Creality, le monstre de l'impression 3D grand public

Il y a quelques semaines, la marque Creality 3D profitait de son anniversaire pour faire plusieurs annonces parmi lesquelles une nouvelle gamme d'imprimantes 3D résine avec la série Mage.

Creality Halot Mage

La gamme se décline en deux modèles : Halot Mage et Halot Mage Pro, deux imprimantes qui se ressemblent énormément en apparence, mais dont l'orientation est bien différente de l'une à l'autre. Elles partagent néanmoins quelques bases communes avec notamment un volume d'impression identique et un capot baptisé MageArch qui vaut, à lui seul, le détour.

En attendant notre test de la version Pro d'ici quelques jours, voici donc déjà la présentation de la Halot Mage 8K, une imprimante moderne qui en a sous le capot !

L'impression résine LCD, comment ça marche ?

Il existe plusieurs technologies d'impressions 3D à résine sur le marché, mais celle déployée pour le grand public, et surtout au niveau des machines les plus accessibles, est relativement simple.

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Il s'agit d'employer une résine photosensible qui polymérise en quelques instants lorsqu'elle est soumise à des rayons ultra-violets. Cette résine est stockée dans un bac dont le fond est un film plastique qui laisse passer la lumière.
Le bac repose sur un écran LCD monochrome qui affiche des "tranches" à imprimer, soit chaque couche, sous la forme d'un négatif qui permet au projecteur UV situé en dessous de projeter d'un coup toute la couche à polymériser.

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Il n'y a plus qu'à faire monter et descendre un plateau sur lequel la résine viendra se fixer, puis faire des montées et descentes pour que la matière revienne se positionner entre la pièce et le fond du bac pour polymériser chaque couche progressivement et accumuler ainsi de la matière.

Cette technologie est assez simple en soi, mais nécessite quelques réglages dans les temps d'exposition, les délais et vitesses de montées et descentes du plateau. Réglages qu'il faut appliquer en fonction de chaque type de résine puisqu'il en existe des centaines avec des particularités qui leur sont propres.

Packaging, prestations

Comme à son habitude, Creality fait les choses en grand dans ses packs : l'imprimante est livrée dans un carton renforcé, protégée par de la mousse, et mieux encore, elle ne vient pas seule.

Halot Mage

En marge de l'imprimante, on retrouve ainsi des clés Allen, deux spatules (une souple pour le bac d'impression, une en métal pour détacher les pièces du plateau), plusieurs notices, une clé USB avec des notices, logiciels, et ficher de test, ainsi qu'un tube de graisse pour lubrifier la tige trapézoïdale de l'axe Z. Bon point supplémentaire : on trouve également un carton renfermant une feuille servant à la mise à niveau du lit, ainsi qu'un film FEP de rechange. On trouve également une carte avec un code permettant de profiter du logiciel de découpe Chitubox Pro pendant 3 mois.

On pourra donc manipuler le bac à résine sans crainte, un FEP étant disponible pour effectuer un remplacement.

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La Halot Mage se veut assez imposante, mais elle propose un volume d'impression particulièrement élevé : 228 x 128 x 230 mm grâce à son écran LCD de 10,3 pouces dont la définition 8K (7680 x 4320 pixels) offre une résolution en XY de 29,7 microns (presque deux fois plus fin que la majorité des machines existantes sur le marché grand public).

La série Mage inaugure une nouvelle fonctionnalité particulièrement appréciable baptisée MageArch : le capot orange qui filtre les rayons UV est monté sur deux axes et peut être soulevé et pivoté vers l'arrière. L'accès au bac et au plateau est facilité et la manipulation peut être réalisée à une main. Sur d'autres modèles, le capot est un cube d'un bloc qui impose d'être saisi à deux mains et de lui trouver une place le temps de l'intervention : simple à produire, mais bien moins pratique que ce que propose Creality ici.

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Toujours propre à la série Mage, on retrouve un système de filtration intégré développé par Creality qui embarque un filtre à particules et à charbon actif ainsi qu'un ventilateur. Cela permet de filtrer l'air vicié de l'enceinte et surtout de réduire considérablement les odeurs de résine qui sont l'un des points noirs de l'impression résine en général. Notons que la filtration rejette l'air à l'arrière de la machine et qu'il est possible d'y connecter un tube flexible pour réorienter l'air vers l'extérieur, d'ailleurs Creality fournit un manchon à cet effet.

Concernant l'axe Z, il est laissé à deux rails à roulements linéaires et à une tige trapézoïdale. Cela permet d'offrir une grande stabilité et une souplesse dans les déplacements. Creality annonce des hauteurs de couches allant de 0,05 mm à 0,15 mm, mais dans les faits, on pourra descendre bien en dessous pour gagner en précision (au risque toutefois de faire exploser les temps d'impression).

