Une ambition inépuisable

L'attente fut certes longue, mais nous ne sommes pas à plaindre puisque la version PAL de Rogue Galaxy dispose des ajouts de la mouture Director's Cut japonaise sortie en janvier 2007.  Ainsi, une nouvelle planète est présente avec les quêtes qui l'accompagnent, mais aussi de nouvelles armes, équipements et une amélioration de la configuration des donjons et de la difficulté.


Pour de nombreux joueurs, Level-5 est synonyme de RPG tels que Dark Cloud, Dark Chronicle, mais aussi l'excellent Dragon Quest : L'Odyssée du Roi Maudit. Le gage de qualité est donc présent et cela se ressent dès les premières minutes de jeu, prenantes à souhait. Vous incarnez Jaster Rogue, un jeune homme plein de fougue qui n'aspire qu'à visiter la galaxie qui l'entoure. Orphelin, il fut recueilli par le père Raul de la planète désertique Rosa. Dès son plus jeune âge, il regardait le ciel et se jurait de visiter un jour toutes les planètes existantes.

Un jour, il fut mêlé à une confrontation avec une bête immense envoyée par la Fédération de Longardie, cette dernière faisant des dégâts impressionnants à sa ville natale. Bien décidé à venir en aide aux habitants dans le besoin, Jaster se précipita vers les portes de la ville. Il tomba alors sur un guerrier à la fois discret et puissant qui se fait appeler « Griffe du Désert ». Ce dernier lui prêta une puissante lame dans le but de laminer la gigantesque atrocité.  Jaster tomba ensuite sur Steve et Simon, deux pirates de l'espace qui recherchaient la Griffe du Désert dans le but de l'enrôler dans l'équipe du capitaine Dorgengoa. Dans la confusion, notre jeune héros fut confondu avec le célèbre combattant et se retrouva vite sur le navire du capitaine où il fit connaissance avec l'équipage...

Un gameplay nerveux

La trame scénaristique nous prend directement aux tripes dès les premiers instants et le rythme se révèle particulièrement soutenu par la suite des évènements. Les personnages qui feront partie de votre équipe sont bien caractérisés dans leurs comportements. Loyaux, mystérieux, touchants ou encore amusants, chaque protagoniste se montre particulièrement charismatique, ce qui nous change quelque peu des « coques vides » de Final Fantasy XII (lire le test réalisé par nos soins), pour ne citer que lui. L'aspect d'aventure est ici bien exploité, rendant la visite de chaque planète totalement dépaysante pour le joueur. On passe ainsi allègrement des terres désertiques à une jungle dense, puis à une cité ultra-développée qui fait fortement penser à Star Wars.


Le gameplay paraît en premier lieu très proche de celui du douzième épisode de Final Fantasy puisque vous dirigez vos personnages de la même manière. Les explorations des méandres labyrinthiques sont d'actualité. Seulement, le détail changeant vient des combats qui classent d'emblée le jeu dans la catégorie Action-RPG. En effet, les affrontements se déroulent en temps réel, de la même manière que les volets PS2 de Kingdom Hearts.

Les ennemis arrivent donc aléatoirement pendant votre exploration, sans passer par des chargements de cartes de combat spécifiques. Assez confus au départ, les rudiments des premiers affrontements seront bien expliqués via des aides imagées. Le système se révèle une véritable réussite puisque de nombreux éléments rendent le tout très confortable et particulièrement efficace. Chaque personnage dispose de deux armes : une pour les attaques au corps-à-corps et l'autre pour les attaques à distance. Attention cependant, car vous disposez d'une jauge d'action qui se réduit au fur et à mesure des coups que vous assénez à vos adversaires ou des objets que vous utilisez. Une fois vidée, il faudra attendre quelques instants avant de reprendre les hostilités, en se protégeant avec la touche R1.


Vous devrez aussi établir des règles simples sur les comportements des deux alliés qui vous accompagneront : « chacun pour soi », « tous sur la même cible », « tout donner»  ou « en retrait ». Ici, pas de système de Gambits comme dans FFXII, mais un principe de suggestions alliées qui s'affichent brièvement pendant le combat. Cela permet d'utiliser des objets et autres capacités grâce aux touches de raccourci L1 et L2, ce qui facilite grandement votre rapidité / efficacité. Bien évidemment, l'action se mettra en attente lorsque vous accéderez au menu afin de parfaire votre stratégie à chaud.

Vous pouvez également splitter entre vos trois alliés via la touche L3 afin de tester leurs habilités. Lors de l'acquisition des premiers parchemins anciens, vous pourrez effectuer des « limites » une fois que vous aurez rempli la jauge adéquate. Cette attaque spéciale diffère selon le personnage qui l'utilise et se compose de touches à appuyer aux moments opportuns afin de créer une chaîne de combos qui pulvérisera la jauge d'HP de l'ennemi. Le gameplay des combats se révèle donc nerveux à souhait, ce qui plaira aux réticents des longs combats au tour par tour des RPG classiques.

