L'encyclopédie libre en ligne à laquelle tout un chacun peut contribuer est devenue un incontournable de la Toile. Avec ses versions dans un nombre pharamineux de langues, il s'agit du cinquième site le plus consulté au monde, soit près de 325 millions de visiteurs uniques par mois. Autant dire que son succès ne se dément pas, mais une recherche menée par Felipe Ortega à l'Université Rey Juan Carlos de Madrid met aussi au jour une autre réalité à laquelle serait confrontée le projet né en 2001.

Un groupe de recherche a conçu un logiciel afin de suivre à la trace les écrits de trois millions de contributeurs dans dix langues différentes. Des contributeurs qui dans la grande tradition de Wikipedia sont des bénévoles. Sur les trois premiers mois de l'année 2009, la version anglaise de Wikipedia a enregistré la perte de 49 000 contributeurs. Un constat inquiétant quant on sait que pour la même période en 2008 cette perte avait été dix fois moindre, de l'ordre de 4 900 contributeurs.

Pour Felipe Ortega, si cette tendance est amenée à se confirmer dans une telle ampleur, le devenir de Wikipedia sera alors peut-être menacé, mais pour l'heure il affirme que ce n'est pas le cas. Selon lui, la démission d'autant de contributeurs s'explique en partie par l'augmentation des règles qui gouvernent une publication sur Wikipedia, avec aussi tout un travail de contrôle à fournir. Il est vrai que pour couper court à certaines polémiques, Wikipedia a dû mettre en place des contrôles plus étroits. Une lourdeur administrative alors ?

The Times cite aussi l'exemple tout frais de la main du joueur de football français Thierry Henry, lors du match de barrage face à l'Irlande pour la qualification à la prochaine Coupe du Monde. La page Wikipedia du joueur a été prise d'assaut pour exprimer certains points de vue et a finalement été bloquée. De la bisbille entre contributeurs et en conséquence d'autres règles ont été établies.

Si Felipe Ortega suggère également que tout simplement le nombre important d'articles déjà présents sur Wikipedia n'incite pas à l'engagement de nouveaux contributeurs, le co-fondateur de l'encyclopédie libre est loin de partager son analyse. Interrogé par The Telegraph, Jimmy Wales assure que les chiffres internes ne sont pas le reflet de ceux avancés par Felipe Ortega et parle de stabilité pour le nombre de contributeurs, d'autant que " les nouveaux éditeurs remplacent dans à peu près le même rythme les éditeurs existants qui partent ". Pour Jimmy Wales, Wikipedia se porte bien.