Dévoilée en juin 2018, la plateforme vidéo en OTT entre France Télévisions, M6 et TF1 va enfin voir le jour. Les trois groupes audiovisuels impliqués dans cette aventure annoncent que leur entreprise commune est en mesure de débuter son activité. Un lancement de l'offre commerciale de Salto est prévu pour le premier trimestre 2020.

Cette annonce fait suite au feu vert de l'Autorité de la concurrence. Le Conseil supérieur de l'audiovisuel avait également rendu un avis favorable pour la création du projet Salto. La plateforme proposera les chaînes des trois groupes en direct et leurs services associés comme le replay, ainsi qu'une offre de vidéo à la demande par abonnement payant.

Salto s'inscrit dans la lignée de l'évolution des usages notamment impulsée par des acteurs étrangers comme Netflix. Il s'agira du reste d'une réponse à la concurrence de Netflix et autres qui devient de plus en plus dense. Accessoirement, Salto pourrait permettre aux chaînes de trouver une bouffée d'oxygène face aux opérateurs télécoms avec lesquels les négociations sont souvent houleuses pour la distribution de leurs services.

Via Salto, les groupes vont pouvoir proposer une offre de catalogue comme Netflix en s'appuyant sur des droits de diffusion des fictions qui ne sont pas limités dans le temps. Pour autant, la puissance financière de Netflix en matière d'investissement est sans commune mesure.

Il y a maintenant plus d'un an, il avait été annoncé pour Salto une offre autour de l'information, le sport, le divertissement, les documentaires, les fictions françaises, séries US, documentaires et cinéma. Désormais, le CSA écrit surtout que Salto " doit permettre de valoriser la création française et européenne et de renforcer l'offre non linéaire des acteurs français historiques de la télévision gratuite. "

Cette notion d'offre non linéaire a tout simplement pour exemple les services de vidéo à la demande, avec un utilisateur qui choisit le moment désiré pour la consultation de programmes et sur demande en fonction d'un catalogue proposé. Par opposition, un service linéaire - comme la télévision via la TNT - s'appuie sur une grille de programmes et concerne la consultation en simultané des programmes pour tous les utilisateurs.

Salto

Particulièrement enthousiaste pour Salto, Delphine Ernotte, la présidente de France Télévisions, déclare : " Avec l'autorisation de Salto, nous pouvons enfin constituer cette équipe de France de l'audiovisuel que j'appelais de mes vœux. Le lancement de la plateforme nous donnera très prochainement les moyens de jouer sur notre territoire, face aux acteurs internationaux. Et la création française et européenne trouvera ainsi un nouveau moyen de rencontrer son public. "

L'aval de l'Autorité de la concurrence est toutefois assujetti à des restrictions et engagements. Le texte intégral de la décision de l'autorité n'a pas encore été publié, mais un communiqué en donne la teneur. Par exemple, " la capacité d'approvisionnement en contenus exclusifs de Salto auprès de ses sociétés-mères sera limitée. " Cela signifie qu'il y aura une limitation pour le volume de contenus obtenus en exclusivité auprès de France Télévisions, M6 et TF1.

Également, Salto ne pourra pas " contracter d'exclusivité de distribution de chaînes de la TNT en clair et pour leurs services et fonctionnalités associés. " De quoi rassurer les opérateurs télécoms au final. Salto pourra néanmoins bénéficier " d'exclusivités temporaires pour des services et fonctionnalités dont elle serait elle-même à l'initiative. "

Quoi qu'il en soit, Salto arrivera tardivement dans un marché où les grandes manœuvres ont déjà largement débuté. L'offre de catalogue devra être à la hauteur pour avoir une chance de séduire.