L'un des derniers obstacles à la fusion d'Alcatel et de Lucent vient d'être levé, avec l'accord de principe donné par le président des Etats-Unis à l'union entre ces deux grandes firmes.


Feu vert
Après consultation auprès de différents experts, le président américain George W. Bush a décidé de donner son aval à la fusion entre l'Américain Lucent et le Français Alcatel. Ce dernier devrait donc "avaler" le premier nommé, non sans avoir au préalable signé un chèque de 11,8 milliards de dollars US (plus de 9,5 milliards d'euros). Le président Bush a donc choisi de se conformer aux recommandations formulées par le Comité sur les investissements étrangers en terre américaine (le CFIUS, pour Committee on Foreign Investment in the United States), qui ne voyaient dans ce rapprochement aucun risque pour la sécurité des Etats-Unis. C'est le secrétaire de presse de la Maison Blanche, Tony Snow, qui a fait l'annonce en marge du sommet Asie-Pacifique auquel le président américain participait, la semaine dernière.


Naissance d'un géant
En donnant son accord de principe à la fusion entre ces deux colosses, l'administration américaine lève le dernier obstacle légal majeur--des actions isolées de petits porteurs sont encore à prévoir--à la création d'une super-entité qui pèsera plus de 25 milliards de dollars US de chiffre d'affaires par an, et s'octroiera près de 18% de parts de marché sur ses métiers. Revers de la médaille : 9.000 suppressions de postes sont envisagées au cours des trois prochaines années, qui permettront théoriquement d'économiser 1,8 milliard de dollars US sur cette même période. Au delà du volet financier, les deux firmes devront rassurer les agences gouvernementales de leurs pays respectifs, puisqu'elles opèrent toutes deux dans des domaines sensibles, dont celui de la défense. Outre-Atlantique, cet aspect de la fusion a fait se lever quelques sourcils, mais tant Lucent qu'Alcatel se sont déjà engagées sur ce point. En autorisant l'union, le président Bush entend, selon les termes du communiqué de presse de la Maison Blanche, démontrer "la volonté des Etats-Unis de protéger sa sécurité et ses intérêts, tout en réaffirmant son ouverture à toutes les formes d'investissement sur le sol américain, d'où qu'elles viennent."

Implantée à Murray Hill, dans le New Jersey, Lucent est la maison-mère de la célèbre firme Bell Labs (maintes fois rebaptisée, il est vrai), à qui on attribue l'invention du transistor, dans les années 1940. Lucent revendique près de 30.000 employés à travers le monde, contre plus de 58.000 pour Alcatel, dont le PDG actuel, le Français Serge Tchuruk, prendra la tête du nouveau groupe. Sauf imprévu de dernière minute, la fusion devrait être définitivement entérinée avant le 30 novembre 2006. La Bourse de New York (NYSE, pour New York Stock Exchange) a déjà anticipé la chose, vendredi, en redonnant des couleurs à l'action Lucent, en hausse d'un petit "cent", à 2,62 dollars US. Sur la même place, l'action Alcatel enregistrait, elle, une baisse de 8%, à 13,50 dollars US.