MàJ : L'ESA annonce qu'à la suite du retrait du portique mobile, un problème mineur sur un système d'acquisition de données a été détecté et résolu. Le décollage d'Ariane 6 est désormais prévu à 21h (heure de Paris) au plus tôt.
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C'est aujourd'hui que l'Europe doit récupérer et garantir un accès autonome à l'espace. Depuis le Port spatial de l'Europe en Guyane française, le nouveau lanceur lourd Ariane 6 doit décoller pour son vol inaugural.
Opéré par l'Agence spatiale européenne (ESA), le décollage est prévu à 20h (heure de Paris), avec une fenêtre de tir jusqu'à minuit. Tous les voyants sont au vert pour ce grand rendez-vous, ce qui comprend les conditions météorologiques.
Dans le cadre d'une mission d'une durée d'environ 3 heures, Ariane 6 fera la démonstration de ses capacités et transporte 17 passagers, pour une charge utile d'une masse d'environ 800 kg. Une dizaine de nanosatellites de type CubeSat (notamment d'universités), deux démonstrations de capsules de rentrée atmosphérique et des expériences sont à bord.
Il s'agit de satellites de météorologie, d'étude du Soleil ou pour des expériences scientifiques. Les deux capsules de rentrée atmosphérique sont en préparation d'un cargo européen pour ravitailler les stations spatiales. À noter que certaines expériences ne seront pas larguées dans l'espace et resteront attachées à l'étage supérieur d'Ariane 6, afin de recueillir des données pendant le vol.
Les trois grosses phases du vol inaugural d'Ariane 6
Le premier vol d'Ariane 6 se fait dans une configuration avec deux boosters. Cette version Ariane 62 a une masse au décollage de jusqu'à 540 tonnes et une poussée de 8 400 kN. Dans l'absolu, elle peut transporter une charge utile maximale de 10,3 tonnes pour l'orbite terrestre basse et 4,5 tonnes pour l'orbite de transfert géostationnaire.
Le Centre national d'études spatiales (Cnes) détaille trois phases avec le vol inaugural d'Ariane 6. Une première phase est le décollage et l'entrée dans l'espace grâce à la poussée de l'étage principal avec moteur Vulcain 2.1 et les boosters P120C, la séparation de l'étage principal et la première poussée du moteur Vinci de l'étage supérieur. Cette poussée placera la fusée sur une orbite elliptique de 300 à 700 km d'altitude.
La deuxième phase est le rallumage du moteur Vinci qui est une grosse innovation d'Ariane 6, pour transformer l'orbite elliptique d'Ariane 6 en une orbite circulaire, puis le déploiement de plusieurs satellites et l'activation d'expériences embarquées.
La troisième phase du vol inaugural d'Ariane 6 est la poussée de l'étage supérieur dans ses retranchements et la validation de sa capacité à fonctionner dans des conditions de micropesanteur. La désorbitation contrôlée de l'étage supérieur se fera au-dessus du Pacifique Sud (le point Nemo est visé pour les débris) et les deux capsules de rentrée atmosphérique se sépareront de l'étage supérieur.
Grosse tension en perspective
L'ESA propose (ci-dessus) la chronologie des événements… si tout se passe comme prévu. L'attente est très grande pour la fusée Ariane 6 à la polyvalence accrue et aux coûts de lancement réduits, d'autant plus avec quatre ans de retard et la retraite d'Ariane 5 depuis l'été dernier.
L'attente est à la hauteur du stress et du carnet de commande déjà bien rempli pour des lancements à effectuer, malgré un couac avec Eumetsat. En ajoutant à cela le fait que le lanceur léger européen Vega-C est cloué au sol depuis l'échec de son premier vol commercial fin 2022.
Rappelons que le vol inaugural d'Ariane 5 en juin 1996 avait été un échec. Tout au long de sa durée de vie et pour ses 117 tirs, Ariane 5 a connu au final 2 échecs et 3 échecs partiels, pour un taux de fiabilité de 97 %, toutes versions confondues.
N.B. : Source images : ESA.