L'Allemagne rattrape son retard concernant l'aide à l'achat en faveur d'un véhicule électrique ou hybride rechargeable. Promise depuis plusieurs années sans jamais voir le jour, l'aide entre en vigueur à compter du 1er mai prochain. Les acheteurs de ces véhicules recevront un bonus de 4000 euros pour les véhicules électriques et 3000 euros pour les hybrides rechargeables.

Il est à la fois rassurant et inquiétant de voir ces aides se multiplier en Europe. Rassurant parce qu'elles signifient l'engagement du gouvernement à soutenir les constructeurs dans le développement de véhicules électriques et de faciliter ainsi la transition énergétique.

Nissan Leaf 3

Inquiétant parce que l'on imagine que sans ces aides, les acheteurs déjà peu nombreux de ces véhicules électriques ou hybrides seraient réduits à une poignée par année.

Le bonus vient ainsi répondre à une problématique qui ne résout finalement pas grand-chose. Les véhicules électriques sont soit trop chers, soit relativement accessibles, mais peu performants ou endurants. L'effet de levier du prix vise à décider les acheteurs encore rebutés par le prix ou à la recherche d'un second véhicule qui leur donnera le sentiment d'aller dans le bon sens en participant à l'évolution des usages...

Reste que financer des véhicules qui ne seront pas utilisés au jour le jour, restreints à de petits trajets, et qui finalement, de par leur autonomie limitée ne seront pas ceux qui réalisent le plus de kilomètres et polluent le plus sur l'année ne va pas forcément changer les choses d'un point de vue écologique.

tesla S

Ces aides auront un impact très limité sur la démocratisation du véhicule électrique, notons d'ailleurs que le bonus écologique est plus important en France ( 6300 euros pour l'achat d'un véhicule électrique et Super Bonus de 3700 € supplémentaire pour l'échange d'un véhicule diesel de plus de 10 ans) et qu'il n'a pas véritablement permis jusqu'à présent de lancer les ventes de ces véhicules de nouvelle génération.

La problématique se situe sans doute à plusieurs niveaux : d'une part la recherche et le développement des constructeurs ne s'orientent sans doute pas suffisamment vers ces technologies électriques, dont le standard ne s'impose pas de lui-même ( Hybride rechargeable? Électrique ? Pile à combustible ? Quelle technologie de batterie ? de système de charge ?), aucun constructeur (hors Tesla) ne souhaitant investir pour tenter d'imposer un modèle et installer ses propres stations de recharge. D'autre part, en mettant l'impact du lobby pétrolier sur le secteur, il y a celui du lobby des constructeurs lui-même et de toute une filiale : les moteurs thermiques nécessitent plus d'entretien, sont sujets à davantage de pannes que les moteurs électriques... Quid alors de l'évolution des garagistes face à ces nouvelles technologies ?

Si la voiture électrique ne perce pas encore, ou qu'elle n'est pas encore prête à un prix abordable, ce n'est sans doute pas avec une prime de 4 000 ou de 10 000 euros que les acheteurs se décideront. Le peu de modèles disponible et les promesses de longue date jamais remplies par les constructeurs signent-ils pour autant l'échec du véhicule électrique avant même sa lancée ? Non, certainement pas. Pourtant, des blocages nombreux et divers subsistent, tant chez les constructeurs que chez les consommateurs, et il faudra sans doute beaucoup plus de temps que prévu pour que le véhicule électrique devienne la norme.