Le centre spatial de Kourou en Guyane est actuellement en effervescence : les équipes préparent le pas de tir pour le baroud d'honneur d'Ariane 5. Il s'agira du dernier vol pour la fusée européenne, qui fera ensuite place à une période d'incertitude et de dépendance de l'ensemble du programme spatial européen.

C'est le 16 juin que la fusée Ariane 5 s'élancera donc une dernière fois avec à bord de sa coiffe deux satellites militaires Syracuse 4b et Heinrich Hertz. Les deux satellites seront placés sur une orbite géostationnaire et serviront respectivement les armées françaises et allemandes, leur objectif étant d'assurer des communications chiffrées et sécurisées.

Ariane 5 : la fin de 30 années d'expertise

Le vol mettra fin à près de 30 années d'exploitation, la première mission de la fusée ayant eu lieu le 4 juin 1996. Véritable fleuron de l'industrie aérospatiale européenne et fruit d'une collaboration étroite entre plusieurs pays, Ariane 5 ne laisse pourtant dans son sillage aucun successeur.

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Après 117 vols, Ariane 5 a largement démontré sa capacité et sa fiabilité, la fusée étant considérée comme l'un des lanceurs les plus fiables au monde... Malheureusement, elle est également devenue trop chère à construire et les lancements ne sont désormais plus assez compétitifs face aux sociétés spatiales privées comme SpaceX et ses fusées Falcon réutilisables. De fait, Arianespace n'a plus reçu aucune commande depuis janvier 2018 et l'avenir d'Ariane 5 a donc été scellé depuis...

Ariane 6 manque toujours à l'appel

Le programme de développement d'Ariane 6 vise à répondre aux faiblesses d'Ariane 5 avec un lanceur en partie réutilisable, mais également bien plus modulable pour embarquer des charges utiles bien plus lourdes, mais également viser l'espace lointain. Ariane 6 se voudrait moins chère à fabriquer et à lancer : problème, son développement a déjà fait exploser son budget initial depuis le lancement du programme en décembre 2014.

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Avec un vol test repoussé plusieurs fois, l'ESA espère désormais réaliser un vol inaugural en fin d'année 2023, ou au début d'année 2024. Dans l'interval, l'Europe et ses différents programmes spatiaux nécessitant un accès à l'espace sont en standby et se rendent dépendants d'autres pays. C'est ainsi que l'Europe regrettait devoir engager des négociations avec les Américains SpaceX et United Launch Alliance pour placer en orbite plusieurs satellites de la constellation Galileo, le GPS à l'européenne