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En façade, on retrouve un écran de contrôle tactile et couleur de 4,3 pouces ainsi qu'un port USB qui sera le seul point d'entrée de la machine pour les fichiers : point de WiFi ou d'Ethernet à l'horizon. Par ailleurs, notons que les Halot Mage et Pro ne prennent en charge que les fichiers de format CXDLP qui n'étaient pas encore pris en charge par Chitubox lors de la réception de la machine.

Côté puissance : la Halot Mage en a sous le capot puisqu'elle propose un projecteur de type "Lumière intégrale" d'une intensité lumineuse de 5000 ±10% μW/cm² .

Globalement la qualité des matériaux est au rendez-vous : la machine pèse dans les 12 kg sans résine, et toutes les finitions sont soignées. Le design de la Halot Mage s'inspire de l'ancienne Halot Sky tout en se voulant plus moderne et simple.

Halot Mage à l'usage

Alors que vaut cette Halot Mage 8K ? Et bien, n'y allons pas par quatre chemins : si l'ensemble du processus de test ne s'est pas toujours déroulé comme prévu avec quelques échecs et frustrations à la clé (mais nous y reviendrons), les résultats sont tout simplement bluffants.

La mise en route est assez simple : on branche la machine, on retire le bac à résine et l'on positionne la feuille de nivellement sur l'écran puis on desserre les vis de fixation du plateau avant de lancer la fonction "Home". Le plateau descend ainsi en contact avec la feuille puis il suffit de fixer sa position avec les vis. On remonte le tout puis on remet le bac et il est déjà temps de verser sa résine et de lancer un fichier de test.

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Creality nous a fourni, en marge de l'imprimante, de la résine de type "haute précision" spécifique aux machines proposant une définition 8K. Cette résine a pour particularité de se montrer légèrement plus dense et donc de permettre une polymérisation plus nette.

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Halot Box a encore pas mal de ratés

Fait est dit : comparé à une résine plus traditionnelle, la résine haute définition apporte un grain particulier avec une finition mate véritablement saisissante. Sur de la figurine au format 22 mm, les détails sont tels que certains nécessitent l'usage d'une loupe pour les apprécier.

Sur le test de notre vampire, on peut noter les rides et plis de la peau, mais également les dents imprimées avec succès alors qu'elles ne mesurent que quelques dixièmes de millimètre...

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Les possibilités sont énormes et le potentiel est véritablement présent. L'écran 8K monochrome fait des merveilles et la puissance du projecteur est en accord avec le reste de la machine.

Ce n'est pas véritablement une surprise et comme toujours en impression 3D (et surtout chez Creality qui maitrise son sujet), tout dépend surtout du logiciel et des réglages réalisés par l'utilisateur. Côté constructeur, les efforts sont à réaliser sur les à coté pour rendre l'expérience plus fluide et simple.

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Et là, Creality a réussi le tour de force de me faire changer quelque peu d'avis. Je n'étais pas emballé à l'idée de me replonger dans l'impression résine du fait de plusieurs points assez contraignants : la résine est toxique, elle a une forte odeur, ça tache, ça colle, on en met partout... Une fois les pièces imprimées, il faut les nettoyer dans l'alcool, puis les faire polymériser à nouveau en les exposant aux UV... Bref ce n'est pas toujours quelque chose de plaisant et au fil des jours, l'odeur de résine peut amener à vous procurer un véritable dégout, voire des nausées...
Nous en reparlerons avec la Mage Pro surtout, qui dispose d'un plus pour la gestion de l'alimentation et du vidage du bac à résine, mais la Mage simple a déjà une réponse à un des points noirs évoqués : son système de filtration.

Apparté Wash & Cure :

À l'occasion des tests de ces nouvelles imprimantes résine, Creality nous a également fourni sa station Wash & Cure UW-02, soit la dernière génération de stations de la marque, qui plus est, en grand format.

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C'est sans aucun doute la combinaison de la filtration intégrée à la Halot Mage (et plus encore avec la Pro) et du système Wash & Cure qui m'a fait changer d'avis sur l'impression résine. Jusqu'ici, j'utilisais un bac à ultrasons pour le nettoyage des pièces, puis une "UV Box" maison, le tout prenant tout de même beaucoup de place et invitant à de nombreuses manipulations.

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Le système Wash & Cure propose de rassembler les deux étapes de post-traitement des impressions résine dans un seul appareil : une base qui dispose d'un moteur et d'une partie électronique sur laquelle on vient poser un bac étanche rempli d'alcool ou d'un liquide de nettoyage lui-même doté d'un agitateur à aimants au fond et d'un panier, ou pour la partie polymérisation, un plateau tournant.
Les manipulations sont simples, chaque fonction dispose de 2 vitesses et d'un timer proposant plusieurs durées.

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Ce type de système, pour la partie nettoyage, est moins efficace qu'un bac à ultrasons, à n'en pas douter, surtout dans les pièces évidées... Néanmoins, il remplit son office et plusieurs passages permettent d'obtenir des pièces débarrassées de la très grande majorité des résidus de résine.

