La Chine a mis beaucoup de temps à passer à la 3G mais c'était pour mieux préparer une migration rapide vers la 4G et rattraper son retard par rapport aux marchés occidentaux. La 3G chinoise a surtout été là comme socle préparant cette évolution.
Avec l'attribution des licences 4G à la fin de l'année 2013, l'Empire du Milieu peut maintenant compter sur la puissance de son marché télécom local pour avancer rapidement. Les réseaux 4G pré-commerciaux qui ont servi à tester la variante TD-LTE utilisée par les opérateurs chinois forment un solide noyau de départ qui est maintenant complété selon un rythme soutenu.
Le Financial Times note que la Chine est train de passer devant l'Europe en matière d'installation de sites 4G et que tout indique que la densité des antennes sur le territoire va considérablement se renforcer.
Le plus grand opérateur du pays compte déjà 200 000 stations de base installée en amont du lancement commercial de son réseau 4G, soit plus que ce qui est installé en Europe, certes pour couvrir plus de territoire et de population, mais à un rythme qui montre que la Chine veut disposer d'une couverture nationale à très bref délai.
D'ici la fin de l'année, le pays pourrait compter jusqu'à 1 million d'antennes 4G, contre environ 300 000 actuellement, et représente 60% des installations mondiales d'antennes 4G. Un dynamisme qui contraste avec les critiques adressées en Europe sur un déploiement tardif de la 4G (par rapport aux Etats-Unis, notamment) et pénalisé par des contraintes réglementaires trop fortes. La question des fusions entre opérateurs, mal vue par la Commission européenne et les régulateurs nationaux par crainte de création de géants monopolistiques, est plus que jamais à l'ordre du jour.
Si l'Europe a eu du mal à s'imposer sur la 4G, après avoir dominé sur la 2G et avoir été dans les temps pour la 3G, elle espère bien reprendre l'avantage sur la prochaine génération, la 5G, pour laquelle tout reste à faire mais qui pourrait émerger d'ici 2020.
Oui mais voilà, le contexte a bien changé et la Chine est parfaitement placée, avec ses puissants équipementiers télécoms, pour bâtir et récupérer une bonne partie de la propriété intellectuelle de la 5G qui sera la base des royalties de la prochaine décennie.
Le flux des droits de licence, qui génère une part significative des revenus des grands groupes télécom ou de composants mobiles occidentaux, pourrait bien alors s'inverser en faveur de l'Asie. Déjà, la variante TD-LTE chinoise, au lieu du FDD-LTE utilisé en Europe et aux Etats-Unis, commence à intéresser divers marchés.