Le Sommet Mondial sur la Société de l'Information se poursuit, mais sans grand suspense, car une des principales pierres d'achoppement entre Europe et Etats-Unis vient de disparaître.

Le sommet mondial organisé sous l'égide des Nations Unies à Tunis prévoyait d'aborder toutes sortes de thèmes directement liés à Internet, son usage, son avenir, et on attendait la grande confrontation d'idées entre les Etats-Unis et l'Union Européenne sur l'attribution et la garde des noms de domaine.

Le suspense n'aura pas duré longtemps, puisqu'à peine le sommet ouvert, on apprenait que les USA garderont finalement la main-mise sur cette partie cruciale de l'Internet moderne.

Le seul arbitre potentiel a presque tout de suite décliné la lutte: par la voix de son Secrétaire Général, Kofi Annan, les Nations Unies ont fait savoir qu'elles n'avaient ni pour mission, ni pour vocation à "gérer" Internet, arguant que ce travail, hautement technique, ne pouvait revenir qu'à une institution purement politique.

A cette annonce, le Vice-Ministre allemand de l'Economie, Bernd Pfaffenbach a déclaré que l'accord final suggérait selon lui une supervision internationale de la gestion des noms de domaine, mais son opinion n'a pas reçu beaucoup d'écho. Pourtant, à terme, un dédoublement du réseau mondial pourrait voir le jour, et avec lui de nombreuses erreurs d'aiguillage au moment d'afficher les pages Web recherchées.

"Et le combat cessa, faute de combattants" pourrait être en résumé le sentiment qui prédomine désormais, car par un savant tour de passe-passe, les Etats-Unis sont parvenus à conserver le contrôle de ces noms de domaine. En échange, ils ont généreusement accordé aux pays détenteurs de noms de domaine personnalisés (la France avec le .fr ou la Chine avec le .cn, par exemple) une plus grande marge de manoeuvre quant à la manière de les gérer.

Une inconnue, mais de taille, subsiste: que deviendra l'ICANN à la fin de l'accord qui le lie au Département américain du Commerce, son autorité de tutelle outre-Atlantique'

C'est une autre histoire...



Source : Reuters