En charge de la gestion des entrepôts de grande taille du groupe Amazon en France, la société Amazon France Logistique a été sanctionnée fin décembre d'une amende de 32 millions d'euros par la Commission nationale de l'informatique et des libertés (Cnil).
Sur la base de manquements au Règlement général sur la protection des données (RGPD), la Cnil lui reproche la " mise en place d'un système de surveillance de l'activité et des performances des salariés excessivement intrusif ", ainsi qu'une " vidéosurveillance sans information et insuffisamment sécurisée. "
Le montant de l'amende correspond à environ 3 % du chiffre d'affaires réalisé en 2021 par Amazon France Logistique. À la suite de plaintes de salariés, des contrôles de la Cnil avaient eu lieu fin 2019.
Un traitement de données bien trop intrusif
La Cnil souligne la collecte de certaines données via les scanners utilisés par les employés des entrepôts pour le traitement des colis. Trois indicateurs sont jugés illégaux. Une erreur quand un salarié scanne un article trop rapidement (moins de 1,25 seconde), des périodes d'interruption d'un scanner de plus de dix minutes (temps d'inactivité), des périodes d'interruption d'un scanner entre une à dix minutes.
" Sans remettre en cause le besoin d'un suivi précis des manipulations effectuées et de la situation de chaque salarié, pour assurer la qualité du service et la sécurité dans ses entrepôts, le traitement de ces trois indicateurs ne peut reposer sur l'intérêt légitime, car il conduit à une surveillance informatique excessive du salarié au regard de l'objectif poursuivi par la société ", écrit la Cnil.
D'autres griefs portent sur un défaut d'information des salariés et visiteurs extérieurs concernant des systèmes de vidéosurveillance. En outre, l'accès au logiciel de surveillance était régi par un mot de passe insuffisamment robuste et par le biais d'un compte partagé entre plusieurs utilisateurs.
Pas du goût d'Amazon
Amazon se dit en profond désaccord avec les conclusions de la Cnil. " Elles sont factuellement incorrectes et nous nous réservons le droit de faire appel. " Amazon dispose de deux mois pour un recours devant le Conseil d'État.
" L'utilisation de systèmes de gestion d'entrepôt est une pratique courante du secteur. Ils sont nécessaires pour garantir la sécurité, la qualité et l'efficacité des opérations et pour assurer le suivi des stocks et le traitement des colis dans les délais et conformément aux attentes des clients. "
Pour autant, Amazon précise que l'indicateur signalant une erreur quand un salarié scanne un article trop rapidement sera supprimé. Le seuil de déclenchement de l'indicateur de temps d'inactivité sera en outre porté de 10 minutes à 30 minutes.