Depuis le temps que l'on vous parle du "portable à 100 dollars", vous devez vous demander s'il verra un jour vraiment le jour. Pas tant chez nous, où il n'apparaîtra sans doute jamais, sauf de manière anecdotique, mais surtout sur les marchés émergents, auxquels il est destiné. Nouvel écueil dans cette genèse mouvementée : son coût de revient, qui a, disons, un peu grossi...


Les dollars font des petits
Si l'on se fie aux règles du commerce mondial, pour vendre un bien ou un service 100 dollars (US, dans ce cas), il faut que son prix de revient se situe en dessous, ou au pire à hauteur, de cette barre. Ce devrait donc aussi être le cas de l'OLPC (comprenez : One Laptop Per Child ; un ordinateur portable par enfant), ce produit d'une initiative généreuse, mais qui peine à décoller. Le fondeur californien Advanced Micro Devices (AMD) s'y était imaginé une place, mais a dû finalement jeter l'éponge. Le groupe de travail initié par le célèbre et respecté Massachusetts Institute of Technology reste donc en lice pour équiper les pays dits émergents en ordinateurs à petit prix, mais il se heurte à une nouvelle difficulté : son PC compact coûte 150 dollars US par unité à fabriquer, et l'on voit mal comment il pourrait être vendu 100 dollars US, ou même 150.

Nicholas Negroponte, fondateur et président d'OLPC, espère ramener cette valeur à 100 dollars US d'ici 2008, mais quelques obstacles subsistent. A commencer par le prix de certains composants, dont l'écran et la batterie (nickel-métal hydrure), qui ont singulièrement augmenté ces derniers mois. Le projet, dévoilé en grande pompe en janvier 2005, va donc fêter son deuxième anniversaire sans avoir totalement convaincu, mais ne serait pas pour autant en danger. Le premier prototype fonctionnel, présenté par l'assembleur Qantas cette semaine, porte le nom de B1 (photo), mais n'a rien d'un bombardier stratégique. Il devra faire l'objet d'un sérieux examen, car tous ses composants ont du mal à cohabiter. Si tout va bien, il sera suivi dans quelques mois d'un B2 (logique), et les premières livraisons devraient intervenir d'ici la fin du premier trimestre 2007, notamment en Argentine, au Brésil, en Lybie ou au Nigéria. Pour un total de plus de 5,2 millions d'unités.


En constante évolution
Le prototype B1 reprend une esthétique connue, de couleur vert citron et blanc. Il a à peu près la taille d'un livre d'école, et ses matériaux ont été choisis en fonction des marchés auxquels il se destine. Par exemple, le clavier est enchassé dans une membrane élastique, qui devrait protéger les composants sensibles de l'humidité, de la poussière et des projections d'eau. Par rapport aux premières présentations, on note l'apparition d'une petite caméra vidéo à droite de l'écran, de capacités de VoIP, et d'un écran qui pivote à 180°, façon Tablet PC. Voilà qui pourrait expliquer l'inflation constatée au niveau de la somme des composants...

S'il est un point sur lequel les initiateurs du projet OLPC savent pouvoir faire des économies, c'est bien sur les licenses logicielles : c'est une distribution Linux gratuite qui motorise le tout, et plusieurs grandes universités nord-américaines ont participé à leur manière au projet, à l'instar de celle de Montréal, qui a conçu un programme d'éducation musicale spécialement pour lui. Le principe de la "mesh connection", voisin dans son fonctionnement du "peer-to-peer", permet de partager une connexion Internet sans infrastructure particulière, mais un chipset WiFi est tout de même présent, pour les situations où il peut être employé. Cela n'empêche pas les concepteurs de l'OLPC de le proposer en priorité aux écoles et administrations qui possèdent déjà un serveur et une connexion à Internet, afin de mieux utiliser la fonction "mesh connection".

Le consortium OLPC regroupe toujours des noms comme eBay, Google ou Red Hat, mais celui d'Advanced Micro Devices a désormais été supprimé de la liste. Erreur stratégique, ou pré-science '