Accenture, géant mondial du conseil, vient d’entamer un virage stratégique radical en s’appuyant sur l’intelligence artificielle pour remodeler sa structure et ses effectifs, quitte à congédier ceux que le futur numérique laisse sur le côté.

Depuis plusieurs années, le secteur du conseil et des services informatiques est secoué par la montée en puissance de l’intelligence artificielle. Les grandes entreprises, à l’image d’Accenture, se tournent de plus en plus vers l’automatisation et les algorithmes pour répondre à la demande croissante en transformation numérique.

Le contexte économique mondial impose aux sociétés du secteur de redoubler d’agilité, en accélérant la formation de leurs équipes à l’IA, sous peine de se retrouver dépassées et de voir leur rentabilité menacée.

Des salariés sous pression face à l’intelligence artificielle

Accenture a franchi un nouveau cap en annonçant un plan massif d’optimisation, qui repose d’abord sur la formation intensive de ses employés aux fondamentaux de l’IA générative.

Pour ceux jugés incapables de se réinventer, l’issue est directe et expéditive : la sortie du groupe. Selon la direction, plus de 550 000 collaborateurs ont déjà suivi une formation dédiée à l’intelligence artificielle.

intelligence artificielle

La mécanique enclenchée ne laisse pas de place à l’hésitation : un salarié "non re-skilliable" doit quitter l’entreprise à court terme pour céder la place aux profils les plus adaptés.

Cette stratégie s’inscrit dans un programme de réorganisation de grande ampleur qui devrait permettre à Accenture d’économiser plus d’un milliard de dollars, argent réinvesti dans la croissance du groupe et dans la formation continue.

Les suppressions de postes ne concernent pas seulement Accenture, car le mouvement touche tout le secteur, comme l’illustrent les restructurations menées par Microsoft ou IBM ces derniers mois.

Un secteur en mutation : vers l’automatisation des emplois qualifiés

Sur le terrain, les chiffres donnent le vertige. Cet été, pas moins de 12 000 postes ont déjà été supprimés par Accenture, avec une majorité d’emplois impactés aux États-Unis.

Shéma homme et intelligence artificielle face à face

Cette politique d’exclusion rapide frappe surtout les cols blancs et les métiers de l’encadrement, jadis peu menacés par la robotisation. Ressources humaines, services commerciaux, support technique et codage informatique sont désormais touchés de plein fouet par l’arrivée massive de l’IA générative.

Dans les deux dernières années, 7% des postes qualifiés des grandes entreprises américaines ont disparu, un signal d’alerte pour tous les secteurs. L’exemple de IBM et des banques illustre bien cette bascule où la machine supplante l’homme sur de nombreux métiers.

Les premiers sacrifiés et les rares rescapés : qui ne sera pas remplacé ?

Pour les jeunes diplômés, la situation devient critique. Les entreprises hésitent désormais à recruter de nouveaux talents considérés comme trop interchangeables avec l’automate, ce qui conduit à un chômage des jeunes supérieur à la moyenne nationale aux États-Unis, une première en huit décennies.

Toutes les professions intellectuelles semblent concernées tandis que les métiers manuels pourraient tirer leur épingle du jeu. Plombiers, soudeurs, serveurs ou aides-soignants disposent d’un répit, leurs compétences restant difficiles à simuler ou automatiser.

Pendant ce temps, de nouveaux secteurs voient leur attrait s’estomper, la radiologie se retrouvant par exemple concurrencée par l’IA générative capable d’analyser des milliers d’images à la minute. Cette redistribution des cartes interroge sur la prochaine étape, alors que la frontière entre homme et machine s’effrite chaque jour davantage.

Face à cette mutation, les entreprises n’ont d’autre choix que de lâcher du lest ou d’engager une reconversion profonde, avec des conséquences encore incertaines sur l’avenir du marché de l’emploi.