La gestion aux petits oignons

Dans Rogue Galaxy, la gestion de l'inventaire est un élément qui fourmille de détails et on y passe souvent des heures avec un plaisir certain de gain de puissance et d'efficacité.  Pour commencer, un mode nommé « Révélation » est présent, ce qui correspond plus ou moins au sphérier de Final Fantasy X ou, dans une moindre mesure, à la grille des permis de FFXII puisque le contexte de tableaux évolutifs est foncièrement le même.

Seulement, au lieu d'échanger des points remportés en combat, le système de révélations permet de placer des objets récoltés ou achetés afin de créer des capacités à vos personnages. Il faudra parfois fouiller activement les villages, leurs magasins, ainsi que les moindres recoins des donjons du jeu afin de trouver les objets manquants à vos petites recettes.


Après quelques heures passées aux côtés de Jaster et de sa clique, vous ferez la connaissance de Crapi-Crapaud, un batracien qui cache bien son jeu sous son apparence totalement farfelue. En effet, notre petit allié viendra s'ajouter dans nos objets et proposera ses services de fusion d'équipements. Vous pourrez donc lui donner deux armes afin d'en créer une plus puissante.

Seulement, il faudra avoir préalablement augmenté les caractéristiques des armes au maximum en ayant effectué un nombre de combats suffisants avant que la grenouille ne veuille les ingurgiter. Il n'est également pas possible de combiner deux armes de classe et/ou de personnages différents. Cet élément vous paraîtra très vite indispensable afin d'éviter de vider votre bourse dans les magasins d'équipements.


L'autre grand point en terme de gestion rappellera sans nul doute le système d'alchimie de Dark Chronicle. Il s'agit d'établir une chaîne de production d'usine qui permettra de créer des objets insolites en combinant divers ingrédients spécifiques. Afin de vous aider, certains personnages vous divulgueront des plans de production, souvent incomplets. Pour peu que vous ayez la connaissance des objets à fusionner, il ne vous reste plus qu'à mettre en place ou à compléter la chaîne avec les appareils nécessaires afin qu'ils arrivent au même moment dans l'assembleur duquel sortira le produit fini.

Vous devrez alors gérer convenablement le schéma selon le type d'ingrédient requis. Par exemple, pour traiter le métal, il faut le fondre, le presser et le sécher, ce qui prend un temps considérable. Il faudra donc rallonger les autres ingrédients via les trajets en tuyaux. Une fois le schéma bien construit, il ne reste plus qu'à alimenter le tout via les générateurs électriques présents aux extrémités de la pièce. Si tout se déroule pour le mieux, le produit se créé et sera prochainement disponible à l'achat dans les magasins.


Enfin, n'oublions pas de préciser un dernier élément : la gestion des « Insectrons ». Il s'agit un peu d'un principe issu Jade Cocoon puisque vous devrez capturer des insectes grâce à une cage spéciale que vous disposerez à des endroits clés du jeu, accompagnée d'un leurre spécifique. Une fois la créature piégée, vous pourrez l'utiliser dans des combats en arène.

Une technique au point

Graphiquement, Rogue Galaxy est particulièrement avancé, même si le jeu date de 2005. On dépasse donc allègrement la qualité de Dragon Quest VIII, avec un Cel-Shading particulièrement détaillé qui prend toute sa dimension lors des cut-scenes particulièrement nombreuses. Par ailleurs, on notera un atout de taille sur les chargements qui se révèlent quasi-inexistants de part leur intégration presque invisible dans l'aventure. Fini donc les chargements à chaque porte, à chaque section de village / donjon. Tout se fait de façon continuelle et ne casse pas l'élan du jeu. Seuls les déplacements via téléportation entre les points de sauvegarde donneront lieu à de brefs loadings. On notera également la présence du mode 60Htz.


Le côté sonore n'est pas en reste avec des thèmes composés par Tomohito Nishiura, qui s'est précédemment occupé des Original SoundTracks de Dark Cloud et de Dark Chronicle. Les thèmes sont très doux, rendant le déroulement du jeu très agréable et paisible. On notera aussi l'apparition du thème chanté « Dreaming My Way Home » lors de certaines phases épiques ou émotionnellement fortes. Quoi qu'on en dise, Rogue Galaxy reste l'un des RPG à retenir sur PlayStation 2.

+ Les plus

  • Un gameplay extrêmement riche.
  • Le moteur Cel-Shading époustouflant.
  • Temps de chargement ultra-réduits.
  • La qualité sonore.

- Les moins

  • Des combats parfois fouillis.
  • Un scénario qui aurait pu être davantage développé.