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Globalement, ce type de station est un véritable gagne temps pour qui ne serait pas équipé des autres dispositifs évoqués ou qui s'échine encore à nettoyer ses pièces les mains plongées dans un bocal d'alcool avec une brosse à dents... Notons qu'il en existe chez la plupart des fabricants de machines, et dans des tailles différentes : on trouvera alors intérêt à sélectionner une dimension à même d'accueillir directement le plateau de l'imprimante comme dans notre cas avec l'UW-02.

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La filtration de l'air est particulièrement efficace et finalement, une fois le capot fermé, on ne sent qu'une très légère odeur de résine qui se veut très supportable. C'est un plus appréciable : certains constructeurs proposaient déjà des filtres vendus séparément, ici tout est inclus.

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La clé USB en façade est également appréciable : cela parait presque bête, mais tous les constructeurs ne proposent pas un port USB en façade... Ce qui implique de se courber ou de manipuler la machine...

Les menus de la machine sont relativement simples et l'on peut y régler le système de filtration pour l'activer automatiquement pendant l'impression. Il est également possible de changer les réglages de vitesse et de temps d'exposition pendant l'impression et de court-circuiter ainsi les réglages réalisés dans le slicer : là aussi, cela facilite les choses dans la manipulation des fichiers surtout quand on dispose de plusieurs machines ou que l'on souhaite relancer une impression avec d'autres réglages sans repasser par le logiciel de tranchage.

Venons-en aux éléments qui fâchent : la partie logicielle sur PC

Avec sa série Mage, Creality met en avant son propre logiciel de slice baptisé Halot Box. Un logiciel qui, au lancement des machines, était le seul à pouvoir trancher des fichiers pour les Halot Mage puisque les Mage et Mage Pro n'ont été prises en compte par Chitubox et Lychee que quelques jours seulement avant la rédaction de ce test.

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Et n'y allons pas par quatre chemins : la manipulation de Halot Box tourne souvent au véritable supplice... Le déplacement des pièces et l'orientation ont un petit quelque chose d'étrange et de peu intuitif. Aucune option d'analyse du modèle et de réparation n'est proposée, ce qui peut entrainer des problèmes lors des impressions.
L'option d'évidage est complètement bloquée : impossible de descendre sous les 5 mm de parois et le remplissage de 5% est forcé.
Pire encore, la gestion des supports et les réglages que l'on peut y apporter sont sommaires. En outre la génération automatique fait l'impasse sur la moitié des îlots et il faut passer un temps considérable à ajouter des supports manuels.
Enfin pour boucler un tableau peu reluisant : le tranchage est interminable tout comme le transfert vers la clé USB. Nous ne parlerons pas des fonctions avancées qui sont du même niveau, mais qui sont propres à l'utilisation de la Mage Pro (notamment WiFi et Creality Cloud).

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En bref, ma position a été simple : après m'être arraché les cheveux sur Halot Box à préparer des plateaux, j'ai pris le pli de préparer l'orientation et les supports de mes pièces sur Chitubox pour exporter l'ensemble en STL sur mon PC avant de recharger le tout sur Halot Box en vue de simplement exploiter la fonction de slice. La manipulation parait laborieuse (dans les faits elle l'est), mais dans les faits, c'est bien plus rapide que de tout tenter de faire directement sur Halot Box.

Creality est au courant du problème, et nous espérons une mise à jour rapide de Halot Box.

Bilan

La Halot Mage coche presque toutes les cases de l'imprimante résine parfaite : elle propose un volume plutôt imposant, des options bien senties et on voit l'implication de Creality au niveau matériel.

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Les résultats d'impression sont plus que convaincants et iront, disons-le, au-delà des attentes de la plupart des particuliers et professionnels. Les domaines d'application sont nombreux : décoration, jeux de rôle, bricolage, bijouterie, dentisterie...

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On regrette toutefois que Creality n'ait pas porté autant de soin à son logiciel Halot Box qui présente encore nombre de lacunes et se veut d'une lenteur insupportable. Regret également sur le ventilateur de refroidissement du projecteur : il n'y en a qu'un seul sur la Halot Mage, mais il se met en route dès l'allumage de la machine alors que sur Halot Mage Pro, ils sont deux, mais ne s'activent que lorsque l'impression est lancée.

Reste que la manipulation de la machine est plaisante : le capot MageArch et la filtration de l'air sont deux plus qui paraissent gadget, mais qui font la différence à l'usage.

Vous pouvez trouver l'imprimante résine Halot Mage 8K au prix officiel de 439 € sur le site de la marque, mais elle est actuellement proposée à seulement 359 € pour sa période de lancement. Une très bonne affaire.

+ Les plus

  • L'écran 8K
  • La qualité des impressions
  • Le capot MageArch
  • La filtration intégrée

- Les moins

  • Le ventilateur qui tourne non-stop
  • Le logiciel Halot Box à la traine