objet d'un recours de l'opérateur Orange qui y voit une concurrence déloyale. Or, le journal Les Echos indique que l'Arcep, régulateur des télécommunications, est favorable sur le fond au principe de mutualisation mais a détecté dans l'accord des éléments qui posent problème.

Bouygues-Telecom-logo  L'un des soucis porte sur une clause d'itinérance 4G accordée à SFR qui lui permettra en principe d'utiliser les antennes et les fréquences de son partenaire. Le régulateur y voit là un risque d'avantage concurrentiel par rapport aux autres opérateurs qui doivent investir lourdement pour bâtir leur réseau 4G.

Même si cette itinérance n'est prévue que sur deux ans, elle permettra à SFR de disposer de capacités plus importantes tout en lui permettant de déployer avec moins de contraintes son propre réseau 4G. Or, indique le journal économique, cette clause d'itinérance 4G pour SFR est soigneusement passée sous les radars lors de l'annonce de l'accord de mutualisation.

Outre le fait que SFR pourrait s'appuyer sur le réseau 4G étendu de Bouygues Telecom, cette itinérance 4G est surtout vue comme un moyen d'accéder facilement aux fréquences de la bande 1800 MHz que seul Bouygues Telecom est actuellement autorisé à exploiter pour des services mobiles 4G, et pour lesquelles il paie une redevance.

SFR-logo  Or, si les régulateurs ne voient pas d'objections à une mutualisation des antennes, ils étaient réservés sur le partage des fréquences mobiles et l'Autorité de la Concurrence l'avait clairement signalé dans son avis.

Et cela pourrait expliquer le ralentissement des déploiements de sites 4G observés chez SFR ces derniers mois : si l'accord de mutualisation est validé, il pourra s'appuyer sur le réseau 4G de Bouygues Telecom tout en prenant le temps d'installer son propre réseau quand les autres opérateurs cravachent pour étendre leur couverture.

SFR a bien fait comprendre à tout le secteur que son rapprochement avec Numericable ne modifiait en rien l'accord de mutualisation, ce qui, dans ce nouveau contexte, ne fait pas complètement les affaires de Bouygues Telecom. La situation aurait été toute différente si le groupe Bouygues avait pu mettre la main sur SFR.

De fait, un blocage de l'accord de mutualisation par l'Autorité de la concurrence pourrait l'aider à s'éclipser du partenariat même sans clause de sortie, lui permettant alors de se tourner vers Orange dans un accord plus équilibré, ou du moins à casser cette clause qui avantagerait son concurrent sur la 4G...

Source : Les Echos