François Braun, ministre de la Santé et de la prévention s'est récemment exprimé sur BFMTV pour évoquer les objectifs du gouvernement dans la lutte contres diverses addictions.
Mais si le ministre a bien évoqué le terme d'addiction aux écrans ou aux réseaux sociaux, mentionnant les smartphones, tablettes et TikTok, ce concept fait toujours débat auprès de la communauté scientifique.
Pour le ministre, "la prévention est un enjeu majeur pour notre société, qui est insuffisamment développé". La terminologie addiction aux écrans avait déjà été utilisée par la secrétaire d'État chargée de la Jeunesse et du service national universel, Sarah El Haïry lors de la mise en avant de la plateforme d'information du gouvernement jeprotègemonenfant.gouv.fr.
L'exposition aux écrans représente bien un risque mais...
Reste que chez les professionnels de santé, le concept d'addiction aux écrans est à l'origine d'un vaste débat. Le phénomène n'est pas répertorié dans le "Diagnostic and Statistical manual of Mental disorders" de l'Association américaine de psychiatrie (AAP), un manuel pourtant utilisé par les professionnels de santé sur l'ensemble du globe et qui répertorie justement les différents types d'addiction et les classe selon des critères très stricts et définis.
L'OMS a bien intégré, dès 2019 dans les maladies et problèmes de santé reconnus les "troubles du jeu, principalement en ligne" avec la possibilité d'arriver, chez les patients une perte des priorités tournée vers le jeu "au point que celui-ci passe avant les autres aspects de la vie et les activités quotidiennes" et pour conséquence une "déficience significative" au niveau social, mais là encore la notion "d'addiction aux écrans" n'est pas mentionnée.
Personne ne reconnait vraiment l'addiction aux écrans
La terminologie crée une controverse principalement du fait que le concept d'écrans est jugé trop large. De plus, la communauté scientifique manque encore beaucoup de recul sur la question et aucune étude n'a permis de mettre en avant un quelconque bilan clair de la situation. Une étude menée l'année dernière sur un panel trop restreint (300 personnes) a mis en lumière que seulement 1,7% des sondés pouvaient avoir une forme de dépendance aux écrans, malheureusement il y a une différence entre la réalité de faits et le ressenti des utilisateurs, et sans capacité à mesurer des signes de manque ou des altérations physiques de la dépendance, ces chiffres ont finalement peu de valeur.
Néanmoins, on sait que l'exposition aux écrans peut entrainer des troubles du développement du cerveau avec des altérations dans la motricité des plus jeunes ou des difficultés à développer le langage. On parle plus globalement "d'usage problématique des écrans" et l'ensemble de la communauté scientifique s'accorde à dire qu'il est nécessaire de s'inquiéter du risque des expositions prolongées aux écrans, et de la possibilité du développement d'une dépendance. Car même si la dépendance venait à ne pas être établie, l'exposition aux écrans représente bien des risques sur la santé mentale des usagers.